Attentat de Magnanville : des rebondissements qui interrogent

L'affaire a fait grand bruit : dans le cadre de l'enquête relative à l'assassinat du commandant de police Jean-Baptiste Salvaing et de sa compagne Jessica Schneider, à Magnanville, par le terroriste Larossi Abballa, six personnes ont été placées, le 9 avril 2018, sous le régime de la garde à vue dans les locaux de la sous-direction antiterroriste, dont une fonctionnaire de police, son fils et sa fille "radicalisés", et une certaine Mina B., déjà mise en examen et écrouée en 2017, soupçonnée d'avoir participé à une filière djihadiste.

Rapidement, la presse s'est fait l'écho d'informations pour le moins inquiétantes.

Tout d'abord, il a été révélé que la policière placée en garde à vue avait fait l'objet, en 2016, alors qu'elle était déléguée départementale des Yvelines du syndicat Alliance police nationale, d'une enquête de l'inspection générale de la police nationale pour avoir hébergé, durant plusieurs semaines, la fameuse Mina B. évoquée supra, fichée S, et qu'elle a fait l'objet d'un simple avertissement, avant d'être promue au grade de brigadier-major pour être affectée au centre de rétention administrative de Plaisir, tout en quittant ses fonctions syndicales.

Ensuite, nous avons appris que la fameuse Mina B., interpellée en 2017, avait en sa possession un fichier comportant la liste de 2.626 agents des services de renseignement, datant de 2008, présenté comme provenant d'une source syndicale, et dont il a rapidement été dit qu'il était "sans danger".

Enfin, le commandant Jean-Baptiste Salvaing, l'adjointe administrative Jessica Schneider et la policière mise en cause, Maryline B., auraient travaillé simultanément au sein du même commissariat : celui de Mantes-la-Jolie.

Autant d'éléments qui posent des questions sur la manière dont le terroriste Larossi Abballa a pu cibler le couple Salvaing-Schneider, ce que précisément les juges d'instruction en charge de cette affaire cherchent à déterminer.

Pour l'heure, les gardes à vue se poursuivent, pouvant durer jusqu'à 96 heures, et pourraient se solder par la présentation des intéressés devant les juges en vue de leur mise en examen, voire de leur placement en détention provisoire.

Nul doute que cela ferait l'effet d'une bombe dans les rangs de la police nationale, toujours éprouvés par le crime atroce dont ont été victimes deux des leurs à leur domicile, et qui pourraient mal digérer d'apprendre qu'une fonctionnaire de police puisse en être, même indirectement, coresponsable.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:35.
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Sébastien Jallamion
Ancien Policier, Président de l’Association Nationale de Défense Egalitaire de la Liberté d’Expression (ANDELE), membre du SIEL

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