Il fut un temps, pas si lointain, où la propagande électorale affichait clairement la couleur du parti. La croix de Lorraine du RPR, la faucille et le marteau des communistes, la rose au poing des socialistes étaient alors fièrement brandis. Cette époque paraît clairement révolue, tel qu’en témoignent les tracts relatifs aux prochaines élections départementales.

Un seul exemple ? Le canton de Rambouillet, dans les Yvelines, dans lequel quatre listes briguent les suffrages. Deux sont clairement identifiables : celles d’EELV et du RN. Là, on sait où l’on va, que ce soit en termes d’appartenance politique ou de programme.

Pour la liste écologiste, il s’agit donc de donner « la priorité à la santé et aux solidarités », « d’engager la transition écologique des Yvelines » et de « soutenir l’activité de proximité ». C’est vague, mais c’est vert. Pour son équivalent lepéniste, c’est tout de même un brin plus clair : « Préservation de notre environnement et refus des éoliennes », refus de « l’accueil des migrants et leur prise en charge par le département » et « une protection sociale au service des Français plutôt que de financer les mineurs isolés étrangers ou d’aider au logement des clandestins ».

En revanche, plus étranges sont les deux autres listes, dont on ne sait pas très bien qui est qui, de LREM ou des LR, ou des deux à la fois. Surtout à lire leurs professions de foi interchangeables.

D’un côté, on en appelle à un « département plus écologique, plus protecteur, solidaire et innovant » ; ce qui ne signifie pas grand-chose et n’engage finalement à rien. De l’autre, c’est tout aussi stratosphérique, les priorités consistant au « 100 % qualité dans les assiettes des collégiens » et au développement de « maisons du vélo implantées à proximité des gares » et la « création d’un budget spécifique de 25 euros par habitant par an pour le développement de la pratique du vélo ». À croire que c’est dans la tête qu’ils l’ont, le petit vélo…

On remarquera encore que ces deux listes, l’une à peu près LR et UDI et l’autre vaguement LREM, utilisent à quelques mots près le verbiage des Verts ; ce qui en dit long sur l’étiolement de la parole politique. On imagine que ce sont les mêmes qui s’étonnent de l’abstention de masse, tout en s’inquiétant de la lente et inexorable progression du Rassemblement national dans les urnes et les esprits. Mais il est vrai qu’eux, au moins, font de la politique. Si, si, vous savez, la politique, ce concept bizarre qui avait jadis cours en France, avant que nous ne soyons dirigés par des experts autoproclamés et des communicants autistes.

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28 mai 2021 à 15:00

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