« Donnez-moi mille hommes » : une leçon d’espérance signée Philippe de Villiers

PHILIPPE DE VILLIERS

« En raison du contexte » : ces quelques mots ont fait de notre vie un enfer, ces dernières années. Des contextes, il y en a pour tout, des pénuries de moutarde à l’obligation du port du masque, des grèves de RER aux « incivilités », vocable pudique du francocide à grande échelle voulu par des hôtes qui nous haïssent. Bref, on a bien compris que le monde dans lequel nous vivions nous laissait assez peu de chances d’espérer. On a beau savoir, avec Bernanos, que « la plus haute forme d’espérance est le désespoir surmonté », il faut bien reconnaître, en ce mois novembre qui, malgré le « contexte » (climatique cette fois), tient ses promesses de grisaille, que la pluie se marie assez bien avec le regard désabusé et inquiet que nous jetons sur l’atroce guerre entre Israël et la Palestine. C’est le dernier « contexte » à la mode - celui qui explique et essaie même de justifier (jusque sur le service public) les pogroms, les viols, les bébés cuits au four et, jusque chez nous, les étoiles de David dessinées sur les murs des logements juifs, comme naguère les « noun » peints par Daech sur les maisons des chrétiens du Levant.

Nos adversaires, eux, ont bien compris de quoi il était question. Philippe de Villiers le rappelait, le 27 octobre, dans son émission sur CNews. Il convenait du fait que, si rien ne se produisait en France, la bataille civilisationnelle était perdue. L’homme politique français n’a jamais cessé de le répéter : quand Jeanne d’Arc dit que « les soldats batailleront et Dieu donnera la victoire », cela veut bien dire qu’il n’y aura pas de victoire si les soldats ne livrent pas bataille. Si la léthargie du peuple se poursuit, la France continuera de chuter jusqu’à devenir ce pays sale, anomique et dangereux qu’elle est déjà en de nombreux endroits.

En revanche, il y a bien, selon Villiers et selon bien d’autres hommes et femmes de bonne volonté dans notre camp, une providence française. Si nous avions été français en 1427, nous aurions probablement constaté qu’à vue humaine, la France allait devenir anglaise. Il y aurait eu des colporteurs, ces ancêtres des journalistes de gauche, dont ils ont hérité le goût pour la rumeur et le pouvoir sur les âmes simples, pour dire que les Anglais n’étaient pas si méchants et que, d’ailleurs, ils étaient déjà là et qu’on ne pouvait rien y faire. Si France Télévisions avait existé, elle aurait immédiatement diffusé des fictions anglophiles, faisant la part belle aux couples mixtes, aux fish & chips festifs et à un vivre ensemble fantasmé. Et pourtant, deux ans plus tard, Jeanne d’Arc reprenait Orléans, boutait les Anglais hors du pays et faisait sacrer Charles VII. En 1914, au bord de l’abîme, des militaires allemands, sur la route de Paris, attestèrent par milliers qu’ils avaient vu la Sainte Vierge leur barrer la route dans le ciel, les bras en croix, et qu’ils avaient été incapables d’avancer. La France est le pays qui se réveille à minuit moins le quart, avec la grâce de Dieu. Jusqu’à ce que nous voyions de nos yeux notre pays courir à sa perte, nous refusons d’y croire. 2023 est comme 1914 qui fut comme 1427. Nous ne voulons jamais nous dire que la France est un miracle fragile, et pourtant…

Philippe de Villiers a dit, ce 27 octobre, quelque chose de très vrai, qu’il a, faisant feu de tout bois, emprunté à Lénine : « Donnez-moi mille hommes ! » L'écrivain Dominique Venner ne disait pas autre chose, dans Pour une critique positive, paru juste après l’échec du putsch en Algérie : contre les droitards mythomanes, stériles et romantiques, il préconisait de s’en remettre à une minorité d’ascètes fanatiques, soudés par un idéal exigeant. Les minorités agissantes font l’Histoire, comme les hommes d’exception. « Ça, conclut Villiers, j’y crois dur comme fer. » « Il y a une minorité de Français, de vrais réfractaires, qui ne se laissera pas faire. » Plutôt que de nous laisser gagner par l’esprit des catacombes, maladie qui fait tomber la droite du côté où elle penche (celui de la nostalgie), soyons cette minorité fière et combative, qui ne s’excuse de rien, qui aime la France et qui la défendra, fût-ce au prix de sa propre vie, contre les forces du Mal - quel que soit le masque momentané que leur patron leur fasse porter : communisme, gauchisme, wokisme, islamisme, peu importe.

Bonne fête de la Toussaint aux lecteurs de BV ! Que l’automne 2023 soit celui des futurs saints, et non des futurs défunts (y compris de leur vivant)! C’est tout ce qu’il faut à la France, qui n’est grande que lorsqu’on l’aime.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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