Ces Français que l’on prend pour des cons…

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Franchement, ces Français ! Des bas de plafond, des nez de bœufs, des crétins des Alpes. Quand ça arrange, c’est le peuple le plus intelligent de la Terre : par exemple, au moment des élections, pour leur faire comprendre qu’au pays des Lumières, on ne peut pas prendre le risque de l’éteindre sur le coup d’un soir de scrutin. Mais sinon, entre nous soit dit : des abrutis !

Entre nous. Dans l’entre-soi ou l’entresol d’un bel immeuble, entre deux portes cochères d’un ministère, là où on ne risque pas trop d’être filmé ou enregistré – encore que… -, on peut se dire les choses. On pourrait dire ces choses. Problème : aujourd’hui, c’est que tout se sait, ou à peu près, et très vite. Après plus de trois siècles, on ne sait toujours pas qui est le Masque de fer. En revanche, qu’un président de conseil départemental (LR) déclare, lors d’une réunion d’élus de sa majorité départementale, à huis clos, que « la plupart des gens, ne l’oubliez jamais quand vous allez faire campagne, la plupart des gens, pardonnez-moi, sont des cons », et cela transpire aussi sec, si l’on peut dire, et est révélé dans Le Canard du mercredi suivant. L’homme – il s’appelle Perruchot – déclare qu’il va porter plainte contre X (m'est avis qu'il devrait regarder du côté de ses copains...) pour cette révélation et ose un parallèle avec l’affaire du siècle dernier : « J’étais très jeune à l’époque, mais ça me rappelle l’affaire du Watergate ! » Bien sûr. Les affaires Salengro et Bérégevoy aussi, pour le même poids. Toujours entre nous, de tels propos valident peut-être l’idée que les élus sont le parfait reflet de leur électorat ! Les électeurs du Loir-et-Cher (car il s’agit de ce département) qui « ne font pas d’manières », comme chantait le regretté Michel Delpech, en voudront-ils au sieur Perruchot ? À suivre…

Des bas de plafonds, disions-nous. C’est un peu ce que la très éclairante et éclairée Sibeth Ndiaye, porte-parole émérite du gouvernement, semble penser. Ou alors, c’est qu’elle s’exprime mal. Et, dans ce cas, faut changer de métier. Faut plus faire com’. Auditionnée par le Sénat au sujet de la gestion de la crise du Covid-19, elle a lâché une saillie dont elle a le secret et que le plus bel étalon de nos haras nationaux lui envierait à coup sûr : « Je crois qu'on a souffert, au cours de cette crise, d'un défaut d'acculturation scientifique de la population française. » Bah voyons ! Notons, d’abord, l’expression « population française ». Très statistique. Genre bouquin d’économie avec tout plein de graphiques. Pas les Français mais la population française, donc. Pourquoi pas « cette peuplade vivant au couchant de l’Europe » ? Ensuite, le « défaut d’acculturation scientifique ». C’est-à-dire ? Que les Français n’ont pas la culture scientifique, qu’ils adorent des idoles le soir au fond de leur brousse pour faire tomber la pluie, repousser le mauvais sort, les maladies, le Covid-19 et la blennorragie ? Remarquez, c’est un peu vrai, non ? La preuve : n’avaient-ils pas trouvé leur sorcier, genre Panoramix, ces Gaulois arriérés ?

Les Français, faudrait vous réveiller ! Au lieu de passer vos loisirs à jouer à la zappette à télé sur la banquette du salon, feriez mieux de bosser les sciences ! Comme ça, la prochaine fois, lorsque la peste noire débarquera à Marseille, vous comprendrez tout de suite le pourquoi du comment des décisions du gouvernement. Au fond, les Français ne méritent pas les celles et ceux qui les gouvernent.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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