Après les dorures, la flétrissure : Isabelle Balkany privée de Légion d’honneur

isabelle balkany

Comme aurait dit Bérurier, le mari de Bertaga, elle était fumasse, l’Isabelle, quand la nouvelle est tombée. Pensez donc ! Rayée de l’ordre, comme ça, sans préavis ni compensations. Ben alors !

L’arrêté a été publié ce samedi, au Journal officiel, et la décision rétroactive au 4 mars 2020, date de la condamnation en appel de Mme Balkany et son mari à trois ans de prison ferme et dix ans d'inéligibilité pour une « fraude fiscale d'une ampleur exceptionnelle ». Fraude fiscale et blanchiment d’argent aggravé. Eh oui, m'sieurs dames, en France, on plaisante pas avec l’honneur de la finance !

La loi, c’est la loi ! Le code de la Légion d'honneur prévoit qu'un « comportement contraire à l'honneur » peut conduire à un blâme, une suspension ou une exclusion de l'ordre. Et voilà que ça tombe sur notre Isabelle. Pas de bol ! Rabaissée au niveau de Milady de Winter, cette Anne de Breuil sacrilège, voleuse de vases sacrés et marquée d’une fleur de lys au fer rouge !

« Non mais, allô, quoi ! » Et en plus, Patrick, le mari dévot de la brave dame, on lui pique même pas la sienne, de Légion ! Normal, il l’a pas eue. Il n’est que commandeur de l’ordre du Mérite centrafricain. L’import-export aussi, ça se distingue. Quoi qu’il en soit, voilà notre petit couple de délinquants placé sous bracelet électronique. Comme ces amants indélicats éloignés par précaution de leur ex-compagne tuméfiée.

Pour notre Isabelle, décorée en 2008 par l’intègre Sarkozy, c’est le choc, l’incompréhension ; comme une chasse aux vieux serviteurs de la République. Oui, elle a fait une faute, « ça, c’est sûr » dit-elle, en ne déclarant pas son « patrimoine familial ». Elle le reconnaît ; faute avouée à moitié pardonnée, non ? Mais quand même, sa Légion, elle la doit à son « action d’élue locale », particulièrement « en faveur des enfants » et de « l’éducation ». Et on punirait par cette flétrissure tant de dévouement désintéressé et de civisme ?

Et dire que papa Balkany, le beau-père, s’était spécialisé dans les faux-papiers. Oui, mais lui, c’était pour la bonne cause, dans les années 1940, et pour la Résistance. Voilà donc Isabelle rabaissée au niveau des plus vils comme, par exemple, ces Français honnis pour « intelligence avec l’ennemi ».

Et combien sont-ils, aujourd’hui, ces exclus du ruban rouge qui se morfondent sur leur décoration perdue, issus du système clientéliste chiraquien, du RPR jusqu’à l’UMP ? Avant que de sombrer dans la déprime, Isabelle Balkany pourra, tout au moins, s’épancher sur ses malheurs devant son copain télévisuel Hanouna ; ou s’inscrire à quelque cercle de parole des radiés UMP ou amis, avec Patrick de Maistre, abuseur de la milliardaire Bettencourt ; avec Claude Guéant, condamné en appel pour complicité de détournement de fonds publics et de recel lié à ce délit ; avec tous les autres…

Selon les règles de la grande chancellerie, « sont exclues de l’ordre les personnes condamnées pour crime et celles condamnées à une peine d’emprisonnement sans sursis égale ou supérieure à un an ». Nicolas Sarkozy, ancien grand maître de l’ordre, vient d’être condamné à un an ferme dans « l’affaire Bismuth » pour « pacte de corruption ». Quelle indignité, n’est-ce pas ? Il vient de faire appel.

En cas de rejet de l'appel, rejoindra-t-il notre Isabelle Balkany au rang des flétris UMP de la Ve République ? Histoire à suivre d’un hochet qui mène les hommes… et les femmes !

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois