Colombie, deuxième tour de l’élection présidentielle : droite dure ou gauche extrême ?

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À moins de quelques jours du deuxième tour de l’élection présidentielle colombienne qui se déroulera dimanche 17 juin, les derniers sondages donnent un très net avantage à Iván Duque Márquez, le candidat de la coalition de droite, la Grande Alliance pour la Colombie : 52,5 % d’intentions de vote, contre 36 % pour Gustavo Francisco Petro Urrego, le représentant de la coalition de gauche (Liste de décence), et 11,5 % d’intentions de vote blanc - qui est pris en compte en Colombie.

Arrivé largement en tête au premier tour (39,14 %), Iván Duque Márquez bénéficie sans aucun doute du « ni-ni » (ni Duque ni Petro) de Sergio Fajardo, le candidat de centre gauche arrivé en troisième position avec un très beau score - plus de 23 % des voix -, juste derrière Gustave Petro, qui a obtenu 25 % des voix lors de ce premier tour. Avocat de formation, ancien sénateur, Duque, 41 ans, membre du parti Centre démocratique, est très souvent comparé par la presse sud-américaine à Emmanuel Macron, qui aime en souligner les diverses proximités : leur jeunesse, leur relative inexpérience politique et leur ancienne vie professionnelle de banquier, Duque ayant été pendant plus de dix années conseiller spécial de la BID, la Banque interaméricaine de développement. La comparaison s’arrête là car le candidat de la droite colombienne n’hésite pas à se déclarer croyant, conservateur, fier d’être colombien et très attaché aux valeurs de la famille. Toutes ces déclarations, comme le parrainage de son mentor en politique, l’ancien et inflexible président Álvaro Uribe, lui valent le qualificatif de « droite dure » dans une grande partie de la presse occidentale qui, par contre, qualifie de gauche modérée son challenger Gustavo Petro, pourtant ex- guérillero du mouvement terroriste M-19 et ancien maire de Bogota !

Le véritable enjeu de cette élection, au-delà des postures politiques habituelles, reste le devenir, du moins l’évolution, de l’accord de paix signé entre le président Juan Manuel Santos et le commandant en chef des FARC, ratifié par les parlementaires en décembre 2016. Un accord, rappelons-le, que le peuple colombien avait majoritairement refusé en octobre 2016, au grand dam des dirigeants internationaux, de l’ONU et des inévitables bobos de la jet-set !

Un accord considéré, encore aujourd’hui, par une majorité de Colombiens comme trop favorable à ceux qui, hier encore, étaient des « criminels narco-assassins ». Duque, loin de vouloir « déchirer » cet accord, veut en dénoncer les excès et l’amender sur des points précis : impossibilité, pour les anciens FARC accusés de crime contre l’humanité, de pouvoir participer à la vie politique, refus d’amnistie pour tous ceux qui ont été déclarés coupables de crimes ou impliqués dans le narcotrafic, etc. Sans omettre la promesse d’une véritable politique de répression vis-à-vis de l’autre guérilla, celle de l’ELN (Armée de libération nationale, castriste).

Cette élection présidentielle a également une composante géopolitique avec l’inquiétant phénomène migratoire, aux frontières colombiennes, de milliers de Vénézuéliens fuyant leur pays, plongé dans un terrible chaos politique, économique et social.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:30.
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Jean-Marie Beuzelin
Écrivain et journaliste

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