Arbitres : gazon maudit !

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Le football est de loin le sport le plus pratiqué en France. Avec près de deux millions de licenciés, il devance largement, par exemple, le tennis (un peu plus d’un million) et surclasse totalement le rugby (244.000). L’équipe de France est l’une des meilleures au monde, actuellement : n’est-elle pas championne en titre ? Et sa pépite parisienne Kylian Mbappé n’est-elle pas annoncée comme le meilleur joueur à l’échelle mondiale ?

Néanmoins, le foot sombre dans la violence. Sur les terrains, dans les vestiaires et dans les tribunes, il n’échappe ni à l’ensauvagement ni aux espoirs fous que certains parents font peser sur les épaules de leurs gamins. Des violences qui touchent en premier lieu le corps arbitral. Ainsi, d’après une information de nos confrères de L’Équipe, après trois agressions lors des trois premiers week-ends de mai dans le même département du Val-de-Marne, le comité directeur et la commission départementale d'arbitrage du Val-de-Marne ont décidé de ne pas désigner d'arbitres jusqu'à la fin de la saison. Fin mars, un arbitre de Régional 2 en Auvergne-Rhône-Alpes était victime d’un violent coup au visage. Il en gardera peut-être des séquelles. Le même week-end, un officiel du district de Seine-et-Marne a porté plainte après avoir été agressé à Melun. La vidéo a tourné en boucle sur les réseaux sociaux. Au mois d’avril, Théo, jeune arbitre de 18 ans, était roué de coups, comme un joueur du RC Ploumagoar lors d’une rencontre de… D3. À Boulogne-Billancourt, le club local a carrément suspendu ses entraînements pour protester contre les incivilités commises par… les parents ! À Marseillan, dans l’Hérault, un arbitre témoignait auprès de Ouest-France des coups reçus, il a d’ailleurs confié « avoir cru mourir ».

D’où vient ce déferlement de violence ? Ou plutôt, qui aura le courage de regarder la vérité en face. Joint par téléphone, un arbitre évoluant dans les championnats amateurs franciliens l’affirme : « On ne va pas se mentir, plus le match est situé dans un quartier “populaire”, plus les risques de débordements et de violences sont présents », affirme-t-il. Des jeunes sauvageons coupables ? Pas seulement ! « Certains parents voient dans leurs progénitures le futur Mbappé sur lequel la famille capitalise, parfois ils viennent sur le terrain s’en prendre à l’entraîneur qui le fait sortir pour faire tourner l’effectif », s’amuse-t-il. Des attentes de parents déçus et pas seulement. « Au fond, ils ont le même problème à l’école, des parents convaincus du haut potentiel ou de la douance de leurs gamins qui prennent leur parti contre les profs. » Des ressentiments qui atteignent aussi les arbitres coupables de telle ou telle décision.

En bref, la violence touchant les arbitres est une manifestation, parmi d’autres, de l’ensauvagement et de la crise d’autorité quelle qu’elle soit. Rien de nouveau, si ce n’est que cela est en continuelle augmentation.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

22 commentaires

  1. En 1984 sortait le film « A mort l’arbitre » de JP Mocky avec l’excellent M.Serrault. Et à l’époque les Hooligans faisaient déjà parler d’eux, bien avant les drames qui se sont produits par la suite. Ce sport déchaîne les passions, dans toutes les couches de la société, et passion rimant avec extrême, la méchanceté et la bêtise ne sont jamais loin. Les générations se succèdent, la nature humaine ne change pas, mais le délitement des mœurs ne laisse présager aucune amélioration dans le futur…

  2. Les Footeux foutent la M… ?
    Des pelouses et tribunes transformées en Rings de boxe ?
    Plus de « ballerines » maniant un ballon rond ?
    Des millionnaires face aux Smicards…

  3. Comme il est écrit à la fin, rien de nouveau. La dégradation de la société continue tranquillement son petit chemin.

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