En novembre 2019, Anne Hidalgo nous avait gratifiés d’un clip relatif à la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024 intitulé « Made for sharing ». Comme quoi les mirliflores de son entourage ignoraient que le français est langue internationale, au même titre que le latin, l’espagnol, le portugais, l’anglais, le russe, le chinois et l’arabe.

En substance, l’actuelle vulgate ambiante y était pourtant résumée, entre « bienveillance » et « inclusion », sans oublier la sauvegarde de la planète, il va de soi. C’était particulièrement neuneu. Mais les records, surtout olympiques, ne sont-ils pas faits pour être un jour battus ? Si, à en croire le dernier millésime du genre, véritable exercice d’autocélébration de la Ville Lumière.

 

Le slogan ? « Plus vite, plus haut, plus fort, plus inclusif, plus fraternel, plus beau, plus grandiose, plus audacieux, plus rythmé, plus étoilé, plus fou, plus renversant, plus festif, plus émouvant, plus coloré, plus inspiré, plus créatif, plus spectaculaire, plus juste. » Mais comme il faut aussi savoir faire court, le tout est résumé par cette phrase choc : « Ouvrons grands les jeux. »

Si l’on faisait du mauvais esprit – ce qui n’est évidemment pas le genre de la maison –, on dirait qu’Anne Hidalgo nous refait le coup de la pastèque d’Olivier Véran, avec ses députés écologistes, « verts dehors et rouges dedans », formule honnie car inventée par Jean-Marie Le Pen en 1989. Ben là, c’est un peu pareil, Mireille, à en croire cette affiche du Front national remontant aux mêmes années et qui arborait un slogan un brin similaire : « Immigration, ouvrons les yeux. » La question mérite en tout cas d’être posée, surtout quand on sait que le logo des Jeux olympiques 2024 ressemble bigrement à la flamme du Rassemblement national.

D’ailleurs, de l’immigration, on en voit tout plein dans le clip en question. La France en général et Paris en particulier sont donc « Blacks-Blancs-Beurs », même si les proportions paraissent avoir changé depuis la Coupe du monde de football de 1998, puisqu’on y voit nettement plus de « Blacks » que de « Blancs » ou de « Beurs ».

On y voit encore beaucoup de drapeaux. Du bleu-blanc-rouge parce qu’il le faut bien ; mais de l’arc-en-ciel, parce qu’il le faut absolument. D’un point de vue politique, il y a aussi quelques images de Simone Veil à l’Assemblée nationale, en plein débat sur la loi relative à l’avortement, on imagine. Mais pas de photos d’elle lors de la Manif pour tous, sa dernière apparition médiatique avant son entrée au Panthéon. Un oubli, sans doute.

On y découvre, au passage, une autre célébrité dont le choix peut laisser perplexe : Serge Gainsbourg. Lui, un grand sportif ? À part sa fréquentation quotidienne du circuit Paul-Ricard, on ne voit pas. Tout comme on ne comprend guère plus ce que viennent faire ces images d’émeutes remontant à mai 68. Est-ce à dire que le lancer de pavés à la Sorbonne sera promu nouvelle discipline olympique ? Dans le genre, ce n’était pas la peine d’insister là où ça fait mal, les récentes émeutes urbaines du Stade de France ayant largement suffi à asseoir notre réputation internationale en la matière.

En revanche, on notera l’absence suspecte de surmulots dans cette vidéo. Pourquoi une telle stigmatisation de nos frères et sœurs en ratitude ? Quelle ingratitude. À la place de Mickey, voire même des rats noirs du GUD, on porterait plainte pour stigmatisation. Car, à en croire Minnie, les rats, aussi, nous sourient.*

On ne sait combien ont été payés les auteurs de ce clip de propagande, pour le moins sujet à caution. Sûrement trop cher.

 

*Je sais, la blagounette est facile. Mais ce sont bientôt les vacances…

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27 juillet 2022 à 17:33

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