C’est même dans Le Figaro : près de 80 % des Français soutiennent les gilets jaunes !
Bien sûr, pas plus que les hirondelles les sondages ne font le printemps ; et encore moins un hiver s’annonçant des plus chauds. Il n’empêche que 77 % des Français sondés par le très honorable – et parfois frileux – Figaro soutiendraient le mouvement dit des gilets jaunes. Affinons les chiffres en question. Pour 81 % de la population, ils seraient « populaires », à 77 % « courageux » et à 78 % tenus pour lutter en faveur de « l’intérêt général ». Une sorte de plébiscite, si mots et chiffres ont encore un sens.
Généralement, ce type de mouvement social ne bénéficie pas de la même adhésion populaire et, quand tel est le cas, les colonnes du quotidien bien comme il faut ne s’en font l’écho qu’au bout de la pince à sucre. Comme quoi les temps changent. Car ici, loin d’une énième grève fomentée par des fonctionnaires privilégiés, des syndicalistes avinés ou des braillards stipendiés par l’argent du contribuable, nous avons manifestement affaire à une tout autre lame de fond, plus sociétale que sociale. Soit l’indispensable addition des ingrédients nécessaires à une bonne flambée ; et là, ce sont plus les barricades qui sont évoquées que les crêpes du même nom.
Ce n’est donc pas la France de gauche qui se dresse contre celle de droite. Pas plus que les salariés du public contre ceux du privé. Encore moins les pauvres contre les riches. Le Figaro, toujours, interrogeant le sociologue Jean-Pierre Le Goff, pas véritablement connu de longue date pour ses opinions droitières, fait aujourd’hui le travail que Libération, son confrère quotidien, savait mieux faire hier ; à savoir prendre le véritable pouls de ce que d’aucuns nommeraient le « pays réel », si toutefois ils ne confondaient pas en permanence Charles Maurras et Charles Aznavour.
Ainsi, l’écologie, à l’origine des mesures fiscales concernant le diesel : « Quel pourcentage représentent les automobiles dans la pollution et le réchauffement climatique par rapport à l’ensemble des transports routier, aérien et maritime ? Ceux qui prêchent la bonne parole écologique sont les mêmes qui prennent l’avion pour passer des vacances dans les pays lointains tout en se voulant “écolos”. » Mieux, ou pire, c’est au choix : "Ne fait-on pas payer aux particuliers le prix d’une bonne conscience écologique et politique dans le cadre du libre-échange mondialisé qui ne s’embarrasse guère des problèmes écologiques ? » Cher Jean-Pierre Le Goff, poser ce genre de question équivaut à y répondre.
Si l’on résume, et quitte à en appeler à une rhétorique marxiste, les classes privilégiées, gagnantes de la mondialisation, obligeraient un peu les classes qui le sont moins à régler la facture à leur place, tout en leur faisant la morale au passage. Jean-Pierre Le Goff, toujours, à propos des gueux en question : « C’est la revanche de ceux que l’on a traités de “beaufs” et de “ringards”, largement ignorés depuis des années au profit de catégories sociales branchées. »
Le problème, c’est que, pour une fois, cela concerne tout autant la France « bien élevée », méprisée lors de la Manif pour tous, que cette France moins « bien élevée », laquelle n’hésite pas à bloquer ronds-points et péages autoroutiers, quitte à flirter avec les grille du palais élyséen, voire à cogner du flic quand il le faut. Et Le Goff Jean-Pierre d’ajouter, une fois encore : « Des seuils ont été franchis sans susciter trop de réactions. Le déploiement de drapeaux LGBT sur le fronton de l’Assemblée nationale pour la journée de la “Marche des fiertés” n’a pas provoqué grande indignation politique. Il n’en a pas moins été considéré par une partie de la population comme une provocation et un parti pris militant. » D’où ce constat venu d’autres groupe plus « minoritaires », qu’évoque notre sociologue : « Pourquoi eux et pas nous ? ». Sauf que là, les « minoritaires » plus haut évoqués pèsent près d’un Français sur dix ; France « bien élevée » y compris, Figaro dixit.
La suite des événements promet d’être réjouissante.
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