Cinéma : Costa Brava, Lebanon, de Mounia Akl

costa brava

En 2015, on s’en souvient, le Liban entrait dans une crise environnementale majeure. Les retombées économiques de la guerre civile des années 90 conduisirent à la fermeture de la principale décharge du pays qui, jusque-là, recevait les ordures de Beyrouth et de ses environs, laissant ainsi s’accumuler des montagnes de déchets. Un mouvement populaire vit rapidement le jour pour s’insurger contre l’Etat et sa mauvaise gestion de la crise, mais il fallut attendre 2017 pour que les ordures non triées soient finalement redirigées vers les décharges de Bourj Hammoud et Costa Brava (une plage au sud de la capitale). Une décision pour le moins controversée dans la mesure où certaines associations estiment malgré tout que 77% des ordures du pays sont jetées dans des décharges à ciel ouvert, quand elles ne sont pas brûlées à l’air libre ou enfouies dans la terre, entraînant des conséquences écologiques désastreuses.

Actuellement en salles, le film de Mounia Akl, Costa Brava, Lebanon, vient nous rappeler incidemment que l’explosion du port de Beyrouth en 2020 n’est pas la seule crise à laquelle doit faire face le peuple libanais, celle du traitement des déchets n’étant toujours pas réglée.
L’histoire suit une famille vivant en autarcie dans les montagnes qui voit d’un mauvais œil s’installer à proximité de sa maison une nouvelle décharge ; laquelle ne cessera au fil du récit d’empiéter sur son terrain et d’altérer son mode de vie bucolique.

Walid, Souraya, leurs deux filles et la mère de Walid qui avaient fait le choix, par le passé, de fuir les problèmes de la capitale, vont donc les voir surgir à nouveau et subir quotidiennement dans l’impuissance les nuisances de grands groupes financiers peu scrupuleux de leurs méthodes.

Allégorie d’un peuple qui cumule les crises au point de se laisser tenter par l’exil, Costa Brava, Lebanon tient un discours dubitatif à l’égard de la fuite – considérée comme une fausse solution – et affirme, dans sa conclusion, la nécessité de faire bouger les choses de l’intérieur en restant courageusement sur place et en participant à la vie démocratique du pays.

Peut-être trop balisé dans son cheminement, le film de Mounia Akl aura le mérite au moins de tenir un propos clair, porté par une troupe d’acteurs à la synergie parfaite, que ce soit dans les moments de crise comme dans les séquences plus légères où la vie de famille éclipse les aspérités du quotidien.

3 étoiles sur 5

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Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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