[Cinéma] Bâtiment 5, le nouveau film de Ladj Ly, va droit dans le mur !

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Avec Les Misérables, Ladj Ly connaît la consécration en 2019 : trois récompenses à Cannes et quatre aux César. Dans la foulée, les distinctions tombent comme à Gravelotte : prix d’Ornano-Valenti au Festival du cinéma américain de Deauville 2019, prix du Cinéma européen 2019 au Durban International Film Festival 2019, prix du Meilleur film européen aux Goyas 2020, sans oublier les prix de Meilleur film, Meilleur scénario et de Révélation masculine de l’année, pour Alexis Manenti aux Lumières de la presse internationale.

Avec une nomination aux Oscars dans la catégorie Meilleur film international, le Graal du septième art est quasiment atteint. Fortuitement, Ladj Ly est rattrapé par son passé judiciaire : deux années de prison en 2012 pour « complicité d’enlèvement et de séquestration » font toujours un peu désordre. Il passera donc son tour, sachant que l’industrie cinématographique américaine est un peu plus regardante que la nôtre vis-à-vis de ce genre de faux pas.

2,3 millions d'argent public

Et aujourd’hui ? Ce mercredi 6 décembre sortait son second film, Bâtiment 5. Réussira-t-il à atteindre les 2.181.860 tickets vendus de son prédécesseur ? Ça ne semble pas en prendre le chemin, son film ayant seulement attiré 10.162 curieux sur une combinaison de 405 écrans. Soit tout juste 25 spectateurs par salle. C’est peu. En tout cas, sûrement pas assez pour rentabiliser un budget de 8,3 millions d’euros, dont 2,3 millions viennent de l’argent public, entre le CNC et France Télévisions.

Pourtant, Ladj Ly a persisté à creuser le sillon qui avait fait son succès : les violences policières, y ajoutant même un zeste de féminisme avec quelques actrices luttant, elles aussi, contre les mêmes violences policières, mais avec un petit plus commercial relatif aux mal-logés victimes, eux, des violences immobilières. Car avec notre homme, tout devient simple. D’un côté, les enfants d’immigrés, doux comme des roudoudous ; de l’autre, les policiers racistes et, il va sans dire, violents.

Ça a visiblement marché une fois, mais pas deux, son film étant aujourd’hui en passe de quitter l’affiche avant même que la colle n’ait fini de sécher. La faute aux affreux de FachoCiné, pardon, AlloCiné ? Pas vraiment. Certes, avec une note publique de 2,5 sur 5, le film est tout juste dans la moyenne. Il faut peut-être alors chercher du côté de la presse, dont la cotation se situe tout juste au-dessus, avec 3,1.

Le Monde et Libération très critiques

En première ligne, il y a L’Humanité et Le Parisien, avec cinq étoiles chacun. Voilà qui ne devrait rien bouleverser quant à la carrière de ce film : plus personne ne lit L’Humanité et ceux qui lisent Le Parisien ne vont que rarement voir ce genre de films. Pour CNews, quatre étoiles, et trois pour Le Journal du dimanche ; comme quoi le groupe médiatique de Vincent Bolloré ne s’investit pas tant que ça dans le combat culturel. Plus étonnant, les deux journaux les plus sévères sont Le Monde et Libération, qui n’accordent chichement à Bâtiment 5 que deux petites étoiles. Bref, tout fout le camp. De quoi faire dire aux gens de gauche que ces deux quotidiens, c’était mieux avant.

Après, il faut bien avouer que la bande-annonce, généralement censée être alléchante, n’allèche pas vraiment. L’héroïne, noire, est très gentille. Le maire de la ville, blanc, est très méchant. Toute la fantaisie prussienne est donc au rendez-vous. Pourtant, le cinéma antiraciste a jadis connu ses lettres de noblesse avec Dans la chaleur de la nuit (1967), de Norman Jewison, avec le très noir Sidney Poitier et le très blanc Rod Steiger, sur une musique du très aveugle noir Ray Charles, mais qui était tout, hormis sourd. C’était finaud et pas manichéen pour deux ronds ; d’ailleurs, l’académie des Oscar ne s’y pas trompée en lui décernant cinq statuettes plus que méritées. Là, avec Ladj Ly, tout paraît lourd et pataud, convenu et nigaud.

C’est bien, d’avoir des convictions, mais sans le talent nécessaire pour les faire passer, autant changer de métier. Cette fois, le public, finalement pas si raciste que ça, ayant fait un triomphe aux Misérables version Ladj Ly, ne semble pas s’y tromper.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Pour faire un bon film, il faut 3 choses : d’abord une belle histoire, ensuite une belle histoire, enfin un belle histoire (Jean Gabin). N’avoir qu’une propagande idéologique victimaire ne suffit pas.

  2. L’anti-France au boulot avec notre pognon . Si ces navets n’étaient pas grassement subventionnés avec nos impôts , ce film ne pourrait se réaliser . De toute façon , gageons qu’il aura autant de « succès » que celui sur les Traoré , avec Camélia Jordana … qui accuse ~ évidemment ~ l’extrême-drouate d’empêcher les spectateurs de voir ce film . Sûr que sous peu , Delphine Ernote lui trouvera un créneau sur la 2 …ou un autre chaîne inféodée .

  3. Bof, un navet de plus, le cinéma n’en manque pas. Pour une fois c’est un navet bien français, bien subventionné mais un succès pour le circuit court, pas besoin d’aller le chercher outre atlantique.

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