Madame la préfète du Puy-de-Dôme en est toute retournée. Son mari, en cachette, essaimait régulièrement des messages politiquement incorrects sur Twitter. Un vrai Petit Poucet de la fachosphère. Un festival de nauséabonderies qu'on n'ose à peine relire.

Sans tarder, le quotidien local La Montagne porte l'affaire devant les yeux innocents de ses lecteurs. Madame la préfète atterrée. Humiliée. Pire que trompée. Une maîtresse dans le placard, passe encore, mais là... « Ciel, ma femme ! » Pas le temps de refermer les portes et voilà l'infortunée qui découvre Éric Zemmour caché dans la penderie. Le sommet de l'insoutenable est atteint. Les tweets ne laissent aucune ambiguïté sur les affinités de pensée entre les deux hommes. La trahison est consommée. Lisez plutôt, Monsieur le commissaire : « L'islamisme est dans nos cités en Seine-Saint-Denis et ailleurs dans le pays. Qu'attendons-nous pour passer le Kärcher ? »

En tant qu'époux d'énarque macronienne, et selon le code de déontologie en vigueur, monsieur ne devrait-il pas écrire : « L'Auvergne manque d'islamistes, qu'attend-on pour nous en envoyer et ainsi égayer la région ? »

D'après La Montagne, le tweet en question (et les autres) révèle une position anti-immigration. L'immigration consisterait donc, si l'on en croit le sens de l'article, à accueillir des islamistes. Les Auvergnats apprécieront.

Et puis il y eut cette autre pensée diabolique, un soir de victoire de l'équipe algérienne de foot avec ses traditionnelles scènes de liesse dans les rues : « Hier l'Algérie française, aujourd'hui c'est la France algérienne. » Pas bien.

L'homme persiste dans la cruauté lorsque des migrants sans papiers font irruption dans la basilique de Saint-Denis. Le message est terrible : « Ces personnes n'ont strictement rien à faire dans l'édifice. » Les lecteurs de La Montagne sont sous le choc.

Dans cet océan de tweets épouvantables, l'un d'entre eux dépasse toutefois réellement les bornes de la route menant de Clermont-Ferrand à Boboland. En réaction d'un texte d'Éric Zemmour à propos de la bêtise de la droite française, Christophe Clerc, ci-devant mari intrépide de la préfète, écrit : « Une bande de guignols. » Jusque-là, tout va bien. « Je ne suis pas loin de claquer la porte ». Bonne idée. Et la chute quelque peu excessive : « Les traîtres devraient être passés par le peloton d'exécution. » Une envie de fusillade au sein de la droite qui ne parvient pas à atténuer la souffrance de madame. « Je ne découvre pas qu'il est de droite, mais je ne partage pas du tout ses positions. Sur le fond, les tweets que vous me lisez me révulsent. » On n'en espérait pas moins.

L'histoire ne dit pas comment ces tweets sont parvenus devant le regard affolé de madame Baudouin-Clerc. Un corbeau ? Une lettre anonyme ? Une voix rauque au téléphone ? Lorsqu'elle dit « Les tweets que VOUS me lisez », de qui parle-t-elle ? L'enquête pourrait être confiée à la gendarmerie de Lépanges-sur-Vologne.

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08 décembre 2019 à 16:25

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