Brigitte Macron, la proie facile
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Peut-être plus encore que Carla Bruni avec Nicolas Sarkozy – comme en a été témoin Patrick Buisson, qui l’a rapporté dans son livre La Cause du peuple –, Brigitte Macron sera une première dame très intrusive, d’autant que son mari a promis : "Je souhaite qu’un cadre soit défini et je demanderai qu'un travail soit conduit en la matière." Ce qui augure le pire. Nous devrons donc être vigilants.
Si, à l’avenir, madame Macron se signalait par des actions ou un comportement que notre conscience morale et politique réprouverait, elle devrait logiquement subir les foudres de la contestation. Mais l’actuelle déferlante dont elle fait les frais est tout simplement ignoble.
Et je ne suis pas certain que les femmes, de tous âges et nombreuses, qui écrivent dans les colonnes de Boulevard Voltaire, apprécient ces pitoyables démonstrations misogynes, pas plus que les lectrices.
Je m’explique : çà et là, sur les réseaux sociaux, fleurissent caricatures et propos dont la cruauté gratuite le dispute à la bêtise crasse. Eh quoi, c’est un argument de railler grossièrement l’âge de Brigitte Macron par rapport à celui de son époux ? Est-ce digne et constructif de la traiter de "vieille peau pédophile" et autres insanités que j’ai pu lire, tout droit sorties de cerveaux en manque d’inspiration ?
Ici même officie Gabrielle Cluzel qui a, dans un essai brillamment écrit – Adieu Simone ! Les dernières heures du féminisme –, déconstruit ce féminisme intégriste qui, en réalité, se soucie de la cause des femmes comme d’une guigne, puisque fermant les yeux sur l’islam et sa vision toute personnelle du beau sexe ! Mais jamais l’auteur ne prescrit ces sortes de souillures comme un nécessaire corollaire à l’état de femme. En déclarant que "les droits de la femme se résument en un seul : celui d’en être une, pleinement", elle démonte même tacitement les arguments de ceux qui la résumeraient à de la chair impropre lorsque apparaissent les premières rides.
Enfin, combattre l’adversaire politique en sombrant dans un sexisme – authentique, celui-là – de basse-fosse est indigne et ne sert en rien la défense d’une certaine idée de la France, qui n’est, hélas, pas celle d’Emmanuel Macron.
Certes, la satire est saine, mais il ne s’agit pas, là, de satire. Voyez comment Charlie Hebdo caricature Marine Le Pen de la manière la plus abjecte - et aussi l’intéressée, d’ailleurs. N’imitons donc pas le camp d’en face dans ce qu’il a de plus vil. Et quitte à caricaturer, c’est Emmanuel Macron qui devrait être la cible privilégiée, puisque c’est lui l’élu de la République - et bien moins du peuple, en réalité.
Enfin, nos moitiés méritent mieux que cela, et s’il faut en fustiger certaines, faisons-le sur le terrain de la réflexion. Ne devenons pas ce que Barbey d’Aurevilly, après avoir lu L’Assommoir, reprochait à Émile Zola : "[Il] croit qu’on peut être un grand artiste en fange comme on est un grand artiste en marbre."
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