Blanc comme neige
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Le trafic de cocaïne atteint, en France, un niveau inquiétant (350 kilogrammes de cocaïne ont ainsi été saisis au Havre en début de semaine, 653 à Toulouse la semaine passée), un trafic qui prospère d’autant plus dans un monde sans frontières.
La cocaïne fut, durant longtemps, un tabou dans l’espace public. Seul le show-business et les milieux d’affaires avaient les moyens d’user et d’abuser de ce psychotrope inhibant le sentiment d’angoisse consubstantiel à l’activité intellectuelle. Grâce au rail de coke, les artistes trouvaient l’inspiration. Quant aux cadres supérieurs, ceux-ci voyaient en ce dernier de quoi être plus performant : à la scène comme en coulisses. La libido était ainsi décuplée et la gourmandise diminuée. La cocaïne, de ce point de vue, est la meilleure des drogues : elle rend plus beau et plus fort. Dans un marché mondialisé, autrement dit totalement fluidifié, il n’est pas étonnant de constater que cette drogue dure soit passée, à présent, du statut de tabou à celui de totem. Depuis une dizaine d’années, la prise de cocaïne s’est intégralement démocratisée. La presse estime le prix du gramme dans une fourchette entre 50 et 80 euros.
Le fait de sniffer de la coke compléterait parfaitement bien la consommation massive d’alcool et de cannabis. Pour vivre heureux, il faudrait être défoncé. L’angoisse inhérente au vécu du quotidien serait devenue plus pesante que durant les siècles passés, comme en temps de guerre, par exemple. La drogue dure, autrefois considérée comme un dopant, est devenue un antidépresseur comme un autre. Au final, l’ordre de la paix perpétuelle n’échappe pas aux sentiments les plus humains qui soient : la souffrance et l’ennui ; ou un mot, l’angoisse. Jean Rostand, un authentique philosophe du vivant, avait pointé du doigt les trois moyens de se débarrasser de cette dernière : "Angoisse métaphysique : ou l’apaiser avec un Dieu, ou la noyer dans le plaisir, ou la guérir par des pilules." Seulement l’ordre islamo-libertaire se basant sur, à la fois, la culture de la fête et le culte du dieu vengeur, répond simultanément à ces trois injonctions. Le criminologue Xavier Raufer parle, à juste titre, d’hybrides pour définir les voyous qui sont autant capables de commettre des larcins que des actes terroristes. Le rail de coke constitue ainsi la voie transversale du stade de la beuverie à celui de la folie.
Les Colombiens et les Mexicains, en inoculant le poison qu’est la cocaïne de façon massive dans les pays de l’hémisphère nord, et ce, des États-Unis à l’Europe, agissent comme les Britanniques qui, autrefois, faisaient cultiver l’opium en Inde pour affaiblir les Chinois. La stratégie est bien rodée. Mais où mènera-t-elle, si ce n’est vers une déstabilisation sans précédent des équilibres géopolitiques ? Concernant le territoire français, tous les transferts de cocaïne (mais aussi de cannabis) passent par les Antilles et la Guyane (cf. le rapport publié par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies en 2017). On doit supposer que la marchandise est ensuite vendue par des narcotrafiquants des banlieues. Les lieux de revente se diversifient : bars, restaurants et réseaux sociaux. Le nouveau totem a encore sa part de tabou.
En attendant, la jeune présidence de la République incarnée par Emmanuel Macron pourra encore continuer à vouloir plaire à une jeunesse en perdition. Pour survivre au sein d’une mondialisation de plus en plus intégrale, faudra-t-il vraiment admettre que si on n’est pas riche, on crève ? Le cynisme du Président peut s’afficher sans vergogne dans tous les médias, et ce, sachant que la tendance des ultralibéraux est d’intégrer les recettes du trafic de stupéfiants dans le calcul du produit intérieur brut. Qui osera franchir le pas ? Pour la Macronie, « il y a ceux qui réussissent et ceux qui meurent d’overdose »...
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