« Bataille rangée », « bagarre générale » : c'est une affaire dont les titres journalistiques sentent bon les années 70-80. Un groupe de supporters marseillais se rendait au Stadium de Toulouse, ce dimanche 19 février, pour assister au match OM-TFC. En début d'après-midi, ils ont fait une halte à Carcassonne et se sont attablés en terrasse pour suivre PSG-Lille. Les cafetiers décrivent une ambiance bon enfant, passant pudiquement sur les « rafraîchissements » qui n'étaient probablement pas des oranges pressées. Vers quinze heures, quelques témoins signalent un début d'altercation entre quatre militaires du 3e régiment de parachutistes d'infanterie de marine (3e RPIMa), une unité d'élite de l'armée de terre stationnée à quelques mètres, et les « ultras » marseillais. L'un des parachutistes aurait trouvé malin de se pointer devant les supporters de l'OM avec... un maillot du PSG. Habile...

Rapidement, le ton est monté. « On ne peut pas leur montrer un maillot du PSG comme ça », commente le témoin, qui a l'air de s'y connaître en possession diabolique : un Marseillais face à un maillot du Paris-Saint-Germain, ce n'est pas possible. L'œil se révulse, le pouls s'accélère, on tient des propos qui dépassent rapidement la pensée. Évidemment, « c'est parti en sucette direct », comme on dit : invectives, menaces, peut-être une gifle contre ce jeune soldat, on n'est pas encore sûr. Quelques minutes plus tard, quarante à soixante militaires sont sortis de la caserne avec une furieuse envie d'en découdre contre la petite centaine de supporters marseillais. Les tables et les chaises ont commencé à voler, des coups ont été échangés. L'arrivée de la police a mis fin à la bagarre, chacun est donc reparti dans sa surface. Les parachutistes dans leur caserne, les supporters dans leur bus, où ils ont été courtoisement escortés jusqu'à la bretelle d'autoroute.

Dans ce festival d'intelligence, difficile de démêler l'écheveau complexe des responsabilités. Les supporters marseillais étaient interdits de séjour à Toulouse avant le match : on se doute qu'ils ne représentaient pas la frange la plus disciplinée et la plus ouverte d'esprit parmi les aficionados du club. Les soldats du 3, de leur côté, ont peut-être réagi, tout simplement, par esprit de corps : un des leurs a été frappé, ils sont sortis, et puis voilà. Les commentateurs eux-mêmes se comportent comme des supporters, ce qui est plutôt amusant : Valeurs actuelles pense pouvoir attribuer la victoire, dans cette bagarre, aux militaires. BFM hésite. Les twittos de gauche, eux, croient savoir que les militaires, forcément « racistes » (on entend une injure raciste sur une vidéo sans qu'elle puisse être attribuée avec certitude), ont fui contre les gentils marseillais antifascistes.

Il n'est pas rare que des militaires se fassent agresser. C'est même une des raisons pour lesquelles on leur a, pendant si longtemps, déconseillé de sortir de chez eux en tenue. Comme leur métier ne les invite pas à tendre l'autre joue, il est possible qu'ils répliquent. Dans l'affaire dont nous parlons, si c'est leur statut de militaire qui leur a valu des coups, on peut comprendre la vengeance collective. En revanche, si c'est une gaminerie autour du maillot du PSG, sur fond de provocation et d'antipathie mutuelle, ce n'est pas exactement pareil. Laissons la police faire son travail, comme le dit une célèbre réplique... mais convenons que cet incident n'est pas à l'honneur des supporters marseillais (ce dont nous nous foutons tous complètement, je le crains) ni, pour l'instant, des parachutistes français (ce qui est beaucoup plus dommage, vu leur engagement au service de la patrie et l'excellence historique des « paras Bruno », héritiers du glorieux général Bigeard).

Qui peuvent bien être, pour finir, ces supporters marseillais qui sèment le chaos dans les rues de Carcassonne pour une sombre histoire de football ? Il appartiendra à l'enquête de le déterminer...

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22 février 2023

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24 commentaires

  1. Toujours est-il que mon a priori favorable va d’emblée pour les militaires qui ont un esprit de corps, un respect de certaines valeurs, un goût pour l’ordre et la discipline. Un ultra de foot aviné et provocateur qui se prend une rouste me fait et me fera toujours plaisir…

  2. M Florac une histoire presque similaire qui n’a pas tourné en pugilat. La paix civile est donc sauve. Cela n’a rien à voir avec le débordement chroniques des footeux … surtout de ceux de Marseille.

    J’avais sur mon auto un petit drapeau français, 3 bandes verticales bleu-blanc-rouge en 7×4. Après tout des autos avec des drapeau anglais, américains ou autres on en voit à la pelle.
    J’étais garé dans un quartier … dit prioritaire. J’étais très bien garé et ne gênais personne. Quand j’ai repris mon véhicule il était rayé sur toute la longueur (sans doute une clé).

    Dans votre sujet la police s’interroge sur est-ce le maillot du PSG ou le statut de militaire français qui explique l’inexplicable !!!???

    Pour la première hypothèse, qu’elle se renseigne auprès de la RATP, à chaque fois que les supporter de l’OM montent à Paris, il faut changer les bus.

    Sinon je vous propose de livrer mon témoignage aux parachutistes. Si vraiment c’est nécessaire.

    PS : Je n’ai pas déposer plainte, ne me faisant guère d’illusion quant aux suites. Mais je n’oublie pas.

  3. Je rêve ou le journaliste considère que le jeune militaire aurait dû se changer avant de passer devant les supporters ?
    Il n’a pas le droit d’avoir un t-shirt du PSG ou du FC Gisors si il passe devant des supporters marseillais, sinon vous considérez que ça justifie des coups?
    Franchement, si j’ai du respect pour les militaires, c’est en grande partie parce qu’ils acceptent de risquer leurs vie pour les français, vu les gens que c’est, personnellement je trouve que ça ne vaut pas le coup.

  4. « Il n’est pas rare que des militaires se fassent agresser. C’est même une des raisons pour lesquelles on leur a, pendant si longtemps, déconseillé de sortir de chez eux en tenue. » Pas si longtemps, cela remonte à mai 68. Avant, il était plutôt avantageux de sortir en tenue.

    1. C’est surtout depuis la fin de la conscription.
      La nouvelle génération de gauchistes ne connais rien à l’armée, elle peut dire que c’est la fameuse extrême droite qui justifie sa violence.
      Vu que les skinhead sont quasi inexistants, il faut bien que les gauchistes l’inventent cette extrême droite, sinon on verra trop que c’est eux les fous violents.

  5. Pour avoir fait aussi mon « Temps » chez les « Paras », je suis ravi que quelques soit disant « supporters footeux » se soient coltinés quelques caresses de bienvenue ! …

  6. Lorsqu’on décortique minutieusement les images de cette rixe, on constate que ces pseudo-supporters marseillais appartiennent majoritairement à ce petit mon bien connu de la racaille des cités.

  7. Je suis de la classe 68-2C, 35ème Régiment d’Artillerie Parachutiste de Tarbes. Un week-end, lors de la fête de la ville, des voyous s’en sont pris à des parachutistes, qui ont fini à l’hôpital. En représailles, habillé en civil, tout le Régiment s’est rendu à la fête, pour rappeler l’addition à payer à ces petits-malins, 50 ans, plus tard, ils doivent encore s’en souvenir Le lendemain, le Régiment, pour la forme et faire croire à l’opinion publique que nous étions punis… Nous avons été dirigé en mission « punitive », à La Courtine. Je me souviens qu’à l’époque seul un Quotidien belge, nous avait soutenu. C’était le temps de la France digne et courageuse, le Temps des Hommes, des vrais…

  8. Oh que çà me rappelle Toulouse et mon 9ème RCP en 1972 ! Ce genre de « Marseillais » rasant les murs pour courir aux abris de fortune, puis la sérénité revenait dans les rues de la ville rose !

  9. Au passage, remarquons que les supporteurs de ce sport réputé violent qu’est le rugby ne défraient pas la chronique avec ces phénomènes de « hooliganisme » spécifique au foot-ball. Ils auraient même tendance à s’arsouiller amicalement ensemble quand ils se rencontrent. Une étude reste à faire sur le niveau intellectuel moyen dans ces deux sports populaires, joueurs et supporteurs réunis…

  10. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner de quoi étaient composés les supporters « marseillais » … Cela dit, soutien total à nos militaires.

  11. Le sport, comme la musique, ne devrait il pas avoir un effet apaisant sur les moeurs ? les vertus éducatives et fraternelles entre sportifs ne seraient elles que des belles paroles loin de la réalité ?

  12. Bravo les paras , soutien total .De temps en temps une bonne leçon donné à ces racailles ne peut que leur faire du bien .

  13. Bonsoir . Il est dommage de souvent , quand il s’ agît d’ évoquer les troupes parachutistes , de tout ramener au general Bigeard , très bon chef de corps , mais surtout excellent publiciste .

      1. L’avez vous seulement rencontré et échangé une seule fois avec lui ?
        En 1975 à la 2eme BP nous avions fait une manœuvre importante , nos patrons dans les Unités parachutistes nous avez averti que le Secrétaire d’Etat à La Défense un certain Général Bigeard observait cette manœuvre baptisée Stern 75 notamment le largage de centaines de Paras à Montmorillon
        nous étions fiers et motivés , nous aurions suivi le Général Bigeard n’importe où. La guerre d’Indochine était terminée depuis 20 années mais Bigeard pour nous était quand même le vainqueur de Dien Bien Phu . Par la suite j’ai eu l’Honneur d’échanger quelques mots avec le Général Bigeard lorsqu’il dédicaçait un de ses ouvrages dans une librairie à Lille , aucune des nombreuses personnes qui attendaient dans la file d’attente n’aurait pensé à cataloguer le Général Bigeard d’opportuniste . Il a su effectivement médiatiser sa personnalité mais surtout ses Paras à travers ses combats , sa légende. Aujourd’hui quand j’écoute ou regarde ces généraux qui se bousculent sur les plateaux Tv ou dans les salles de rédaction des médias , je mesure la différence et j’apprécie la chance d’avoir rencontré à l’époque un vrai Général de l’Armee française

  14. Ouais …dans les années 70 à Tarbes , les artilleurs du 35 se frittaient avec les paras du 1re Hussard dans les bars du centre ville où sur les quais de la gare . Sauf quand des manouches qu’on n’appelait pas encore «  gens du voyage « s’invitaient a la fête et là les bérets rouges des 2 regiments tarbais se rappelaient qu’ils appartenaient à la même 2 Brigade Parachutiste et donc la solidarité militaire faisait qu’ils se retournaient rapidement contre les «  gens du voyage «  ….on disait pas non plus «  groupir » mais l’idée était là quand même .

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