À Lyon, le collectif Fiertés en lutte marchera pour l’inclusivité… mais sans la pratiquer !

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Marcher contre toutes les formes de discriminations tout en les pratiquant dans ses propres rangs, c’est peu ou prou ce que propose le collectif des Fiertés en lutte en indiquant ses consignes de non-mixité. Autrement dit, sous prétexte de clamer son droit à l’indifférence, l’organisation met en avant son droit à la différence. Logique, non ?

« Je pense être bienveillant.e et déconstruit.e, puis-je venir dans les espaces non mixtes même si je ne suis pas concerné.e ? » lit-on dans un tweet du collectif des Fiertés en lutte, les organisateurs de la marche prévue à Lyon le 11 juin. Malgré votre bienveillance affichée, la réponse à cette question est non. Non, vous ne pourrez pas marcher dans un groupe autre que celui dans lequel vous vous définissez (encore faut-il ne pas se trouver dans une lutte intersectionnelle, ce qui augmenterait la possibilité d’appartenir à plusieurs groupes à la fois et compliquerait la chose !). Cette exclusion pourrait surprendre au regard de l’objectif visé de l’inclusivité. Mais les organisateurs, qui ne sont pas à une incohérence près, justifient ces consignes préalables par un argumentaire imparable : « Lorsque l’on fait partie des groupes opprimés, il peut parfois être difficile d’accéder à certains lieux et de s’y sentir à l’aise et en sécurité. »

Ainsi, le collectif de préciser que « lorsque l’on est en situation de privilège, on ne perçoit pas le monde de la même manière ». On leur accordera, au bénéfice du doute, que ne pas être déconstruit présente certainement l’avantage de ce qu’ils nomment une « situation de privilège », mais pourquoi, dans ce cas, militer pour la déconstruction ? Et pourquoi revendiquer si fièrement cette situation si elle est définie comme un désavantage ? (Vous avez deux heures...)

Par ailleurs, les organisateurs se défendent de pratiquer une forme de discrimination inversée et assurent tenir à ces répartitions afin de garantir des espaces dédiés pour « s’organiser afin de trouver le meilleur moyen d’abolir les discriminations vécues ». Une situation qui sera incontestablement difficile à gérer pour les couples mixtes qui devront défiler séparés, sans doute comme l’année dernière, les racisés devant et les Blancs derrière. Qui dit mixité dit également genre féminin ou masculin ? Le lecteur bienveillant mais non déconstruit se demande donc naïvement dans quels rangs iront se ranger les genres fluides ? À moins que la non-mixité n'inclue d’emblée la négation du genre ?

Malgré les arguments mis en avant, le collectif peine à convaincre. Même des membres de la communauté homosexuelle contestent ces pratiques et l’évolution de ces revendications qu’ils ne reconnaissent plus : « Vous avez anéanti des années de lutte. Vous avez introduit l’isolement, le racisme, l’exclusion au sein de minorités. Vous me dégoûtez. J’ai tant milité pour l’égalité aujourd’hui, je suis écœuré. » « Lorsqu'on sait à quel point ces luttes ont été longues et difficiles, ce retour en arrière est écœurant. » « Connaissez-vous le concept même de la marche des fiertés ? Je vous l'explique pour le cas où vous l'ignoreriez ou vous l'auriez oublié : il s'agit d'une marche groupée pour rappeler que malgré nos différences, nous sommes tous humains et qu'il ne faut pas nous catégoriser. » Ou encore : « Arrêtez votre bla-bla et l’eau de rose, en fait, votre non-mixité, c’est l'apartheid. Depuis quand être progressiste, c’est régresser ? » Au regard de ces commentaires postés par des internautes, le lecteur toujours bienveillant et pas déconstruit en vient à penser qu'il va falloir encore marcher longtemps avant d'atteindre ce fameux vivre ensemble...

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Oui là, on marche carrément sur la tête. Mais qu’on-t-ils donc tous à vouloir refaire le monde ?

  2. Femme, homme, fille, garçon, transgenre, gender-fluid, non binaire… Ces gens sortent-ils les yeux du fond de leur caleçon une minute dans la journée ? Si on disait aux enfants atteints soi-disant de dysphorie de genre que leur genre ou sexe est secondaire, sans grande importance, et que leur personnalité se définit par leurs passions, loisirs, goûts, réalisations, projets sportifs, artistiques et professionnels, leur problème se résoudrait de lui-même.

  3. Quand la boucle sera bouclée, alors il ne restera plus rien de ces mouvements et puissions nous espérer que tels les dinosaures cette espèce aura alors complètement disparue pour faire place à l’humanité.

  4. Un collectif dégénéré en « mâle » » de reconnaissance ! Ce sont de nouvelles éoliennes de la pensée : inutiles , pollueuses , improductives et désœuvrée, .qui brassent de l’air en polluant les esprit de toute une jeunesse …

  5. Lyon et Grenoble, les 2 villes où il ne faut surtout pas vivre si l’on a encore un peu de bon sens. ( sans parler de Paris…)

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