Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, qui semble, par moment, être habité de ce bon sens que Descartes prétend partagé par l'homme du commun, méritait mieux. Deux agitées du bocal parlementaire lui ont remis un rapport inspiré.

L'objet de la mission d'Aurore Bergé et de Béatrice Descamps ? Sauver le survivre ensemble. Vaste programme…

Confites de bons sentiments, qui sont ce qu'est la graisse à un foie d'oie, elles ont trouvé le Graal, qui ressemble pathétiquement à ce genre de mignardise sociologique qu'affectionnent les pédagogues, depuis Durkheim : la solution scolaire viendrait d'une adaptation aux réalités sociales. Que l'éducation, ou, plus précisément, la formation scolaire, culturelle, citoyenne et humaine imposent un effort de maîtrise, ainsi qu'une transformation de l'individu aux contraintes matérielles et immatérielles de la société à laquelle il a l'honneur, la chance ou le hasard d'appartenir, voilà un principe depuis longtemps abandonné sous nos latitudes.

On laissera avec répugnance, sous peine d'indigestion, le présumé fonds argumentatif d'un rapport qui reprend les poncifs démagogiques auxquels nous sommes, hélas, habitués : soumission aux habitus culturels de la population locale, appauvrissement de la langue de communication, « trucs » saugrenus, comme des sauteries culinaires exotiques, etc. Le plus révoltant est sans doute la culpabilisation des professeurs, accusés de « stigmatiser » les élèves, d'être malveillants et, pire, d'appartenir à une classe réputée privilégiée, comme si le savoir et l'intelligence n'étaient pas susceptibles de transcender tout clivage social. Les enseignants du lycée Gallieni de Toulouse, harcelés, insultés, violentés par la racaille, apprécieront.

Aurore Bergé vaut, du reste, un détour. Fille de soixante-huitards, comme beaucoup de bobos, elle a négocié son virage ultralibéral. Tournant ? Non, tourbillon ! Comme un colibri gourmand, elle a picoré le nectar électoral à toutes les plantes qu'elle rencontrait, avec pas mal de dégringolades, de Valérie Pécresse à Macron, en passant par Sarkozy, Fillon, Juppé. Une constante, cependant : sa haine du patriotisme, de tout ce qui peut ressembler à une référence nationale, à une morale identitaire et traditionnelle. Son accointance avec Bachelot, cette bébête de télé, et avec Moscovici le commissaire, tous deux témoins de son mariage, ses études à l'usine de la pensée unique qu'est Sciences Po, tout la désigne comme un spécimen parfait de cette oligarchie qui a tué la France, ambitieuse, arriviste et opportuniste, dont le seul idéal est de déraciner.

4080 vues

03 février 2018 à 14:45

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.