[Cinéma] Yannick, un plaidoyer malhabile pour la légèreté
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Disons-le d’emblée, le cinéma de Quentin Dupieux n’a jamais été de notre goût. Son ostensible appétence pour l’absurde et l’humour abscons nous horripile presque autant que sa fausse modestie. Car le cinéaste fait mine de rejeter l’intellectualisme mais, en vérité, se vautre dedans. Cet orgueil de « l’artiste » conceptuel jouissant de façon malsaine de la controverse qu’il suscite au sein du public nous empêche clairement d’adhérer au personnage aussi bien qu’à ses films. Pour autant, son dernier long-métrage en date, Yannick, a su piquer notre curiosité. Et pour cause, certains critiques ont pointé son caractère « démagogique », « populiste » (!), des qualificatifs souvent réservés à notre famille politique…
Le récit démarre in medias res, en pleine représentation théâtrale d’une comédie de mœurs hyper-conformiste au titre aussi évocateur que convenu : Le Cocu… Avec entrain, les acteurs débitent comme chaque soir un texte médiocre devant un parterre de spectateurs acquis par défaut – on pense alors à cette phrase de Guy Debord : « Les spectateurs ne trouvent pas ce qu’ils désirent, ils désirent ce qu’ils trouvent »… Tous sauf un. En effet, un jeune homme se lève, interrompt la pièce et se présente. Il s’appelle Yannick, est gardien de parking, vit à Melun et entend bien faire savoir aux comédiens qu’il s’ennuie, lui qui s’est farci près d’une heure de transports sur son seul jour de congé pour se changer les idées. Démarre alors un dialogue de sourds entre l’importun et la brochette de saltimbanques qui lui font face, médusés par un tel culot. De fil en aiguille, la conversation dégénère et vire à la prise d’otages. C’est que, conformément à l’adage selon lequel on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Yannick a décidé de changer les règles du jeu…
Véritable plaidoyer en faveur d’un théâtre/cinéma de divertissement qui ne laisserait aucun spectateur au bord de la route – une approche qui, en soi, n’est pas pour nous déplaire –, Yannick sonnerait presque comme un désaveu de tout ce qu’a réalisé jusque-là Quentin Dupieux si celui-ci avait réellement conscience d’être déconnecté du grand public. Nettement plus accessible, néanmoins, que Réalité, Au Poste !, Mandibules ou Fumer fait tousser, Yannick nous propose un nouveau concept qui, comme souvent chez le cinéaste, est mal exploité et tourne rapidement en rond. Un comble pour un film qui dure à peine 1 heure et 7 minutes. Pertinent dans sa critique du théâtre bobo, parfois amusant sans pour autant provoquer l’euphorie, le film est bourré de longueurs, inconsistant, paresseux dans l’écriture de ses dialogues et prévisible quant à son issue. Il est sauvé in extremis par la composition originale de Raphaël Quenard – un acteur à suivre de près – et par un portrait lucide du spectateur-râleur qui, inexpérimenté et incompétent, estime parfois trop facilement pouvoir faire mieux que l’artiste qu’il brocarde – on voit bien, sur la fin du récit, que ce n’est pas si évident…
Cette lucidité du cinéaste à l’égard du spectateur aurait dû, précisément, le prémunir contre tout procès en « populisme » que lui intentent injustement certains critiques cinéma. Pour ce qui nous concerne, c’est surtout le scénario brouillon et son écriture paresseuse qui posent problème ; pour un peu, on se sentirait presque comme Yannick…
2,5 étoiles sur 5
7 commentaires
Bon, manifestement, je ne suis pas passé. Je vais donc « édulcorer ».
Ma seule expérience du cinéma de Dupieux fut « Réalité » avec Alain Chabat. Au bout de 15-20 minutes j’arrêtai de m’infliger cette torture.
C’est du genre nanar soporifique subventionné, d’un auteur adoubé par la bobosphère gaucho.
Ça me rappelle ce summum de vacuité et d’onanisme visuel malsain qui avait reçu la Palme à Cannes en 2013. Je m’étais forcé à regarder les 2h50.
Le cinéma français, à part quelques exceptions, est d’une morne platitude.
J’aimerais savoir combien d’argent public a été versé pour faire ce film?
Je voudrais que ces montants soient systématiquement divulgués et comme il s’agit de notre argent, que les cachets des artistes soient également rendus publics.
Il y en a plus que marre de ce système.
Vu l’affiche de ce film ça sent la médiocrité cinématographique à plein nez vu que les comédiens sont des Gauchistes progressistes d’extrême gauche !
Ce film assez inclassable ne m’a pas déplu malgré quelques longueurs.
Je ne suis pas fan de Blanche Gardin, mais j’ai trouvé les acteurs excellents, particulièrement ce jeune acteur qui joue le rôle de Yannick.
J’ai retenu le public clairsemé pris en otage pendant des heures et que Yannick arrive à mettre dans sa poche.
J’y ai personnellement vu un parallèle avec la passivité des gens durant le Covid et les événements qui ont suivi. Pourvu qu’on fasse mine de s’intéresser à eux, ils acceptent n’importe quoi
je viens de revisionner la grande vadrouille ; mais là franchement j’arrive meme pas a rire devant cette bande-annonce censé montrer les moments le s plus droles , ce cinoche bonbo gaucho est désespérant de nullité , rappelez moi combien sont payer ces pseudo acteurs au chomage ?…
Merci mais de toute façon je n’irai pas .
Là bobo culture parisienne