Défense européenne : l’Union européenne continue à bafouer la souveraineté des peuples

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Alors que la Commission von der Leyen n’est pas encore mise en place, les projets communs de défense, au sein de l'Union européenne, viennent de connaître un emballement des plus soudains, rendu particulièrement visible avec la courte participation de l’éphémère ministre des Armées français Sylvie Goulard à la course au siège de commissaire.

La défense, dans le cadre des traités européens, à l'égal de la politique étrangère, procède normalement de décisions prises à l'unanimité par les États membres. Il s’agit du cœur même de la souveraineté des États, dernier élément tangible après l’abandon de la souveraineté monétaire.

Il est crucial qu’elle échappe à la logique fédéraliste marquée par la majorité qualifiée.

Cependant, l'Union européenne vient de se doter d'un certain nombre d'outils qui visent à contourner, pour cette question essentielle, la règle de l'unanimité et donc de l'indispensable souveraineté des États.

Trente-quatre projets ont été mis en place, dans le but de rapprocher les politiques de défense des 25 États participants par le biais de la Coopération structurée permanente (CSP ou PESCO, selon son acronyme anglo-saxon*).

Les plus raisonnables des États de l’Union, les Danois, et surtout les Britanniques, se sont bien gardés d'y participer.

Il est encore plus étrange que la Coopération structurée permanente entende agir en étroite collaboration avec l'OTAN, alors que quatre États participants (Finlande, Suède, Autriche, Chypre) ne sont pas membres de l'Alliance atlantique. Serait-ce un moyen dévoyé pour les y intégrer ?

De plus, dans le cadre de cette Coopération structurée permanente, il sera désormais impossible de mettre sur pied des projets industriels de défense entre deux pays seulement, ce qui, pourtant, était un fait marquant de nos industries de défense.

On pense, alors, à ces mots de Mme Sylvie Goulard, commissaire européenne récemment recalée, dont le portefeuille incluait les questions de défense. Parlant des industries françaises de défense, alors qu'elle occupait l'hôtel de Brienne, elle entendait « restructurer », « mettre fin à des facilités industrielles ». En clair, elle n'a jamais caché sa volonté de mettre fin à l'originalité, à la particularité, à l'indépendance de notre industrie de défense. Pour mieux la noyer dans des méga-projets européens. Peut-on, d'un seul trait, effacer le Rafale, nos porte-avions, nos missiles, le char Leclerc, nos systèmes de transmission ?

Ajoutons à la CSP certains projets, comme la « Mobilité militaire », qui facilitera le passage des frontières par une quelconque unité militaire d'un pays membre de l'Union européenne. Dans quel but ? Au nom de quelle stratégie, de quelle préoccupation en termes d'intérêts vitaux ?

Après la constitution d'une Agence européenne de défense, d'un Fonds européen de défense, placés sous la tutelle de la Commission, l'activisme croissant du Service européen de l'action extérieure (SEAE) phagocyte petit à petit l'autonomie des diplomaties des États membres.

Si l'Europe de la défense devait se constituer, elle ne devrait se faire qu'en termes de coopération entre États, autour d'un projet politique librement consenti.

Quant à la dimension industrielle, la coopération directe entre États et entre industries a prouvé toute son efficacité.

Les spécialistes et nouveaux « stratèges » de l’Union européenne en matière de défense semblent oublier les leçons de l'Histoire. Elle nous a, en effet, appris que les « armées communes » sont au mieux des armées de coalition, certes coordonnées, voire dotées d'un état-major commun, mais conservant toujours leurs propres unités, leur propre commandement.

Comme sur tous les sujets, ils feront tout pour imposer leur programme dans le dos des peuples et si, par malheur, l'Europe de Bruxelles devait décider, brisant la règle de l'unanimité, de notre politique de défense, quel serait le format de nos armées et quel serait notre ennemi ?

Cette avancée de la matrice fédéraliste dans le domaine de la défense est inquiétante.

* NDLR : CSP : Coopération structurée permanente, en anglais PESCO, Permanent Structured Cooperation.

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Jérôme Rivière
Député français au Parlement européen, porte-parole pour la campagne d’Eric Zemmour, vice-président de Reconquête !

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