Les cathos restent les meilleurs clients de Charlie Hebdo
Le diable se cachant dans les détails, je ne me suis pas joint au concert de félicitations ayant accompagné, dans le camp patriote, la une du dernier Charlie Hebdo (n° 1309), qui écornait sérieusement l’islam, ainsi que l’édito de Riss, où l’on pouvait lire cette vérité intangible : "Pourtant, l’islamisme fait partie de l’islam."
Seulement voilà, je connais « mon » Charlie sur le bout des doigts et, en parcourant ladite une, j’ai pu lire en haut à droite : "Reportage – Mon 15 août avec la Sainte Vierge." Soupçonnant que je n’y découvrirais pas une ode à Marie, j’ai donc ouvert la double page racontant le 15 août selon Charlie, sous forme de courte bande dessinée en noir et blanc, et au trait gluant, signée Foolz.
Dire que c’est une caricature de la fête de l’Assomption est un euphémisme : on navigue entre moqueries faciles – "Les femmes se couvrent les cheveux. Je suis un peu déçu par leur look : pas très “Manif pour tous”. Plutôt tergal et profil bas." – et poncifs sordides, avec des bouquinistes proposant des ouvrages sur Pétain, Hitler, la division SS Wallonie, dont un au titre évocateur – Képi blanc, casque d’acier et croix gammées –, qu’un potentiel acheteur tient dans la main en s’enthousiasmant : "Magistral !"
Précisons que la scène se déroule à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, dans le 5e arrondissement de Paris, paroisse connue pour son traditionalisme. Ainsi, selon Charlie, cette église imposerait aux catholiques dans leur ensemble d'être des nostalgiques de l’Occupation. Il me semble bon de rappeler ici que Mein Kampf rencontre un plus vif succès chez d’autres fidèles !
Passée la messe, où se déverse le mépris de l’auteur de ce pamphlet en images, vient le temps de la procession, qui déroule à son tour l’attirail complet d’un anticléricalisme pathétique et sans imagination.
Là, une lycéenne imaginaire s’exprime : "Nous, on est au lycée – on attaque la Seconde Guerre mondiale. Le prof, il commence sa propagande contre Pétain. Là, on s’est tous mis à taper du pied." Et si Charlie allait du côté des établissements paisibles de la diversité, le jour où le prof d’histoire évoque l’extermination des juifs d’Europe, pour changer ?
Parmi la procession, des oriflammes fleurissent, dont l’inévitable cœur vendéen, pour bien appuyer sur la nostalgie catholique de l’Ancien Régime – même si, pour information, la révolte vendéenne fut d’abord le fait du peuple –, qu’un fidèle résume ainsi : "N’y a-t-il plus d’espoir de revoir le royaume de France, royaume de Marie ?"
"On s’aventure ensuite dans d’étranges contrées", explique le narrateur ironique, c’est-à-dire devant un « Kebab », tandis que les fidèles entonnent un refrain : "Chez nous !"
Tout y est, skinheads compris, pour ridiculiser une fois de plus les catholiques, sans doute par un souci d’équité après cette une « islamophobe » ou, plus vraisemblablement, par lâcheté, car les cathos, eux, ne se vengent pas dans le sang !
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