Audrey Pulvar en lice pour les prochaines élections régionales ? Allô, maman bobo !
Sceptiques et ronchons le savent depuis belle lurette : Rome n’est plus dans Rome, surtout quand Paris tend à se transformer en manège enchanté, telle qu’en témoigne la candidature d’Audrey Pulvar en Île-de-France, à l’occasion des prochaines élections régionales. On notera que l’ancienne journaliste était déjà maire adjointe d’Anne Hidalgo depuis 2020, chargée de l’Alimentation durable, de l’Agriculture et des Circuits courts. Déjà, rien que l’intitulé…
« Alimentation durable » ? Il est vrai que lorsque l’on sort du repas de midi, on sait qu’on risque d’avoir les crocs lors de celui du soir. Par essence, la faim est « durable », surtout quand plaisir éternellement renouvelé par la gastronomie française, sa viande bien grasse et ses plats généreusement saucés. « Agriculture » ? On ignorait que la Ville lumière était capitale de la Beauce vivrière, mais si Audrey Pulvar le dit. « Circuits courts » ? Rien à ajouter, sachant que de l’électeur.trice zozo à l’élu.e bobo, le « circuit » est à Paris tellement « court » qu’il confine presque à la consanguinité électorale.
En attendant, Audrey Pulvar a de grands projets pour la région : « Je veux créer une Assemblée citoyenne du long terme, composée de 100 à 150 citoyens de la région tirés au sort et de 50 personnalités qualifiées venues des associations », le tout pour « impacter l’environnement, les transports ou encore le logement. » La France étant l’un des pays comptant le plus d’élus au monde, il est donc plausible d’imaginer qu’une fois les plans de cette dame mis en œuvre, la France comptera autant d’élus que d’électeurs. Ce qui devrait encore plus « impacter », c’est la gratuité du Pass Navigo, mesure prônée par Audrey Pulvar et dont le coût est par ses soins estimé à « 2,5 milliards d’euros », mais qui devrait être compensé par des taxes sur « les fortunes immobilières », les « transports de marchandises polluant » et « l’e-commerce ».
Certes. Mais les détenteurs de « fortunes immobilières », quand ils ne se sont pas partis à l’étranger, savent mieux que quiconque optimiser le racket fiscal, tandis que ces « transports de marchandises polluant » ne se risquent plus à Paris depuis la fermeture des Halles, lesquelles ont été rapatriées à Rungis au siècle dernier. Quant à « l’e-commerce », on voit mal comment Audrey Pulvar pourrait faire mieux qu’une Commission européenne parfaitement incapable de faire payer un juste impôt à ces géants du capitalisme mondialisé que sont les GAFAM.
D’ailleurs, cette dame est-elle véritablement la plus capée pour s’en prendre aux grandes fortunes, réelles ou pas, immobilières ou non, puisque n’en finissant plus de se dépêtrer de cette polémique ayant trait à ses lunettes ? Il fut prétendu qu’elles coûtaient la bagatelle de 12.000 euros, alors qu’elles n’en valaient que 3.300 ; ce qui fait tout de même plus de deux SMIC. Vive la sociale !
Dans un semblable registre, il est vrai que les bésicles de la discorde venaient de l’historique maison Bonnet, lunetier connu pour avoir appareillé des clampins tels que Jean Gabin, Jacques Chirac et Michel Polnareff. Pire : les lorgnons en question étaient fabriqués à partir de véritables écailles de ces tortues massacrées par de méchants pêcheurs, ce qui la fout un peu mal, au niveau d’une écologie militante interpellant à celui du vécu… Mais Audrey Pulvar, femme de conviction, ne saurait s’arrêter à de tels détails ancillaires.
Tout cela est fort mignon. En effet, qui serait contre le bien-être, hormis de fieffés gredins sans cœur ? En revanche, voilà qui nous en dit beaucoup sur la fin, par certains programmée, de la chose politique. Surtout quand cette dernière semble avoir vocation à être réduite à la seule gestion d’une bonbonnière. Un peu comme les arguties sans fin, relatives au sexe des anges, au moment où Constantinople s’apprêtait à sombrer devant de barbares assauts.
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