La reconquête de Mayotte navigue en eaux troubles. Elle devrait permettre de soulager l’archipel français du poids de l’immigration clandestine depuis les Comores voisines. L’opération Wuambushu, qui a démarré lundi après bien des interrogations, poursuit ses objectifs de « démantèlement des bidonvilles » abritant bon nombre de criminels comoriens et d’expulsion de « 10.000 clandestins comoriens ». Une goutte d’eau pour certains, un quasi-génocide pour d’autres. Dans ce département français asphyxié par la pression migratoire, les passions se déchaînent jusqu’à la métropole. Terrain d’un bras de fer international entre Paris et Moroni, mais aussi entre la NUPES et le reste des formations politiques, l’opération s'accompagne aussi d'une épreuve de force entre Gérald Darmanin et la frange gauchiste de la magistrature.

Une opération saluée par les élus locaux

Face à la NUPES, tous les partis responsables font bloc. Ils ne siègent pas dans le même groupe, mais deux députés ont tous deux salué l’opération lancée par Gérald Darmanin : Estelle Youssouffa (LIOT) et Mansour Kamardine (LR) ont longuement appelé de leurs vœux le retour de l’ordre dans ce département français. Ce dernier a notamment déclaré, hier : « Tous les acteurs institutionnels et la population de Mayotte doivent se mobiliser pour le retour à l'État de droit. [Je lance un] appel à l'engagement pour un retour durable de la sérénité publique et au développement harmonieux du 101e département. » Soutien sans ambiguïté, également, du côté de sa collègue de LIOT : « Cette opération Wuambushu, c’est la lutte contre l’habitat insalubre, l’immigration clandestine et les bandes qui sèment la terreur », a déclaré Estelle Youssouffa, ce matin, sur les ondes de RFI.

Les Comores et le Syndicat de la magistrature font front commun ! LFI embarrassée

Dès 2018, l’antenne locale du Syndicat de la magistrature avait été très claire. Elle avait demandé à la préfecture de Mayotte « l'arrêt immédiat [de la] politique d'interpellation des personnes étrangères en situation irrégulière puisque celles-ci seront immanquablement libérées », en raison du conflit diplomatique avec les Comores. Déjà à l’époque, la mauvaise volonté de Moroni était un argument pour la gauche. Concernant l’opération Wuambushu, le même syndicat avait dénoncé, dès février 2023, « une instrumentalisation dont fait l’objet l’institution judiciaire qui se retrouve mise au service d’une politique pénale décidée par le ministère de l’Intérieur ».

Conséquence directe de cette position, l’arrêt du démantèlement d’un bidonville exigé par le tribunal à Mayotte décidé ce mardi. Depuis la métropole, La France insoumise ne ménage pas ses efforts pour dénoncer la finalité de l’opération. Ainsi, le patron de LFI Manuel Bompard a déclaré, sur CNews : « Ne donnons pas l'impression que c'est l'opération Wuambushu qui réglera les problèmes à Mayotte. » Une position tempérée, sans doute influencée par Mikidadi Abdullah, le porte-parole de l’antenne Insoumise de Mayotte qui avait, quant à lui, botté en touche en déclarant qu’il « ne pouvait se prononcer pour ou contre Wuambushu ».

Du côté de l’ultra-gauche, on reprend carrément les verbatim des Comores. Ainsi, le blog d’extrême gauche Révolution permanente a dénoncé une « opération qui vise à détruire des quartiers entiers et à expulser militairement une partie de la population de Mayotte ». Cette partie de la population comorienne entrée illégalement sur le territoire national fait l’objet d’une déclaration de l'ambassadeur des Comores en France : « Le gouvernement comorien ne peut pas recevoir les expulsés de Mayotte, car ces Comoriens-là sont chez eux. » Cette position est symptomatique de la politique de Moroni qui a toujours considéré Mayotte comme faisant partie de l’Union des Comores. Une opposition calculée : en 2019, le président comorien était reparti de l’Hexagone avec, en poche, une aide de 150 millions d’euros pour aider « au développement » de son pays. Mais les Comores maintiennent leur position : ils n’accueilleront aucun de leurs compatriotes expulsés du territoire français, plaçant la France au pied du mur. Pendant ce temps, la population comorienne s'exaspère.

Le dérapage qui a relancé la gauche !

« À un moment donné, il faut peut-être en tuer. » La polémique est lancée après les propos de Salime Mdéré, premier vice-président du conseil départemental de Mayotte, concernant les délinquants comoriens. Ces propos qualifiés de dérapage trahissent l’exaspération d’une population et d’élus rendus fous par l’impuissance. Ils ont permis à la NUPES de faire de la politique sans remettre en cause le fond du problème mahorais. Le parti s'est contenté de couvrir le débat d'une « casserolade » d’indignation. « Cet appel au meurtre ne peut rester impuni, l’opération Darmanin laisse les pires haines se déverser », a réagi Mathilde Panot, ce mardi matin. « Cet appel au meurtre sur une chaîne publique me laisse sans voix », a commenté, pour sa part, l’élue Ersilia Soudais (LFI), rajoutant sa voix à celle du coordinateur national de LFI Manuel Bompard. Ces polémiques politiciennes sur fond de drame mahorais ont, en tout cas, fait réagir Estelle Youssouffa, qui s’en est violemment prise aux forces moralisatrices de gauche :


Du côté du RN, on salue l’initiative, même si on précise que l'opération gouvernementale risque d’être un retentissant coup d’épée dans l’eau. « Même si cette opération est mal préparée et n’est pas viable à moyen terme, elle va générer une bulle de respiration pour les Mahorais qui vivent dans la terreur », confie, à BV, André Rougé, eurodéputé RN et spécialiste de l’outre-mer.

7342 vues

25 avril 2023

VOS COMMENTAIRES

BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :

  • Pas de commentaires excessifs, inutiles ou hors-sujet (publicité ou autres).
  • Pas de commentaires insultants. La critique doit obéir aux règles de la courtoisie.
  • Pas de commentaires en majuscule.
  • Les liens sont interdits.
  • L’utilisation excessive de ponctuations comme les points d’exclamation ou les points de suspension rendent la lecture difficile pour les autres utilisateurs, merci de ne pas en abuser !

Pas encore de compte, inscrivez-vous gratuitement !

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.

51 commentaires

  1. La réaction comorienne ainsi que celle de la magistrature à Mayotte étaient à prévoir. Notre gouvernement est devant une impasse. Rien sera réglé par le programme Wuambushu. Donnons Mayotte et sa population aux Comores. C’est un bourbier.

  2. Je propose à la NUPES dans son ensemble — et à tous les détracteurs de l’opération — d’aller vivre à Mayotte pendant qq semaines, pas pour faire du tourisme, mais histoire de bien s’imprégner de la vraie vie des Mahorais.

  3. Opération pour nous faire détourner le regard des principales préoccupations des français de l’hexagone, pouvoir d’achat, sécurité, industries….Il faudrait commencer par tous les territoires perdus, où je n’ose même en tant qu’homme blanc de la classe moyenne aller me promener, consommer, rendre visite….
    Commençons ici avant….ça concerne des millions d’électeurs trices, soumis à l’impôt….

  4. Bravo Madame ! Vous avez un courage hors du commun pour dénoncer l’incurie des poupoirs publics et des imbéciles de la NUPES bien confotablement installés

  5. Que des Comoriens poussés à bout puissent souhaiter l’élimination physique de ceux qui les assassinent est une conséquence logique de leur tragique situation! Marre des offusqués bien à l’abri dans leur salon!

  6. Cette opération est un énième coup d’épée dans l’eau de l’océan indien car les petits 70 kms qui séparent Mayotte des îles migratoires n’empêcheront pas les expulsés de revenir très rapidement. Pour y avoir travaillé deux ans et vu le contexte géographique je suis certain de ce que j’avance. Pour enrayer ce phénomène le droit du sol, les subventions doivent être supprimés conditions sine qua none.

  7. La députée LIOT de Mayotte Estelle Youssoufa, qui s’exprime en ce moment sur divers médias que l’on retrouve facilement, est époustouflante de lucidité et de courage et au passage, s’exprime dans un français impeccable. C’est une pépite parlementaire qui mérite un avenir ministériel !

  8. Océan Viking échec de Darmanin , rebelote avec Mayotte, ce gouvernement est empêtré avec nos lois qui ne sont plus adaptées à la situation. En plus pas de volonté pour aller à l’affrontement avec ces pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants. C’est la manière forte qu’il faudrait employer , deux ou trois navires de la  » royale » débarquement des illégaux avec des péniches de débarquement , le tour est joué. Jamais ce gouvernement n’osera employer cette méthode, nous courbons le dos. La France une grande nation ? C’était il y’a longtemps……

  9. Il existe 14 résolutions des Nations Unies sur « la question de l’île comorienne de Mayotte » entre le 21 octobre 1976 et le 28 novembre 1994, réaffirmant la souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur l’île de Mayotte et enjoignant a la France de rendre l’ile… Résolution dont elle se moque totalement… Elle occupe l’île d’une matière totalement illégale en contradiction avec le droit international, après un référendum organisé par Sarkozy pour en faire unilatéralement le101è département Francais, pour essayer de grappiller quelques voix aux élections présidentielles.

    1. Totalement d’accord et surtout avec la conclusion rien d’autre, j’ai vécu cet avènement sur place, c’est juste une histoire de bulletins électoraux car à Mayotte on ne fabrique rien, que des problèmes.

  10. C’est quand même incroyable les comoriens reçoivent 150 M d’euros et ne veulent pas reprendre leurs ressortissants . Où le gouvernement va y il les débarquer ?

    1. pourquoi ne pas les mettre à l’eau à quelques centaines de mètres du port d’Anjouan , ils ont su venir sur leurs embarcations artisanales donc pourquoi ne pas les remettre dans leurs embarcations et les tirer jusqu’à leur île ? ces comoriens mènent des actions de guerre en attaquant les mahorais donc les droits de l’homme on s’en moque, inutile de faire du sentiment sinon c’est la guerre civile assurée dans quelques mois. Les comoriens ont voulu leur indépendance, ils l’ont eu mais veulent les aides accordées par la France à Mayotte. Vouloir son indépendance et continuer à vouloir bénéficier des avantages de la France ce n’est pas possible, à eux de travailler pour voir une vie meilleure.

  11. La « République Fédérale Islamique des Comores » est un pion diplomatique de l’Arabie Saoudite, nouvel allié très récent de l’Iran qui est un allié stratégique de la Russie poutinienne. Tout sera fait par ces adversaires de la France pour envenimer la situation à Mayotte et amoindrir son influence dans cette partie du monde. Ils compenseront largement l’aide financière en cas de retrait de la manne française. L’incapacité-crasse de Macron à obtenir le moindre succès diplomatique depuis sa première élection n’est pas pour rassurer nos compatriotes mahorais victimes de l’insécurité régnante.
    La Nupes et son antenne locale du Syndicat de la Magistrature répandront aussi avec des casseroles de l’huile sur le feu. La première solution serait la suppression réelle du droit du sol et de toute allocation pour les étrangers, l’interdiction de scolarisation de leur progéniture, la suppression de toute liaison maritime commerciale avec les Comores et une vraie politique de développement économique en lien direct avec l’île de la Réunion, en associant ces deux entités dans une Région administrative »Océan Indien ». Mais c’est pas gagné pour l’ambitieux Darmanin, qui rêve de Matignon en se rasant…

  12. Il fut une époque où le problème aurait été réglé simplement. On aurait installer un RIMA sur place, une frégate de la Royale aurait assurer en permanence l’étanchéité et la souveraineté de nos eaux territoriales, une patrouille de mirages 2000 auraient effectué un passage ou deux au-dessus du palais présidentiel Beit-Salam et quelques valises de billets auraient calmer les ardeurs de son occupant..

  13. Quand on pense que la France est incapable de s’imposer dans cet îlot…on comprend mieux l’incapacité totale à faire revenir l’ordre dans nos banlieues.
    La clique macronienne doit être destituée rapidement avant qu’il ne soit trop tard, c’est-à-dire que le peuple se substitue aux carences notoires d’un Etat qui se moque d’eux.

  14. Si les Comores refusent de rapatrier tous ces malheureux, devinez où notre Monsieur Darmanin va devoir les recaser ?

Les commentaires sont fermés.

  Commenter via mon compte Facebook

  Commenter via mon compte Twitter