Bernard Carayon attaque : « Nous réclamons le droit à l’autodétermination ! »

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Avocat, maire de Lavaur (Tarn), ancien député RPR puis UMP du Tarn, Bernard Carayon a vu déferler, à 15 km de sa ville, ce samedi 18 février, les manifestants opposés à la construction de l’autoroute A69 qui doit relier Toulouse et Castres. Parmi les organismes appelant à manifester, ceux qui se sont illustrés à Sainte-Soline, comme Les Soulèvements de la Terre. Interview.

Marc Baudriller. Vous défendez bec et ongles ce projet d'autoroute qui divise et irrite. Pourquoi ?

Bernard Carayon. Cette autoroute est un atout important pour les milieux économiques, en particulier les laboratoires Pierre Fabre. Pierre Fabre est resté dans le Tarn par patriotisme local, lui-même a toujours été un partisan acharné de l’autoroute. Je me suis battu pour ce projet. Carole Delga, la présidente PS du conseil régional et Christophe Ramond, le président du conseil départemental du Tarn, ont rejoint le cortège des soutiens. On voit donc un véritable consensus politique dans l’axe républicain qui exclut les Verts et les Rouges.

M. B. Votre ville de Lavaur est le siège des laboratoires Pierre Fabre, premier employeur de la ville. Les manifestants avaient affiché ce slogan : « Pierre Fabre, le green-washing ne lavera pas tes mains sales. » Comment les habitants et les salariés réagissent-ils ?

B. C. Les zadistes et leurs alliés écolos bourgeois nous prennent pour des ploucs. Ils vivent dans les grandes métropoles urbaines et, à ce titre, ils bénéficient de taxis G7, de lignes TGV, d’aéroports internationaux, du métro... Bref, ils ont tout et nous n’aurions rien ? Le combat de l’autoroute au sud du Tarn est un combat autour des trois principes de la République : la liberté, l'égalité et la fraternité. Nous n’avons pas besoin de leur eschatologie écologiste pour savoir que la protection de l’environnement passera, demain, par la croissance industrielle : nous trouverons demain les moyens d’une transition environnementale.

M. B. Selon Corinne Lepage, cette autoroute A69 est une absurdité et nous devrions abandonner les projets d’autoroute comme aux Pays-Bas.

B. C. Aux Pays-Bas, la concentration d’autoroutes est phénoménale. Je comprends qu’ils aient arrêté. C’est comme si on voulait rajouter des voies rapides en Bretagne déjà traversée par des autoroutes gratuites. L’exemple des Pays-Bas est très mauvais. Et comment peut-on faire confiance à Mme Lepage qui, dans sa carrière, a toujours servi des intérêts étrangers avant les intérêts nationaux, en particulier sur la question du nucléaire où elle a été l’avocate de la ville de Genève. Elle défend des ONG environnementales pilotées par des intérêts anglo-saxons : je ne crois pas à la sincérité de son engagement national.

M. B. Sandrine Rousseau parle d’un « projet imbécile »...

B. C. Sa démarche est elle-même imbécile ! Que vient-t-elle faire chez nous ? Je crois qu’elle s’est inscrite sur les listes électorales du XIIIe arrondissement de Paris dans des conditions considérées comme frauduleuses par certains observateurs. Honnêtement, j’éprouve un désintérêt total pour son avis et je reprendrais volontiers une expression connue de Jacques Chirac pour le dire…

M. B. Le journaliste vert Hugo Clément et même Éric Zemmour comptent parmi les opposants…

B. C. Hugo Clément, c'est le nouvel ami de Valeurs Actuelles ! Éric Zemmour dit la même chose, mais je crois qu’il confond le Tarn avec le Tarn-et-Garonne, où il est allé durant sa campagne présidentielle. Je ne comprends pas sa logique qui le conduit à s’exprimer sur un sujet qu’il ne connaît pas. Habituellement, il s’exprime plutôt intelligemment sur des sujets qui sont sa spécialité. Visiblement, la question du projet autoroutier dans le sud du Tarn ne l’est pas. C'est d'autant plus curieux que sa candidate, qui avait fait 4 % ou 5 % aux législatives, avait pris position pour l’autoroute.

M. B. Que dit cette mobilisation de notre époque et de son rapport au progrès ?

B. C. Ces « progressistes » ont cinquante ans de retard. Ces gens ont considéré que l’ouverture des frontières aux capitaux comme aux étrangers était la vertu de la démocratie moderne. Ici, il s’agit de faciliter la liberté de circulation de gens qui ont été traités en ploucs depuis quinze ou vingt ans. Nous incarnons l’intérêt général et une des formes de progrès à laquelle peut aspirer un territoire comme le nôtre. Selon un sondage, 75 % des Tarnais sont favorables à ce projet. Cela signifie quelque chose. La démocratie, c’est respecter la volonté des élus, a fortiori lorsqu'ils sont adossés à l’opinion publique. Tous les partis, à l’exception des Verts et des Rouges, y sont favorables.

M. B. Il n’y a pas eu de dégâts, durant cette manifestation…

B. C. Oui, parce que 800 gendarmes étaient présents. Les manifestants sont venus, du coup, avec une certaine prudence : on ne va tout de même pas les féliciter de respecter les conditions normales de manifestation ! Je me félicite surtout du calme de l’opinion publique, des chefs d’entreprise et des élus locaux face à des personnes qui, le plus souvent, sont extérieures au Tarn et au monde économique.

Je rappelle que 23 % du coût de l’autoroute est destiné à des mesures environnementales comme des plantations d’arbres. Par ailleurs, seuls 6 % du projet relèvent d’un financement public, celui des collectivités locales. 94 % de l’enveloppe sont apportés par le concessionnaire, qui répercutera le coût sur les usagers. Au fond, nous réclamons notre droit à l’autodétermination !

Propos recueillis le 25 avril 2023.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Je suis pantois devant les commentaires venant de gens qui n’utilisent pas quotidiennement la RN en question. Comment la France peut-elle s’en sortir. A les en croire il n’aurait fallu construire ni barrages hydroélectriques, ni élargir les chemins pour charrettes à boeufs, ni chemins de fer…. rien sinon en rester à l’âge de pierre à condition qu’il n’existe pas une association de défense du silex ou de la paille servant à allumer le feu

  2. Je ne connais pas suffisamment ce projet pour émettre un avis. Mais, suite aux affaires de Notre-Dame-des-Landes et de Sainte-Soline, je crains qu’il devienne désormais normal que quelques groupuscules écolo-gauchos souvent violents décident de l’aménagement du territoire, en remettant en cause des projets qui ont subi avec succès toutes les procédures administratives, et notamment celles concernant la consultation du public, et pour lesquels les sondages d’opinion montrent souvent un accueil favorable.

  3. Que ne pourrait-on faire pour nos campagnes si on n’avait pas à supporter tous ces parasites. 2X2voies au lieur d’eune autoroute qui ponctionne encore nos concitoyens au dépend d’une entreprise à capitaux étrangers.

  4. La France doit maintenant faire face aux conséquences pourtant prévisibles de la politique Sarkozy ! Il convient donc d’en faire le constat lucide et courageux :
    1) La situation volontairement créée par ce président est devenue sans solution qui soit à la fois applicable et supportable par la France.
    2) Le concasseur mondialiste qui a transformé notre unité nationale en une multitude de patchworks tous bons pour le sac à chiffons est toujours aux commandes de la nation France. Si toutes choses restent égales par ailleurs, la liste des présidents d’obédience mondialiste en place depuis Sarkozy ne cessera pas de s’allonger jusqu’à ce que le pays ne soit plus qu’une sous-région européenne dévalorisée après avoir été pillée humainement, économiquement et culturellement.
    3) Ce concasseur mondialiste est de fait soutenu par une fraction minoritaire de la population hexagonale. Minoritaire mais néanmoins suffisante, comme la carène liquide, pour toujours faire chavirer le bateaux du côté où il a commencé à gîter. Cette fraction est, entre autre, composée d’une proportion d’origine migratoire incontrôlable et d’une partie de la population française d’origine trompée avec le concours de media à la botte.
    Conclusion : nous avons plus de solution démocratique classique.

  5. C’est vrai que sur le sujet, Z a été un peu léger. Gain d’un quart d’heure sur le trajet ? Mais la vrai question était combien cela touche t’il de personnes ? Aurait-il eu le même argument si on lui avait proposé de gagner un quart d’heure sur ses trajets en région parisienne ?

  6. De « l’axe Républicain »…au rouleau compresseur, au sens littéral du terme. Ce qu’oublie de dire M. Carayon, plus « bobo » de fait que le plouc que suis, c’est que la liberté, l’égalité et la fraternité n’existeront pas pour ceux qui ne prendront pas l’autoroute et lui préfèreront la bonne vieille RN 126, dont il est prévu qu’ATOSCA récupèrerait les tronçons déjà aménagés en 2 x 2 voies, laissant à l’impécunieux ou au refroidi par un tarif rédhibitoire, le soin d’à nouveau traverser deux interminables villages actuellement contournés, sans même évoquer le plus que probable délabrement de ladite nationale sur toute sa longueur, à l’avenir. Rappelons aussi que « l’impécunieux » en cause a déjà payé lesdits aménagements par ses impôts, mais que l’on se propose tout bonnement de les lui…voler ! En outre, pour M. Carayon, tout ce qui n’est pas lui, n’est que de « l’anti-France » : qu’il fasse attention avec le concept « d’autodétermination » : il pourrait se retourner contre lui !

  7. Une autoroute pour faire plaisir aux laboratoires Pierre Fabre, c’est un peu exagéré. Que l’on rétablisse plutôt le 90 km/h sur les routes nationales.

    • 90 Km/h sur la route Toulouse Castres c’est un peu dangereux, n’est-il pas? Il faut la pratiquer avant de parler

  8. Je ne connais pas ce dossier sur le fond. Mais la première question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi on veut absolument imposer la construction ex nihilo cette autoroute alors qu’elle suivrait le même parcours que la nationale déjà existante qu’il suffirait d’élargir sans avoir à exproprier et supprimer des terres arables. Ça, ils n’en parlent pas. Il aurait-il des dessous de râble … Comme à l’habitude ?

    • Il semblerait que l’élargissement de la départementale comme alternative à l’autoroute consommerait davantage de terres agricoles et détruirait aussi plus d’arbres et de bâtiments. A l’origine j’étais défavorable à l’autoroute, maintenant je m’interroge et s’il est vrai que les dégâts environnementaux seraient supérieurs en cas d’élargissement c’est à prendre en compte. Reste à résoudre la question de l’accès – déjà très difficile – à Toulouse, ce qui n’est pas une mince affaire.

  9. Foi de LR pas très convaincant; encore une autoroute à péage contre une nationale non réaménagée. Le bien public disparaît de plus en plus, tout devient payant même l’air qu’on respire puisque une aérogare d’un pays nordique a même ajouté une taxe pour assainissement de l’air.

  10. En s’associant contre le projet d’autoroute A69 qui doit relier Toulouse et Castres, à des personnes aussi sympathiques que Mesdames Corine Lepage et Sandrine Rousseau, il semblerait qu’Éric Zemmour n’ait commis qu’une zemmourinade de plus, de celles qui en ont fait un boulet électoral pour son propre parti.

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