[Chronique] LR, le PPE et les élections européennes : l’éternelle ambiguïté
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Les Républicains ont lancé leur campagne pour les élections européennes aux Docks de Paris, le 23 mars. À entendre certaines envolées, ce parti serait devenu euro-critique. Il est vrai que, partout en Europe, le vent électoral tourne en faveur des partis souverainistes, et tout bon navigateur sait bien qu’il faut savoir prendre le vent. Comme disait le regretté Edgar Faure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. »
Dans son discours inaugural, Éric Ciotti a évoqué les mânes de Georges Pompidou et du général de Gaulle, habituel détournement d’héritage. Rappelons que le même Éric Ciotti a voté sans hésitation le traité de Lisbonne, tout comme Gérard Larcher, autre poids lourd du parti, alors qu’il était la copie presque conforme de celui rejeté par référendum par le peuple. Cette forfaiture démocratique était une façon assez peu « gaullienne » de traiter le résultat d’un référendum !
Les choix de Chirac et Sarkozy
Apparemment, il n’y a pas que Macron qui soit un adepte du « en même temps », car le président de LR a rappelé que l’idéal européen, « nous l’avons porté sur tous les fonts baptismaux ». En effet, depuis Jacques Chirac, tous les traités qui ont mené l’Union européenne à ce qu’elle est aujourd’hui, un insupportable empire de la norme, ont été soutenus par la famille de pensée de M. Ciotti. L’Union européenne qu’il critique aujourd’hui n’est pas née du hasard mais des traités que son parti a soutenus, portés et votés. Si la France n’a plus « les mains libres », c’est le résultat des choix faits par Chirac et Sarkozy. Rappelons, aussi, que c’est Chirac qui s’est opposé avec acharnement à la mention des racines chrétiennes de l’Europe dans le projet de Constitution pour l’Union européenne.
Mais l’essentiel de la réunion résidait dans le discours de François-Xavier Bellamy. L’homme est un philosophe, doté de convictions personnelles fortes, mais tout le monde n’est pas Bonaparte au pont d’Arcole. Il reste que les appartenances politiques ont leur logique et leur dynamique.Les positions européennes du centre droit, UMP ou LR, ont toujours été ambigües ou trompeuses, sauf pour rejeter la mention des racines chrétiennes de l’Europe auxquelles M. Bellamyest attaché.
L’appartenance des députés LR au Parti populaire européen (PPE) est un peu le caillou dans la chaussure de M. Bellamy. Il a beau proclamer : « Nous sommes là où nous devons être », l’interrogation est permise. Si l’idée est d’influencer ce groupe dominant qui, historiquement, a toujours été à la pointe d’une Union européenne toujours plus intégrée, il convient de regarder l’équilibre des forces. Le groupe PPE compte 177 députés, la délégation française 8. À Bucarest, le 7 mars dernier, le congrès du Parti populaire européen a apporté son soutien à la candidature de Mme von der Leyen par 400 voix contre 89 et 10 bulletins nuls. Certes, LR s’oppose à la présidente sortante, mais celle-ci est soutenue par le groupe auquel les députés LR appartiennent. Tout cela relève du grand écart politique.
Le PPE veut « une Union européenne fédérale »
Mais, surtout, les Républicains sont-ils en accord avec la ligne officielle du PPE, ce qui serait dans la logique de leur appartenance ? Les statuts de leur groupe proclament dans leur préambule « la volonté commune de fonder une Union européenne fédérale ». Voilà qui pourrait intéresser les électeurs français. Dans cette logique, le manifeste du PPE pour les élections européennes demande que l’on remplace le haut représentant pour les Affaires étrangères par un ministre des Affaires étrangères de l’UE, que l’on mette fin à la règle de l’unanimité en matière de sanctions internationales et que l’on renforce le corps diplomatique de l’UE. Imagine-t-on le général de Gaulle approuver un tel saut vers un État supranational ? Le même document insiste pour que l’UE devienne « une démocratie parlementaire à part entière », c'est-à-dire un État fédéral.
François-Xavier Bellamy considère que « le vrai clivage qui oppose les deux grandes forces qui
structurent les grandes démocraties » demeurent « la gauche et le droite ». Il en oublie un autre,
essentiel en matière européenne, celui qui sépare les patriotes enracinés et les mondialistes
déracinés. Or ce clivage là, qui parfois dépasse l’opposition droite/gauche, explique les dérives de l’Union européenne. C’est bien pourquoi, pour réorienter la construction européenne, il faut renverser la tendance en faveur des députés enracinés dans les réalités nationales. Or le manifeste du PPE reprend la vieille ritournelle le la lutte « contre l’égoïsme national », or les intérêts nationaux peuvent être parfaitement légitimes. Comme un arbre déraciné est voué à la mort, une Europe sans les nations est vouée à l’échec.
LR cultive l’ambiguïté et le flou en matière européenne. Ses choix et ses actes passés ne peuvent entraîner une confiance béate. « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment », disait le cardinal de Retz. La liste pourrait en faire les frais. La clarté est aussi une vertu politique.
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen
35 commentaires
Il y a hélas longtemps que les LR, UMP(S) et autres représentants de la droite molle et du centre encore plus mou, ont oublié les mots de De Gaulle : « un Etat n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts ». « L’égoïsme national » est la seule politique réaliste, le fustiger n’est qu’une preuve de naïveté.
« tous les traités qui ont mené l’Union européenne à ce qu’elle est aujourd’hui, un insupportable empire de la norme, » Et surtout une dictature communiste sans complexe. « J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. »
(Vladimir BOUKOVSKI)
Bellamy aurait eu plus de panache en rejoignant le Rassemblement comme vient de le faire Malika Sorel.
Il aurait montré son intérêt pour l’avenir de la France, quitte à que cela se fasse au détriment d’un petit intérêt personnel à vouloir capter la lumière.
Comme il est très bien démontré dans ce billet, Larcher et Ciotti ont piétiné le vote souverain du peuple de France, c’est un sparadrap qui leur colle à la peau comme à celle du Capitaine Haddock.
Une bonne rasade est tout ce qui leur reste car ils sont désormais promis aux oubliettes de l’Histoire de France.
L’avenir de la France ne peut se faire en l’espèce avec les LR car ils représentent la trahison et la compromission aux yeux de nombreux Français.
Tout à fait d’accord avec vous.
La même discomittance est visible pour Reconquête au sein de son groupe ECR, qui pactise aussi avec Ursula Von der Leyen, qui vote les traités de libre-échange, qui soutient le pacte asile et immigration, qui approuve la livraison d’armes à l’Ukraine, etc.
BELLAMY est sympathique et a du bon sens. Mais il lui est impossible de peser dans la stratégie du PPE au sein duquel son petit groupe sera très minoritaire. Donc, à notre avis, VOTER POUR LUI NE SERVIRA A RIEN.
les LR veulent représenter la France seulement quand il y a des élections, le reste du temps ils votent tout ce qui est contre la France, et surtout en dernier le soutien à Von der Leyen pour que son mandat soit renouvelé, spécialistes du grand écart, à un moment ça va casser, Dati est déjà chez macron, que reste t-il dans ce parti ?
Qui a favorisé l’élection de notre « RAMBO » ???
Quand « Les Eveilleurs » présentent ce soir un débat entre « souverainistes » et y incluent monsieur Bellamy, excusez du peu !
Pas plus d’ailleurs que le RN et Reconquêtes, tous fidèles européistes…
La position de LR n’est pas ambiguë; LR est fédéraliste, si ce n’était pas le cas, ce parti quitterait le PPE. Le clivage gauche / droite n’est pas le « vrai » clivage; le clivage mondialisme / nationisme est beaucoup plus important désormais et c’est même le grand clivage géopolitique , celui qui oppose l’Occident mondialiste aux BRICS+.
Sincèrement, je ne voterai que pour ceux qui veulent stopper ce fédéralisme mondialiste européen forcé, et donc n’ai aucune confiance dans les LR.
LR m’a déçu ! on ne sait jamais ce qu’ils vont faire ! un bon nombre sont déjà parties chez macron alors pour moi ce partie n’a pas de lignes claires puis bellamy est trop mou !
« LR m’a déçu ! on ne sait jamais ce qu’ils vont faire ! » Mais si, on le sait : trahir encore une fois.
Les LR donnent un mauvais signal en restant au PPE . Être consensuel n’exclut pas d’avoir des convictions fortes . C’est là que le bât blesse . Nicolas Sarkozy en fit les frais en introduisant des socialistes dans son gouvernement puis François Fillon puis Valérie Pécresse et Maintenant Xavier Bellamy . Très honnêtement les LR sont des électrons libres sans convictions qui agissent pour leur bien personnel . Les socialistes nouveaux ou anciens savent que cette droite complexée est leur meilleur atout.
Analyse objective de la situation de LR confrontés à l’Europe. Tout comme en France, en interne, LR est illisible. F.X. Bellamy est certainement un personnage de valeur, de bon sens, mais il a contre lui son appartenance à un parti godillot. LR a eu plusieurs occasions de renverser le gouvernement, de conduire la macronie à revoir son idéologie mais il l’a soutenu, autrement dit ce parti a participé au déclin de la France. En s’inscrivant dans le PPE, il perpétue sa position, soutient un PPE qui est à l’origine de toutes ces dérives tant normatives que sociétales. Nous ne voterons donc pas pour LR.
Il en est de la campagne de LR pour ces élections européennes comme de la politique qu’ils mènent dans notre pays, à savoir une opposition superficielle à la politique menée par la macronie , cet affrontement de façade la plupart du temps éludé et quand vraiment çà bloque Emmanuel Macron use de sa « botte secrète » afin d’attirer en son sein les brebis égarées de LR ; le reflet parfait au niveau européen , alors pas de soutien franc à Mme Von Der Leyen , ne soyons pas dupes.
Il n’y a aucune ambigüité : LR c’est Van der Leyen et c’est Macron. Même Dati, qui est plus crédible que 95 pour cent des élus LR en tant que femme de droite est maintenant dans le gouvernement du second.
Quiconque prétend le contraire est un menteur et pense que ça peut encore marcher une fois.