Chat échaudé craint la SNCF

chat noeud rouge

Notre tendre enfance est marquée par la voix douce de nos mères qui nous récitaient quelques fables de Jean de La Fontaine. À l’heure du coucher, nous écoutions avec attention L’Aigle, la Laie, et la Chatte ou encore Le Chat et les deux moineaux. Mais cinq siècles après le  grand poète, une nouvelle fable vient d'être écrite par la SNCF  : Le chat et le petit train.

Une manifestation haute en émotions est organisée, ce samedi 17 juin, sur le parvis de la gare de Bordeaux, prélude à une audience très attendue au tribunal de Paris, lundi prochain. L'affaire perturbe la nation depuis le 2 janvier. Elle concerne la triste fin de Neko, le chat de Georgia et de sa fille Melaïna, victime d'un tragique accident ferroviaire en gare de Montparnasse (XIVe). Un TGV impitoyable et cruel n'a pas daigné attendre que l'adorable animal trouve refuge ailleurs.

Des mois se sont écoulés depuis cette journée funeste, mais Georgia et sa fille Melaïna, âgée de 15 ans, n'ont pas oublié leur cher compagnon. Égaré dans l'agitation de la gare Montparnasse, Neko s'était réfugié sur les voies ferrées. En dépit de leurs efforts désespérés pour retarder le départ du TGV pendant vingt longues minutes, mère et fille ont été témoins, horrifiées, de l'écrasement de leur précieux chat après le passage du train. Face à cette tragédie, une pétition a été lancée et a déjà récolté près de 100.000 signatures.

Ce samedi, une foule sera rassemblée sur le parvis de la gare de Bordeaux, dans le département de la Gironde, afin d'apporter son soutien aux deux propriétaires de Neko. Elles déplorent l'indifférence absolue de la SNCF face à leur douleur.

Un manque d’empathie ?

Dans une lettre ouverte adressée à la compagnie ferroviaire, la fondation 30 millions d'amis avait même déposé une plainte pour « sévices graves et actes de cruauté ayant entraîné la mort d'un animal », interpellant ainsi la SNCF sur son manque « d'empathie, de courtoisie, de considération et, en somme, de réponse de la part de ses services ».

Pour donner suite à la procédure judiciaire, l’audience aura donc lieu ce lundi.

Malgré les nombreuses tentatives de communication et la médiatisation de la tragique disparition de Neko, âgé de quatre ans et demi, « le silence assourdissant de la SNCF persiste, nourrissant ainsi un profond sentiment de mépris à notre égard », dénonce Georgia, dans une lettre ouverte.

Était-il vraiment nécessaire que même le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'en mêle, déclarant, le 27 janvier dernier : « Je dois avouer que j'ai été particulièrement choqué par cet incident survenu dans une gare parisienne, et plus particulièrement par la manière dont la SNCF a malheureusement géré cette affaire tragique » ?

La SNCF s’est défendue de tout acte de barbarie. Interrogée par Le Parisien, la compagnie de transport déclare : « Il est extrêmement dangereux de descendre sur les voies car elles sont électrifiées », expliquait un porte-parole, et « en parallèle, il y a des trains qui passent sur les voies. On peut chuter ou encore se blesser. En plus, ce jour-là, c’était le retour des vacances, donc il y avait beaucoup de monde dans la gare. On ne pouvait pas arrêter la circulation aussi facilement. »

Si l'histoire de ce chat a fait couler beaucoup d'encre, ce n'est pas le cas pour les autres collisions avec des bêtes sauvages, qui font quant à elles très peu parler d'elles. Et pourtant, les chiffres sont là, impressionnants. En 2022, c’est près de 1.955 événements avec des animaux sauvages, selon le comptage officiel de la SNCF. Notamment en Bourgogne-Franche-Comté, on dénombre, en 2022, 149 collisions avec des animaux. Mais ces chiffres ne suffisent pas à mettre la classe politique en émoi. Contrairement à un seul chat…

Visiblement, tous les animaux n’ont pas le même prix. Certains enflamment le débat national. La vie du petit chat veut-elle plus que celle d’un millier de chevreuils ?

Gardons toutefois à l'esprit que, derrière les mots sarcastiques, se cache la tristesse sincère de deux femmes qui ont perdu ce qui était pour elles un membre de leur famille, aussi poilu soit-il.

Félix Perrollaz
Félix Perrollaz
Licence de Science politique à l'Université de Lille, étudiant en journalisme, journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Il y a lieu dans les transports à bien tenir ces animaux. Celà devrait être à la SNCF de porter plainte contre cette dame pour le désordre causé par sa bestiole ! En tout cas, si j’avais été dans le même wagon et en la voyant faire un esclandre pour une faute commise par elle, je l’aurais copieusement eng….

  2. Ces femmes devraient être poursuivies pour manque d’attention à un animal … qui aurait du voyager dans une cage ou tenu en laisse.

  3. Je ne suis pas d’accord quant à la responsabilité de la SNCF. La propriétaire est responsable de la sécurité de son animal, qui aurait dû voyager dans une boite prévue pour son transport, et il ne se serait pas échappé. Évidemment, la perte d’un animal est triste, mais je ne trouve pas qu’il soit raisonnable d’attendre de la SNCF qu’elle se plie en 2 pour un animal.

  4. Tout ça pour chat !
    Quand on aime son animal on le protège et de surcroît on respecte le règlement qui vaut aussi pour la protection des autres passagers…
    Mais le petit « moi » de ces deux voyageuses est à l’image de ce qui anime la société en général : « tout doit m’être permis » !
    De plus elles doivent espérer toucher le gros lot…

  5. Il faut combattre la cruauté envers les animaux, la vraie, celle qui pousse des barbares à torturer des animaux de compagnie. Mais dans cette affaire est-ce que la SNCF est responsable de ne pas avoir voulu désorganiser l’ensemble du trafic ferroviaire un jour de départ en vacances au détriment de milliers de voyageurs ?
    Je comprends la peine des propriétaires de ce malheureux chat mais ce sont-elles posées la question sur leur propre responsabilité de ne pas avoir tenu leur chat dans cette foule ?

  6. Quand il s’agit d’un bagage oublié la SNCF sait parfaitement interrompre le trafic le temps nécessaire pour que les personnels habilités aient le temps de prendre leur pousse-café…

  7. On peut s’interroger sur le fait que l’animal se soit retrouvé sur les voies de chemin de fer. Comment voyageait-il ? en principe un animal doit être dans un panier, cage, sac bien fermé pour sa sécurité et celle des voyageurs;

    • C’est exactement ce que je voulais dire. J’adore les animaux et ne leur ferais jamais de mal, mais les seuls responsables sont les propriétaires du chat. Ils devraient être heureux de ne pas avoir d’amende…

  8. C’est très malheureux mais un chat dans une petite boite à l’abri de tout risque c’est ce qu’on fait généralement, certes la SNCF n’a peut-être pas fait tout ce qu’elle aurait pu faire mais il faut aussi prendre ses propres responsabilités. Je conseillais à un ami de faire un enclos pour son chien parce que sa clôture était en mauvais état, sa réponse fut qu’il serait malheureux enfermé temporairement dans 5m2, le chien s’est fait écraser et est maintenant estropié, je ne vois pas où est le bénéfice pour le chien.

  9. Nul ne sait qui était à bord du train, mais il y avait peut-être des personnes qui devaient se rendre chez un médecin, à un rendez-vous à l’hôpital et dont la vie pouvait dépendre. Aider des propriétaires de chat qui ne font pas attention à leur animal aurait pu avoir des conséquences tragiques pour une personne. il faut quand même relativiser et savoir faire la différence entre un animal et un être humain.

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