Le général Desportes réagit au micro de Boulevard Voltaire à la décision d'Emmanuel Macron de rétrogradation de l'amiral Rogel dans la hiérarchie élyséenne.

"Cette décision montre que le Président n'a pas résolu son problème avec l'armée depuis le 13 juillet dernier. Il semble à la fois aimer les armées et détester les militaires. Une nation démocratique comme la France a besoin d'une relation apaisée entre son chef et ses armées.

Ce qui est frappant, c'est l'inutilité d'une telle décision qui humilie une fois de plus les armées. Celles-ci ne supportent pas d'être un outil de communication alors que des hommes meurent tous les jours."

Cette décision est une mauvaise nouvelle à la fois pour la France et pour ses Armées.
Elle montre, hélas pour la France, que le président Macron n'a pas résolu le problème qu'il a avec les Armées et qui s'est exprimé une première fois lors du discours d'humiliation aux Armées du 13 juillet dernier.
On savait qu'il avait eu du mal à reconnaître sa faute politique majeure. Il avait soutenu l'idée dans le Journal Du Dimanche d'après et dans Le Point que la tempête du 14 juillet était une tempête dans un verre d'eau.
On pensait qu'il en avait fini et qu'il avait compris la place exceptionnelle qu'ont les Armées au sein d'une nation démocratique. En fait, il n'en est rien. Cette rétrogression qui ne correspond à aucun besoin immédiat, car elle ne changera pas les choses, est une nouvelle humiliation vis-à-vis des Armées.
J'avoue que je ne comprends pas très bien. D'une part, le président Macron semble donner désormais des signes d'amour aux Armées en les assurant de la pérennité de la croissance des budgets. En même temps, il semble aimer les Armées et détester les militaires. On a là un problème assez incroyable.
J'espère qu'il arrivera à le régler rapidement, car une nation démocratique comme la France a besoin d'une relation apaisée entre le chef des Armées et ses Armées. Ces derniers signes augurent mal de la compréhension que pourrait avoir monsieur Macron de ce que sont les Armées et de leur place dans une vraie démocratie.

Dans l'organigramme actuel, il y a le président de la République puis le Secrétaire général de l'Élysée. Normalement, il aurait dû y avoir ensuite le général Rogel, mais, si je comprends bien, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron prendrait cette place. Est-ce une volonté de donner une plus grande place aux civils par rapport aux militaires ou est-ce les militaires qui sont visés ?

Ce qui est frappant est l'inutilité d'une telle décision qui humilie encore les Armées.
Dans le fond, cela ne va pas changer les affaires. Dans la réalité, seul l'Amiral Rogel peut être conseiller militaire du président Macron et non pas le directeur de cabinet.
Dans les faits, cela ne va pas changer grand-chose.
La position très particulière du chef d'état-major particulier du Président montrait bien l'importance qu'occupent en France les Armées, et l'importance aussi du fait militaire par le feu nucléaire. On dit que la défense ultime de la France est l'arme atomique.
On sait bien que le chef d'état-major des Armées tient un rôle fondamental dans la procédure de déclenchement du feu nucléaire. On sait l'importance de la proximité de ces deux hommes et des derniers conseils que pouvait donner un chef d'état-major particulier. On se rend compte que ce sera désormais plus difficile et qu'on en tiendra moins compte.

En d'autres termes, l'Armée française s'attend-elle à des relations difficiles avec l'Exécutif pendant ce quinquennat ?

L'Armée française a été extrêmement déçue. Le président Macron avait donné des signes extrêmement encourageants vis-à-vis des Armées à partir de son élection. L'Armée française a compris le 13 juillet au soir qu'elle avait servi d'outil de communication pour le Président. Elle ne le supporte pas. Les soldats de l'Armée française risquent leur vie tous les jours pour la France. Il ne peuvent donc pas être un outil de communication. Ils ont été humiliés lorsque le chef d'état-major des Armées a eu une remontrance inutile et publique devant, en particulier, le chef d'état-major des Armées américaines et 3.000 de ses subordonnées, au vu et au su de tous ses collaborateurs. Les Armées sont alors humiliées en la personne de leur chef.
Cette deuxième humiliation est évidemment parfaitement inutile. Elle ne correspond à rien. Il semble que dans cette affaire tout à fait surprenante, le président Macron ait à nouveau manqué d'intelligence politique.

10002 vues

17 octobre 2017 à 19:35

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.