La présidentielle, qui prend heureusement bientôt fin, a l’art de grossir et de caricaturer des comportements peu éthiques, mais pas forcément illégaux. Loin du tumulte de la campagne, le personnel politique est laissé libre de faire ce qu’il veut, comme de passer d’un ministère à la direction d’une entreprise censée être régulée par ce même ministère. Un pas franchi par Aurélien Pérol, qui travaille désormais à polir l’image du géant américain Airbnb.

La politique est un monde sans scrupules. Tout y est permis, du moment qu’on ne se fait pas rattraper par la patrouille. Les chartes et règles se sont multipliées ces dernières années, mais n’ont que pour objectif de rassurer le citoyen qui croit encore que le personnel politique peut être influencé par la morale et l’éthique. Deux mots qui semblent être absents du vocabulaire d’Aurélien Pérol, conseiller en communication d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargé de l’Industrie, du Numérique et de l’Innovation. Ex-conseiller, devrait-on dire, Aurélien Pérol a en effet déployé ses ailes et vient d’atterrir à la direction d’Airbnb.

Pas complètement aveugles, les conseillers ministériels ont compris que le socialisme avait du plomb dans l’aile et qu’il était temps de voguer vers de nouveaux horizons. Pour Aurélien Pérol, l’horizon s’appelle Airbnb. Il a donc pris les rênes de la communication de l’entreprise en France avec, comme objectif, d’éviter que les histoires sordides qui s’accumulent sur Airbnb ne lui éclatent au visage. Biens loués sur la plate-forme en toute illégalité, appartements dévastés ou transformés en salles de shoot ou en hôtels de passe. Airbnb fait tout pour limiter l’impact médiatique de ces affaires qui mettent en relief les dangers et les limites de ce système « collaboratif ».

Aurélien Pérol, l’infiltré ?

Mais Aurélien Pérol est bien plus qu’un simple communicant. Il a fait ses armes dans le ministère chargé de réguler les plates-formes comme Airbnb. Il connaît les arcanes du pouvoir, son carnet d’adresses bien fourni sera sans nul doute utilisé par la plate-forme pour faire prospérer son business malgré les effets néfastes pour les populations. Exemple symptomatique : rien qu’à Paris, 13.000 habitants ont dû quitter la capitale depuis 2012 en raison de la hausse des loyers. Une hausse qui s’explique par l’omniprésence d’Airbnb qui prive les Parisiens de logements.

Face à ce recrutement à l’éthique plus que douteuse, l’Association pour un hébergement et un tourisme professionnels (AhTop) a lancé une pétition pour demander la démission d’Aurélien Pérol et la fin des « petits arrangements entre amis ». Une réaction salutaire au moment où un projet de loi qui vise à « instaurer une certaine équité entre la plate-forme et les acteurs historiques, notamment sur le plan fiscal » a été déposé au Sénat. Projet de loi qu’Aurélien Pérol aura sûrement à cœur de faire avorter…

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12 avril 2017 à 15:30

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