Césars™ 2020 : le grand malaise du cinéma français…

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Sur ce site était, hier, décrypté le palmarès des Oscars™ de l’année, édition toute en demi-teintes… Dans le registre, le millésime à venir en version Césars™ s’annonce en à peine moins mieux et peut-être en un peu plus pire.

Il y a déjà la fronde des professionnels de la profession, censés former une grande famille, qui pétitionne dans Le Monde. Au menu, le gratin du cinéma français entend donc stigmatiser « l’opacité financière de l’Académie » ; celle des Césars™ et non point des Neuf, on précise. N’allons pas mélanger les ronds de serviette de la France d’en haut avec les torchons de celle d’en bas. Laquelle « opacité » serait « dommageable », puisque participant « d’une vision potentiellement fantasmatique de la façon dont l’argent est dépensé ».

Voilà qui n’est pas très clair, surtout pour les amateurs de salles obscures. Plus précisément, certains des 47 membres de l’académie en question auraient été « cooptés à vie » ; un peu comme dans la haute fonction publique et les conseils d’administration des entreprises du CAC 40, en quelque sorte. Pas de doute, nous sommes en France.

Là où tout se complique, c’est lorsque les pétitionnaires s’insurgent contre les déclarations de leur président – élu à vie ? – Alain Terzian, grand manitou du cinématographe hexagonal qui, dans le JDD du 9 février dernier, assure vouloir faire entrer une dizaine de femmes dans son cénacle. La réponse des trublions ? Énigmatique : « Il s’agirait de nouveau d’un système de cooptation, vestige d’une époque que l’on voudrait révolue, celle d’un système élitiste et fermé. » Plus énigmatique encore : « Tout cela aboutit à une structure où la majorité des membres de l’Académie ne se retrouve pas dans les choix qui sont faits en leur nom et qui ne reflètent pas la vitalité du cinéma français actuel. »

Si l’on comprend bien, les hochets accordés refléteraient plus les choix académiques que ceux du public. La question demeure pertinente, même si le cinéma donné pour être de « grand public » n’a pas, non plus, été négligé en cette noble enceinte : Les Ripoux (Claude Zidi, 1985) et Trois hommes et un couffin (Colline Serreau, 1986).

Tout porte à croire que le malaise est plus profond, tant ce milieu semble être de plus en plus tiraillé entre pensée majoritaire (Éric Zemmour, par exemple) et pensée dominante (Caroline De Haas, autre exemple), pour résumer à grands traits.

Le débat n’est pas neuf. La pensée dominante révérait Jean-Paul Belmondo quand il tournait pour Jean-Luc Godard. La pensée majoritaire le plébiscitait quand Philippe de Broca le mettait en scène. Éternelle lutte entre les sectateurs, bien nés, de Pierrot le fou et ceux, moins bien lotis au berceau, du Magnifique.

Pour tout arranger – une fois de plus, nous sommes en France –, l’art de la table, et non point celui du septième, s’en mêle. Ainsi, le prochain dîner d’avant la cérémonie des Césars™, traditionnellement tenu au Fouquet’s, n’a pas fait le plein ; peut-être parce que, strictement « végétarien », n’ayant pas de viande au menu ? À la place, si l’on en croit Le Parisien de ce mardi 11 février, il y eut de la « bavaroise de topinambour » et du « chou farci au choux ». Plus glamour, on ne fait pas, flatulences nocturnes obligent.

Assez logiquement, Gérard Depardieu ne faisait pas partie des invités à ce joyeux festin, pas plus à la carte qu’au menu. Le saint homme que voilà.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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