C’est quoi la France ? « Un petit bout de l’Europe », pour un député macroniste

Certains députés ne souhaitent qu’une chose : jeter aux orties la souveraineté nationale. Et les LR... s'abstiennent !
frédéric petit

L’événement est passé quasiment inaperçu. Pas de grands titres dans les journaux, pas d’annonce au JT de 20 heures. D’ailleurs, la chose s’est faite nuitamment. Le 29 novembre, l’Assemblée nationale a adopté à la majorité absolue des suffrages exprimés une résolution. Une résolution, déposée en juin dernier par le député macroniste, Pierre-Alexandre Anglade, et par la députée franco-néerlandaise EELV Julie Laernoes (comme quoi, ces gens-là peuvent très bien s’entendre sur certains sujets). Elle vise tout simplement à aller vers toujours plus d’Union européenne et à abandonner ce qui nous reste de souveraineté. Ce n’est pas écrit comme ça, mais c’est l’idée. Une résolution qui fait écho à celle adoptée, le 22 novembre, au Parlement européen, pour la révision des traités.

Toujours plus d'Union européenne

Certes, une résolution n’a pas force de loi, mais elle n’en a pas moins une valeur symbolique indéniable si elle est adoptée. Il suffit de lire le texte de cette résolution pour se convaincre qu’au sein même de l’Assemblée nationale, pourtant détentrice de la souveraineté populaire, il est des députés qui ne souhaitent qu’une chose : jeter aux orties ce trésor hérité de l’Histoire qui s’appelle la souveraineté nationale. L’unanimité au Conseil dans plusieurs domaines des politiques européennes ? Une « cause de ralentissement, voire dans certains cas du blocage des négociations européennes ». Et donc, la résolution « appelle à améliorer le processus de décision au Conseil en mettant fin au système actuel fondé sur l’unanimité et à y substituer la majorité qualifiée dans tous les domaines des politiques européennes, à l’exception des décisions concernant l’admission de nouveaux États membres ». La démocratie représentative, fondement de notre République ? Ringardisée. Là encore, ce n’est pas écrit mais il faut savoir lire entre les lignes, puisque la résolution en appelle à « l’inclusion pérenne de la démocratie participative dans le processus décisionnel de l’Union avec la poursuite du système des panels citoyens et l’approfondissement de ces mécanismes ». Qu’est-ce à dire ? Des propositions concoctées par ces fameux « panels » s’imposeraient comme des directives, des lois ?

C’est ni plus ni moins l’extension, à l’échelle européenne, de ces fameuses conventions citoyennes et autres états généraux, tant prisés par Macron, qui veulent faire croire qu’on « fait vivre la démocratie » mais qui, surtout, permettent de contourner le Parlement. Et la résolution se termine quasiment comme une supplique, une prière, puisqu’elle « exhorte les institutions européennes à se saisir pleinement des recommandations de la conférence sur l’avenir de l’Europe en convoquant une convention pour la révision des traités, comme le dispose la résolution 2022/2705 du 9 juin 2022 du Parlement européen ».

Le référendum de 2005 : pfff !

Cette résolution serait sans doute passée inaperçue sans la sortie en séance à l'Assemblée, ce 29 novembre, d’un député MoDem, jusque-là inconnu au bataillon, un certain Frédéric Petit, députés des Français établis hors de France (Europe de l’Est, Europe centrale, Balkans). « Vous ne pensez l’Europe qu’à votre petite fenêtre – et je le dis aux deux côtés (on aura compris LFI et RN). Quand vous nous parlez du référendum de 2005, c’est un petit bout de l’Europe qui a voté contre. C’est la France… » Tout est dit. La France, nation millénaire, détentrice du feu nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, réduite à « un petit bout de l’Europe ». Quant au référendum ? Vous m'avez compris : à l'heure des panels, soyons modernes. Faut-il hurler, pleurer ? Une question à ce député qui doit bien connaître l'Allemagne, puisqu'il représente les Français qui y sont installés : un député au Bundestag parlerait-il ainsi de son pays, « über alles » ?

Il n’est pas inutile, ici, de donner le détail du scrutin de cette résolution. Tous les députés Renaissance, MoDem et Horizons présents ont voté pour. Normal. Tous les députés RN présents ainsi que Nicolas Dupont-Aignan ont voté contre. Normal. Tous les députés LFI présents ont voté contre. Relativement normal. Tous les députés LR présents se sont... abstenus ! Il paraît que ce parti est l'héritier d’une parcelle de la vraie croix de Lorraine.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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