Selon une enquête de l’institut OpinionWay pour 20 Minutes, 47 % des 18–30 ans « n’ont pas confiance » en la police, contre « 33 % dans l’ensemble de la population ». Et 48 % jugent la police raciste. Concernant les violences policières, elles sont une réalité pour 79 % des jeunes interrogés.

Au micro de Boulevard Voltaire, réaction de Cyril Hemardinquer.

 

 

 

 

Pour près d’un jeune sur deux, la police française est raciste. Ce sondage vous étonne-t-il ?

 

Ce sondage ne m’étonne absolument pas. C’est le résultat de la manipulation médiatique qui a été faite petit à petit par les différents acteurs médiatiques et par les acteurs du show-biz. On a cette vision fantasmée d’une police qui serait violente et raciste. Elle avait été mise en scène par Ladj Ly dans son film Misérables. Cette position est souvent reprise par Matthieu Kassovitz ou Luc Besson dans certains de leur film. Cette propagande a fait son chemin et a été poussée à son paroxysme avec les propos du président Macron lorsqu’il a annoncé sur Brut qu’il y avait des contrôles au faciès et que c’était une réalité. Les résultats de ce sondage sont vraiment la triste conséquence de tout cela.

 

 

On peut aussi voir le verre à moitié plein. Si 47 % des jeunes pensent cela, on peut aussi dire que 53 % des jeunes ont une bonne image de la police et ont parfaitement confiance dans son action.  Peut-on aussi le lire comme cela ?

 

1 sur 2 reste un pourcentage très pessimiste. Il est dommageable que l’on arrive à une telle intoxication d’esprit chez nos jeunes sur des phénomènes qui ne sont pas du tout une vérité. D’ailleurs, sur le même sondage, on observe que 79 % estiment que les violences policières sont réelles et à côté de cela, 65 % estiment que ce sont les dérives d’une fraction infime. Tout cela est à nuancer. Les violences policières sont vues comme réelles. L’État et la police ont le monopole de la violence légitime. Ce métier exige d’exercer une certaine violence. On ne peut pas dire que la police n’est pas violente. L’action de la police est violente. Dès qu’elle est dans un rôle répressif, elle doit et elle est obligée de faire usage de violence.

 

 

Peut-on considérer aujourd’hui qu’il y a une recrudescence de la violence envers la police ?

Ce phénomène a-t-il toujours existé ou y a-t-il une réelle explosion des faits ?

 

Ce n’est pas selon moi, mais c’est un constat objectif et pragmatique. Il y a de plus en plus de faits objectifs de violences contre les policiers et même contre l’institution policière au sens large. On a de plus en plus d’attaques de commissariats. Aujourd’hui, ces attaques sont devenues banales dans certains endroits.

 

 

Beaucoup de policiers manifestent en ce moment. Comprenez-vous cette mobilisation ?

 

Cette mobilisation policière est tout à fait légitime. Très souvent, les policiers se constituent en association pour faire valoir leurs droits, mais les revendications qu’ils portent sont reprises par les syndicats qui pour la plupart entretiennent des relations avec le pouvoir, très proches de collusion. Récemment, Yves Lefebvre qui est à la tête d’unité SGP a avoué faire partie de La République En Marche. De l’autre côté, le syndicat Alliance, autre syndicat majoritaire, avait appelé à voter Macron aux dernières élections présidentielles. Les policiers sont majoritairement syndiqués dans ces deux instances. Ces dernières entretiennent des relations privilégiées avec le pouvoir et défendent des intérêts propres à leur organisation et non pas propres à la police en général et aux policiers en particulier. Dès qu’il y a du dialogue social entamé avec le ministre de l’Intérieur ou d’autres instances, ces derniers veulent recevoir uniquement les syndicats de police dits représentatifs. À titre d’exemple, monsieur Darmanin a récemment annoncé au Sénat qu’il allait recevoir l’intégralité des syndicats de police. Ceci était faux. Tous les petits syndicats de police qui ne sont pas représentatifs n’ont pas été invités par monsieur Darmanin. On peut parler de Vigi de la FPIP, du syndicat pro police, du syndicat impact police et de plusieurs petits syndicats. Tous autant qu’ils sont participent pourtant à la prise en charge des policiers. Ils portent très souvent les revendications au plus haut, mais sans être entendus. Ils sont souvent davantage en adéquation avec les revendications des collègues de terrain puisqu’eux n’ont pas d’intérêts politiques derrière, contrairement aux grosses structures.

 

 

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18 décembre 2020 à 16:11

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