Économie spatiale : la Chine investit Djibouti, ancien territoire français…

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Alors qu’Emmanuel Macron reçoit une cinquantaine de chefs d’État à Paris, ces 22 et 23 juin, pour un sommet où il est prévu de « répondre aux besoins des pays en développement en matière de lutte contre la pauvreté et d’adaptation au réchauffement climatique », la Chine continue de pousser ses pions en Afrique, tandis que la France regarde ailleurs.

En effet, le seul intitulé de ce sommet, censé « réinventer les relations Nord-Sud », en dit beaucoup sur l’aveuglement occidental ; comme si les pays du Nord (Europe et USA) étaient seuls habilités à parler du Sud. Alors que ceux de l’Est, Russie et Chine au premier chef, sont désormais devenus des acteurs majeurs en Afrique noire.

Il est vrai que ces deux nouvelles grandes puissances se montrent souvent plus accommodantes avec ses interlocuteurs, au contraire d’une Maison-Blanche n’entendant pas remettre en cause son hégémonie sur les instances internationales. Ce que confirme Le Monde du 22 juin : « La secrétaire américaine du Trésor, Janet Yellen, est annoncée, bien que les États-Unis refusent de parler d’une réforme de grande ampleur des institutions financières internationales, Banque mondiale et Fonds monétaire international en tête, dont les pays émergents contestent la gouvernance dominée par les Occidentaux. »

Une tutelle d’autant plus insupportable qu’elle s’accompagne en permanence de leçons de « bonne gouvernance » et de bons ou de mauvais points décernés en matière de « droits de l’homme ». Russes et Chinois, eux, sont autrement plus pragmatiques, se contentant de relations commerciales menées d’égal à égal. Méthode d’autant plus aisée à mettre en œuvre qu’entre ces deux nations et celles de l’Afrique subsaharienne, il n’y a pas d’affect, que ce soit en matière de colonisation passée ou de pression migratoire à venir.

Résultat ? Les Russes chassent nos soldats du Mali pour y installer leurs milices privées, tandis que les Chinois s’installent à Djibouti, ancienne possession française. Ainsi, révèle le magazine Jeune Afrique, « le 9 janvier 2023, la société chinoise Hong Kong Aerospace Technology Group, le gouvernement de la République de Djibouti et le Touchroad International Holding Group [autre société chinoise, NDLR] ont signé un "protocole d’accord" tripartite pour la construction d’un port spatial commercial international dans la région d’Obock, en République de Djibouti. »

Comme toujours, les Chinois voient grand : « Il est prévu d’investir un milliard de dollars dans ce projet afin d’aménager une superficie d’au moins 10 kilomètres carrés en y construisant sept stations de lancement de satellites et trois bancs d’essai de fusée. Les travaux devraient prendre au moins cinq ans. »

Mieux, ils voient loin : « Alors que la science et la technologie continuent d’évoluer, la valeur de "l’économie spatiale" du continent africain ne cesse d’augmenter, avec 19,49 milliards de dollars en 2021, un chiffre qui devrait augmenter de 16,16 % pour atteindre 22,64 milliards de dollars d’ici 2026, selon le rapport Space in Africa 2022. »

Et, histoire de faciliter la manœuvre, Pékin prévoit encore de construire une autoroute et un port maritime. Comme on s’en doute, ces projets pharaoniques participent de la résurrection de l’antique « route de la soie » ayant permis à la Chine, à la fin du XIXe siècle, d’alors disputer le leadership économique mondial à la puissante Angleterre.

Une telle vision à long terme, une telle continuité politique, malgré les changements de régime, ont de quoi donner à réfléchir. Surtout en France. Là-bas, on s’appuie sur le passé pour mieux anticiper l’avenir. Ici, on crache sur le premier, pensant réinventer le second à chaque nouveau caprice sociétal, le plus souvent importé d’Amérique. Mieux : si le gouvernement chinois a souvent tendance à persécuter les ennemis de la nation, son homologue français préfère, lui, généralement les choyer tout en traquant les patriotes. D’un côté, c’est parfois brutal ; mais de l’autre, c’est parfaitement idiot.

À défaut d’être pour nous un exemple, la Chine pourrait au moins être une inspiration.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Il aurait été intéressant, voire indispensable de lister les 50 Chefs d’Etats à Paris. S’ils sont des anciennes colonies, je ne comprends comment ils peuvent encore venir à Paris, puisque Macron a accusé la France de crime de guerre, contre l’Humanité…et que donc la France est passible du Tribunal international…De plus, la France est le pays le plus endetté, avec un taux d’imposition des plus important qui engraisse Black Rock U S…Par ailleurs, le plus important et le plus d’Imposture suprême, il parait que la France ne peut rien décider sans l’U.E. de Bruxelles, sans Mme Van Der Leyen, que Macron amène en Chine….Comment se fait il que cette Réunion avec ces 50 Chefs d’Etats ne se fasse pas avec Tous les Chefs d’Etats de l’U.E., et le Président de l’U.E. ? ! C’est bien que quand la France prend des libertés Elle le peut…Faisons le pour Schengen limité d’abord, puis le C E T H ensuite….

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