[EDITO] La grande vacance d’Emmanuel Macron

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Traditionnellement, passé le 14 juillet, la France institutionnelle commence à prendre ses quartiers d’été. Les militaires qui ont défilé sur les Champs-Élysées ont rejoint leurs garnisons et, l’armement réintégré, profitent peut-être déjà de permissions bien méritées. Les nouveaux décorés de la Légion d’honneur n’en reviennent toujours pas, devant leur glace, de ce qui leur est arrivé. Et, au fort de Brégançon, on doit s’affairer entre vérification du pH de la piscine et contrôle des serviettes-éponges dans les salles de bains. À croire qu’il n’y a plus que le Tour de France qui pédale pour faire tourner le pays. Ce qui, bien évidemment, n’est qu’une vue de l’esprit. Police, gendarmerie, pompiers, hôpitaux et bien d’autres corps de métier sont heureusement toujours sur le pont.

Il en est un, en revanche, qui semble comme absent : Emmanuel Macron. Certes, c’est bien lui qui a présidé en majesté les cérémonies de la fête nationale. À bien y réfléchir, d'ailleurs, cette parade impeccable et bien rodée avait quelque chose de surréaliste. Une cérémonie militaire n’est jamais qu’un simulacre guerrier pour s’impressionner et impressionner l’ennemi potentiel. De là à impressionner l’ennemi de l’intérieur qui a mis à feu et à sang le pays, il y a à peine deux semaines, ça, c’est une autre histoire. On voudrait être dans la tête du Premier ministre indien, invité d’honneur de la République française. Que pouvait-il se dire ? « Cette république veut nous en mettre plein la vue mais elle vient de connaître des émeutes d’une rare violence qui ne demandent sans doute qu’à recommencer. Emmanuel Macron croit-il que, dans notre pays, nous n’avons pas la télé et des chaînes d’information en continu ? » Enfin, quelque chose comme ça.

Quelque chose de surréaliste, en effet. On continue à dérouler les rites comme si de rien n’était, au prix d’une mobilisation sans pareille des forces de l’ordre. Mais pourvu que le champagne soit servi bien frais et que les talons de 10 ne se coincent pas dans une taupinière du parc présidentiel… Et avec cela, un chef de l’État mutique. Certes, il n’y a rien d’obligatoire à ce que le président de la République donne une interview, le 14 juillet. De mémoire, la coutume remonte à Valéry Giscard d’Estaing et elle s’était plutôt bien installée dans les habitudes des Français, un peu comme la pizza du samedi soir ou le film du dimanche. Certes, justement, Emmanuel Macron n’aime pas se plier aux habitudes – la démonstration qu’il n’appartient pas à sa charge mais qu’il se l’est appropriée – mais, en même temps, il se plaît tant à rappeler qu’il s’inscrit à la suite des grands hommes qui l’ont précédé à l’Élysée. 2017, 2018, 2019 : pas d’interview. 2020, en pleine crise du Covid, il consent à donner une interview. 2021 : pas d’interview mais une allocution… le 12 juillet. 2022, quelques semaines après sa réélection et l’entrée au palais Bourbon d’une Assemblée qui ne sera plus aux ordres, Emmanuel Macron se plie à l’exercice de l’interview. Souvenez-vous : c’était pour nous parler de sobriété… Et donc, cette année, rien.

Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui manquaient. Tout d’abord, le bilan de ces fameux cent jours d'apaisement. À quelques jours près, on y était. Et puis, il aurait pu parler aux Français de la guerre en Ukraine. C’était l'occasion, après un défilé militaire. Il aurait pu donner les explications de ces nouvelles livraisons de matériel à l’Ukraine, explications qui n’ont pas été données au Parlement. Enfin et surtout, il aurait pu s’exprimer sur les émeutes. Mais non. Rien. Nada. Mais peut-être qu’il n’a plus rien à dire. Conscient de sa vacuité ? Déjà en vacances, pire, en vacance ? En attendant, que les lecteurs se rassurent, BV n'est pas en vacances...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Macron n’a pas besoin du peuple, il gouverne seul, il parade seul, il décide seul des guerres, des alliances des traités…Pourquoi daignerait-il nous parler?

  2. Et pourtant certains auront voté quatre fois pour cette caricature de président voulant jouer au chef de guerre. Quel est son bilan? Nul. Il aura détruit notre pays aidé en cela de ses ministres, j’allais dire ses sbires. Comment a t on pu élir et réélire pareil fantoche dont la seule compétence est d’endormir les foules. La vraie question à ce jour ,puisqu’il ne partira pas de lui même, comment le faire partir? Un Référendum ..
    Brûler des cierges ne suffira pas, si l’on en croit le falot de service qui pense en avoir fini avec les incendiaires…

    • Je ne vois que la prière chaque soir, ça peut marcher en insistant et en gardant la foi. Car si nous attendons que quelqu’un ou un groupe est les cou…. de demander sa « démission » on peut attendre longtemps.

  3. J’appelle cette attitude, jouer au président, se donner des airs d’intelligence, de tout savoir et d’expliquer aux gens comment ils s’appellent.
    C’est vraiment un cas de psychiatrie.

  4. Macron utilise brillemment la communication. Il ne fait que ça. Il prend des postures. Souvent à l’exact inverse de son action et de celle de son gouvernement. Les Ministres aussi. Pap N’diaye occupe un Ministère sensé enseigner les fondamentaux de l’instruction, il n’y voit en réalité qu’une opportunité d’enseigner les thèses wokes du racialisme et des thèmes de la propagande LGBT. Darmanin affiche une satisfaction constante alors que la situation sécuritaire du pays est très inquiétante. Lemaire se réjouit de nos résultats économiques dans un pays surendettés comme jamais. Etc, etc.

  5. Et s’il avait enfin compris que plus personne ne l’écoute tant ses propos sont vides et contradictoires. S’il pouvait seulement comprendre que sa démission est la seule bonne chose qui pourrait redonner confiance au peuple de France.

  6. On s’en fout de son interview, qu’il parle ou non, c’est pareil de toute façon! Mais tout de même, on constate qu’il a la conscience tranquille le gamin pour oser prendre des vacances alors que le bilan des émeutes est catastrophique et que la France est brisée. Il part alors qu’il n’a rien entrepris pour que ça ne se renouvelle pas, pourtant les solutions ne manquent pas. En revanche, ce qu’il nous manque c’est un véritable GOUVERNEMENT.

  7. Il est de plus en plus difficile de comprendre comment cet homme a pu être élu, et surtout réélu ! Non seulement incompétent, mais dangereux par sa façon de jouer à la géguerre qui pourrait nous valoir un vrai conflit avec la Russie ! D’autant plus qu’il n’a pas besoin de bombes pour détruire notre pays !

    • C ‘est ahurissant qu’il décide , tout seul , de la politique à mener dans la guerre russo-ukrainienne …la France n ‘aurait jamais dû s ‘impliquer dans cette guerre manipulée par les Américains au prix de notre vieille alliance franco-russe….la Russie gagnera et nous le paierons cher !!

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