Afghanistan : la faute à qui ?

TALIBANS 2

Inutile de revenir sur ce désastre politico-militaire afghan, tout a été dit et en boucle. Les experts parlent de fiasco militaire, d’inconséquence américaine, de déroute de l’Occident et de l’OTAN. Mais est-ce bien vrai ? L’Occident doit-il, une fois de plus, faire un mea culpa ?

Réfléchissons : pouvait-on attendre d’une force d’interposition qu’elle résolve les problèmes intérieurs d’un pays ravagé par la corruption et les pouvoirs claniques ? Après vingt d’années d’efforts considérables et de milliards de dollars dépensés, n’était-il pas plus sage d’arrêter les frais ? Surtout, contrairement à une vision simpliste, l’armée américaine n’a pas été vaincue et l’Occident n’a pas failli à sa mission. Pendant vingt ans d’une paix précaire, Afghans et Afghanes ont pu jouir d’une vie et d’une liberté impensable auparavant.

La bonne question est : qu’en ont-ils fait ?

Le spectacle des dirigeants quittant leur pays et fuyant à l’étranger, des soldats troquant leurs treillis contre des vêtements civils et abandonnant sans combattre armes et matériels, foules se ruant à l’aéroport, s’accrochant aux avions en train de décoller, est absolument navrant. Honte à eux et pas à nous.

L’erreur occidentale - car elle est essentielle - est de penser que la Terre entière adhère à nos valeurs et que les bons sont les bons et les méchants les méchants. C’est une erreur fatale et que nos ennemis exploitent à l’envi.

Ces talibans, issus de la jeunesse afghane formée dans les madrasas locales ou pakistanaises, et que nous traitons de terroristes et de criminels, sont persuadés d’être dans le vrai. Pour eux, ils possèdent la vraie foi du prophète, sont de respectueux observants et ne sont en aucun cas des intégristes ou des fanatiques. Ces Occidentaux arrogants ne sont que des mécréants et souvent même athées. Leur culture est impie. Il est du devoir d’un bon musulman soit de les convertir soit de les faire périr.

Aujourd’hui, la population afghane, du moins celle que les médias nous montrent, est affolée et nous demande asile. Si elle veut vivre à l’occidentale, ne doit-elle pas en payer le prix ? C’est-à-dire s’organiser et résister. Accueillir en masse des personnes déboussolées au risque de les décevoir, n'est-ce pas préparer une nouvelle guerre civile, cette fois sur notre sol ?

Bérenger de Montmuel
Bérenger de Montmuel
Philosophe et anthropologue

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