Discours inaugural de Trump : plus reaganien que Ronald Reagan !

Tous deux portent un libéralisme de droite parfaitement décomplexé, mais le contexte est différent.
Capture d'écran
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Le 20 janvier 1981, quatre mois avant de propulser le socialiste François Mitterrand à l’Élysée, les Français assistent, devant leurs téléviseurs, au premier discours d’investiture d’un certain Ronald Reagan, intronisé président des États-Unis d’Amérique. Le parallèle avec Trump est loin d’être fantaisiste.

Les deux hommes sont les cauchemars de l’opposition de gauche, tous deux portent un libéralisme de droite parfaitement décomplexé, tous deux entendent défendre d’abord leur pays, avec un bon sens massif et un retour aux valeurs qui ont fait la puissance de la nation.

Mais le contexte est différent. L’Amérique de Jimmy Carter ressemble davantage à la France d’aujourd’hui qu’à l’Amérique laissée par Biden. « Ceux qui travaillent sont privés d’une juste rémunération de leur travail par un système fiscal qui pénalise les réalisations réussies et nous empêche de maintenir une pleine productivité », expliquait Reagan, dans son discours d’intronisation. L’économie des États-Unis transmise par Biden à Trump est bien meilleure que l’économie française après sept années de Macron.

Reagan ne prononce pas un mot sur... l’immigration

Comme le ferait un candidat conservateur en France, Reagan s’attaquait d’abord aux impôts : « Aussi lourde que soit notre charge fiscale, elle n’a pas suivi le rythme des dépenses publiques. […] Continuer cette longue tendance, c’est garantir d’énormes bouleversements sociaux, culturels, politiques et économiques. » Reagan avait des accents, sinon de gauche, au moins de préoccupation des classes moyennes et pauvres : « Les industries inactives ont jeté les travailleurs au chômage, dans la misère humaine et l’indignation personnelle. » Cette thématique est moins nette chez Trump. Surtout, Reagan, dans son discours inaugural, ne prononce pas un mot sur... l’immigration, devenue le thème central de Trump. « Le gouvernement a trop peu protégé nos frontières », lâche Trump, qui précise : « Tous les clandestins seront refoulés. La frontière sud va mettre fin à l’invasion terrible de notre pays. » Il veut éliminer « tous les criminels étrangers qui dévastent l’Amérique ». Quarante ans après Reagan, on mesure le chemin parcouru lorsqu’on entend Trump annoncer qu’il veut « restaurer les droits de douane et la liberté d’expression », lutter contre l'immigration massive (dans un pays qui, historiquement, ne vit que d'immigration) ou restaurer l’idée qu’il n’y a que deux sexes.

Mais on retrouve les points communs entre les deux présidents républicains lorsqu’ils s’attaquent à ce que Trump appelle « l’État profond », ces fonctionnaires qui s’attendent à la plus forte secousse de leur carrière, dans les semaines qui viennent. Avec son style dénué de circonvolutions, Trump stigmatise « l’establishment corrompu qui a confisqué les pouvoirs du peuple ». Comme lui, Reagan n’y allait pas par quatre chemins, usant de mots que, là encore, on aimerait entendre à Paris. « Dans la crise actuelle, le gouvernement n’est pas la solution à notre problème ; c’est le gouvernement qui est le problème, attaquait Reagan. J'ai l'intention de limiter la taille et l'influence de l'establishment fédéral et d'exiger la reconnaissance de la distinction entre les pouvoirs accordés au gouvernement fédéral et ceux réservés aux États ou au peuple. »

Pacifisme et patriotisme

Côté diplomatie, on retrouve la même volonté de paix chez les deux hommes. Trump a insisté, dans son discours prononcé, comme d’habitude, sans notes, sur sa volonté d’« œuvrer pour la paix ». Reagan insistait longuement sur ce point à la Maison-Blanche, en 1981 : « Nous renforcerons nos liens historiques avec nos voisins et nos alliés qui partagent notre liberté et les assurerons de notre soutien et de notre ferme engagement. Nous ferons preuve de loyauté envers eux. »

Évidemment, enfin, les accents patriotiques réunissent, sur plus de quarante ans de distance, l’ancien acteur de cinéma et l’actuel promoteur immobilier, chargés tous les deux de conduire le destin des États-Unis d’Amérique. Trump le dit dès le début de son discours d’intronisation : il veut créer « une nation fière, prospère et libre ». Reagan ne disait pas autre chose : la crise, disait-il, « exige cependant de nous tous nos efforts et notre volonté de croire en nous-mêmes et de croire en notre capacité à accomplir de grandes choses, de croire qu’avec l’aide de Dieu, nous pouvons et allons résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. Et après tout, pourquoi ne devrions-nous pas y croire ? Nous sommes Américains. » Comme un écho des mots de Trump : « Mes chers compatriotes, l’âge d’or de l’Amérique commence maintenant. »

L’Amérique n’a jamais été aussi loin de la France.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Quand on compare nos politiciens impuissants et incapables de formuler le moindre objectif à la prestation pleine d’allant, d’allure.et d’espoir de Trump, on comprend que l’UE n’est qu’un leurre qui nous aura asservis et rendus mentalement déficients.

  2. Une cérémonie digne de celle des « Oscars » avec en moins toute l’aréopage du show-business , et aussi à noter pas une grande représentation de la diversité ethnique américaine (je précise sous le Dôme du Capitole) , et pour finir avec les quelques 200 millions de dollars pour cette occasion, de quoi subvenir à nombre d’américains en détresse; mais ainsi va le monde l’opulence face à la misère.

    • Je me suis demandé en regardant l’investiture de Donald Trump, qui pourrait être un Trump français ! Mais je crois que j’ai rêvé ! Avec le régime de Macron, de Von der Leyen à Bruxelles et du Forum de Davos en ce moment, nous sommes verrouillés ! Pas d’espoir que notre cher pays se libère de ces puissances occultes mais pas moins sévères! Nous sommes condamnés à disparaître ! Demandons à Trump de nous envoyer un sosie !

  3. Oui excellent discours mais contrairement à ce que vous écrivez « Trump a insisté dans son discours prononcé comme d’habitude sans notes » il lisait sur 2 prompteurs. Par contre ensuite dans la grande salle il a parlé sans notes.

  4. Le programme Trump :

    – sécuriser la frontière sud
– rétablir l’interdiction de voyager pour les ressortissants de certains pays à majorité musulmane
    .
– procéder à des opérations de remigration.
    
– ne plus accueillir de réfugiés à l’exception des chrétiens persécutés.
    
– mettre fin à l’automaticité du droit du sol
    .
On peut souhaiter un tel programme en France , mais c’est impossible , le président Français a des pouvoirs limités suite aux transferts de souveraineté à l’UE.

    • Si, c’est possible ! La France est un des piliers de l’Europe et si elle impose sa direction pour elle-même, personne ne pourrait s’y opposer. Mais ce n’est pas avec les pieds nickelés qui nous dirigent et qui ont peur de leur ombre qu’on peut y arriver !

    • L’UE en a t elle encore pour longtemps ? La Grande Bretagne s’est barrée, les peuples d’Europe commencent partout à se réveiller. L’Allemagne est sur un point de bascule. Seules l’Espagne et la France donnent momentanément l’apparence de tenir, mais la grande bascule arrive. Seule inconnue, la date exacte.

  5. Avec l’UE dans l’Otan, la domination publicitaire et culturelle, la France n’est qu’un terminal US. L’étalement de ses 7 flottes US, les 800 bases militaires déclarées, (dont les prochaines en Équateur et en Roumanie) ne peuvent faire oublier que l’on se trouve face au calvinisme intégriste américain, « Colt » et Bible en main… La Paix d’un monde où cet État qui veut s’agrandir ne respecte plus la Charte de l’Atlantique, impose son droit et son dollar-papier, et désignent sans cesse des « ennemis », reste menacée. La France devrait aussi se rappeler 1942-1944 … à Alger puis en métropole. Arrêtons de rêver…

    • La France n’a que ce qu’elle mérite.
      Trump œuvre, avant tout, pour les Américains.
      Chez nous, c’est l’Europe, l’Europe, l’Europe.
      Cherchez l’erreur.

    • Complètement d’accord. Je refuse de me réjouir d’un pseudo changement de cap américain. Ce pays,dont l’UE est le 51 ème état, comme le rappelait si justement Philippe de Villiers, ne fait qu’apporter guerres et divisions dans l’unique but de servir ses intérêts ! Et n’oublions pas que leur Capitole est un temple franc-maçon.

      • Faut-il croire alors que vous vous seriez réjoui de l’élection de Kamala Harris ? Dans tous les cas nous sommes d’accord. Les US restent les US : de vrais-faux-amis. Mais Trump montrent des voies dont nous pourrions utilement nous inspirer quand celles des démocrates nous feraient glisser illico en mélenchonie. Consolons nous (un peu). Ce qui se passe aux US finira bien par arriver chez nous : la gauche dans les choux, l’immigration stoppée, 2 sexes et pas un de plus, et basta le racket fiscal.

  6. Si seulement nous pouvions avoir un Trump en France. Il a une présence, il prend tout l’espace, quel charisme, quelle énergie, son discours, clair, net sans phrases ampoulées comme on en a l’habitude en France fait qu’on l’écoute jusqu’au bout sans lassitude. Quand on compare les discours de bayrou (voir de macron) et de TRUMP on ressent une grande honte. J’ai beau chercher, je ne vois pas dans la sphère politique actuelle française qui pourrait être à son niveau. Seul Z pour ses idées, ses convictions pourrait rivaliser un peu mais il n’aura jamais une telle présence. Le Pen avait cette présence et cette énergie. La rapidité de Trump a signé des décrets m’a épaté. Ce ne sont pas que de vagues promesses auxquelles nous étions habitués avec macron et ses gouvernements mais du concret. Trump dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Maintenant à nous de trouver un TRUMP, mais je crois que ce sera difficile, voir impossible.

  7. « Restaurer l’idée qu’il n’y a que deux sexes » (sic) mais c’est l’évidence même, quant à l’immigration, il est aussi évident que nous préférions une immigration choisie et non subie.
    Quant à l’Europe ce sera son éclatement due par une immigration non contrôlée, massive et concernant la France il ne lui restera plus que le nom et nos yeux pour pleurer pour avoir voté pour des hommes politiques incompétents, une bande d’incapables, des traitres, des opportunistes etc…

  8. Les politiciens invétérés qui s’accrochent comme des sangsues au contribuable, ceux-là peuvent aller se rhabiller. Il leur manque l’essentiel, un patriotisme à toute épreuve, le souci de l’autre.
    NB – 1ère ligne de l’article : 25 ans ou 44 ?

  9. Malgré quelques provocations(Panama) ce fut un grand discours:sans note..a la fois précis, et visionnaire. Il a réglé le sort des elites improductif et corrompues pour redonner au peuple son rôle et son pouvoir. Il a rehabilite le bon sens apres les annees woke. Que fera t il vraiment? En attendant il a ringardise définitivement les discours de nos young leaders. C est toute notre gouvernance qui doit et va être jetée au panier.

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