31 juillet 1944 : l’avion d’Antoine de Saint-Exupéry disparaît

Domaine public/Wikimedia Commons
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Le destin funeste d'Antoine de Saint-Exupéry, lors de la Seconde Guerre mondiale, est l’une des grandes énigmes de notre XXe siècle. Disparu en mer alors qu’il accomplissait son devoir pour la France et pour la liberté, l’auteur du Petit Prince reste l’un des écrivains les plus aimés du siècle dernier.

Dernier vol de nuit

Le 31 juillet 1944, le soleil se lève à peine sur le village de Borgo, en Corse. Antoine de Saint-Exupéry se prépare pour sa dixième mission de reconnaissance au service des Alliés. Ces derniers préparent alors minutieusement leur débarquement en Provence afin d’ouvrir un second front pour libérer la France et l’Europe du joug allemand. Chaque information récoltée et chaque photographie du terrain sont d’une importance capitale pour la bonne réalisation de ce plan.

Aux commandes de son avion F-5 Lightning, l’écrivain s’envole pour ne jamais revenir parmi les hommes. Rien ne l’obligeait, pourtant, à repartir. Ayant déjà accompli son service envers la patrie, il était venu de lui-même apporter son aide auprès des forces alliées comme engagé volontaire. Selon son petit neveu, Olivier d’Agay, qui s'exprimait dans La Nouvelle République« Il a insisté pour revenir […] il a repoussé toutes les difficultés pour s’engager jusqu’au bout pour le pays. Il aurait pu se contenter d’un engagement moral et intellectuel mais il voulait mettre ses idées en pratique. C’était un homme d’action et de réflexion. Il disait : Qui suis-je si je ne participe pas ? Et que valent mes idées si je ne m’engage pas jusqu’au bout ? » Disparu mystérieusement en mer sans qu’on puisse trouver une quelconque trace de lui ou de son appareil, le romancier est officiellement déclaré « Mort pour la France » en 1948. Il est cité par le général de Gaulle à l’ordre de l’Armée aérienne à titre posthume.

Mystère et héritage

Le monde devra attendre une soixantaine d’années pour que le mystère de la disparition de Saint-Exupéry s'éclaircisse aux yeux de tous. En effet, à l’aube du nouveau millénaire, d’intrigants débris d’avion sont retrouvés en Méditerranée, ainsi qu’une gourmette en argent gravée au nom de l’écrivain et de son épouse. Après des fouilles sous-marines, une épave finit par être retrouvée et officiellement identifiée, en 2003, comme celle de l’avion de « Saint-Ex ». Mais si le destin fatal de notre héros est désormais clair, les circonstances qui ont fait choir l’écrivain et son appareil au fond de la Méditerranée restent inconnues. L’avion a-t-il été abattu par les Allemands ? De nombreux témoignages d’anciens soldats outre-Rhin s’avèrent factices. Et aucune preuve matérielle sur les débris retrouvés n’apporte de réponse aux questions posées.

Il nous reste en héritage de Saint-Ex non pas cette épave mais ses livres qui bercent encore aujourd’hui l’imagination de milliers d’enfants et d’adultes à travers le monde. L’exemple de son courage et de son sacrifice pour la France reste marquant, jusqu'en 2024. Olivier d’Agay rendant hommage à l'aviateur, soulignant que cette année est « particulière parce qu’il s’agit des quatre-vingts ans de sa disparition et ce sont aussi les quatre-vingts ans de la Libération. Donc, nous sommes un peu associés à cet événement. Saint-Exupéry est un exemple de combattant engagé. Il est mort pour la France, pour la défense de ses idées de liberté, de démocratie, de civilisation. »

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

11 commentaires

  1. L’avion F8 Liggtning était une »Ferrari » du ciel , plutôt délicat à piloter et réservé à des pilotes certifiés sur cet avion ; le commandant américain de la base était totalement opposé à confier cet avion à St Exupéri , le jugeant incapable de piloter correctement cet avion ; grâce à des appuis hauts placés St Ex a décollé ………

    • Saint-Ex avait obtenu une autorisation exceptionnelle de quelques vols car il avait dépassé l’âge légal des pilotes militaires. Sa mission du 31 juillet devait être la dernière. Elle le fut. Cela dit, il n’était pas notoirement reconnu pour être un excellent pilote, mais cela semble loin d’être lié à sa disparition. N’oublions pas que dans son ultime courrier, il affirmait être épouvanté par la « termitière future » et qu’il ne regretterait rien s’il était « descendu ». « Moi, j’étais fait pour être jardinier ».

  2. Au lieu de faire commenter les livres des pseudo écrivains à la mode, il faudrait faire lire à tous les français ( récents ou anciens) les livres du grand Saint-Ex. Mais pour cela a t on encore dans l’enseignement public des profs capables de faire une explication de texte de cet écrivain?

  3. Mon grand père était dans l’aéro navale et il a croisé plusieurs fois saintex comme il disait.
    C’était un homme fort sympathique, tout le monde savait par contre « qu’il cassait du bois « . Expression qui voulait dire qu’il n’était pas très bon pilote et qu’il avait donc endommagé + d’un avion. .

    • Oui, c’est vrai. il cassait beaucoup plus que la moyenne. J’ai eu la chance de connaître l’un de ses mécanos, basé en Corse , qui me montrait des photos et m’expliquait plusieurs mésaventures dues aux erreurs de pilotage de Saint-Exupéry. Déjà à Toulouse, Didier Daurat hésitait à l’embaucher et le fit trépigner d’impatience dans l’atelier pour tester sa détermination. Mais il était tellement attachant, à ce qu’il semble, que tous ceux qui l’ont croisé tombaient sous son charme, pourtant pas visible au premier coup d’œil.

  4. Saint Ex et Marcel Pagnol, deux Français, deux Grands hommes, parmi des milliers, que les pieds nickelés, auteurs de la cérémonie des JO, auraient pu choisir au lieu de célébrer « le trouple » et les drags Queen.

  5. Pagnol , ST exupéry et tant d’autres grands écrivains qui nous ont laissé un bel héritage . Et ST Exupéry , un héros a combattu pour ce pays et y a laissé sa vie . Tous ceux là méritent notre reconnaissance , ne les oublions jamais pour le bien qu’ils ont fait . Certains devraient s’inspirer de ces hommes qui ont fait preuve de courage pour sauver ce pays . Contrairement à nos politiques actuels qui bradent ce pays à l’ennemi , qui n’ont ni courage ni honneur , ni amour propre et qui sont la honte de la France .

    • Un héros qui a combattu l’Allemagne pour ce pays et y a laissé sa vie. Au moins lui a-t-il été évité le triste spectacle actuel de l’Allemagne triomphante à Bruxelles, maîtresse de l’Europe sous les yeux énamourés de Washington. 50 millions de morts pour rien.

  6. Fan de Saint Exupéry depuis toujours, tant pour son œuvre littéraire que pour ce qu’il représentait en tant qu’homme, je m’étais imposé, dès l’adolescence, d’être pilote, uniquement pour voler sur les traces de l’Aéropostale (Toulouse-Dakar). La vie m’a fait patienter jusqu’à près de cinquante ans avant de réaliser ce rêve. Et c’est là-haut que je mesurais vraiment le courage, aujourd’hui inconscience, qu’il fallait à ces aviateurs pour accomplir leurs missions. Nos coucous sont aujourd’hui équipés presque comme des avions de ligne (glass cockpit, autopilot, etc.), mais je peux vous assurer que plusieurs fois, comme le passage des Pyrénées, le passage de Gibraltar ou encore un vent de sable en partant de Cap Jubi pour Villa Cisneros, j’ai réalisé que peu d’entre nous seraient capables aujourd’hui d’être à la hauteur de ce qu’ils faisaient, pourtant uniquement par devoir.
    Saint-Exupéry le décrit parfaitement et avec une humilité incroyable dans ses écrits.
    Avec Mermoz et tant d’autres, ils ont ouvert la voie à ce qui aurait pu être une avancée inégalée pour la France, si ses politiques n’avaient pas été aussi couards.
    Célébrons ce grand personnage.

    • Cap Juby; aujourd’hui Tarfaya, au nord de Laayoun, et Villa Cisneros aujourd’hui Dakhla, magnifique petite ville, mais la principale au sud avant la Mauritanie.

    • Il suffisait d’en parler : notre président vient (enfin) de reconnaître, au nom de la France, la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, dont les deux principales villes sont Laayoun et Dakhla.
      L’aéroport de Dakhla est dirigé par les militaires de l’armée marocaine, et après m’y être posé après le vent de sable de folie, je devais me présenter à la tour. Je fais alors une bourde monumentale en parlant de « Sahara Occidental » devant cet officier. Ça a failli me coûter très cher, mais il faut préciser, à ma décharge, que venant de Laayoun où stationne un grand nombre de membres de l’ONU, j’avais passé la soirée à parler avec eux du « Sahara Occidental ».
      Enfin, c’est fait, preuve qu’il lui arrive de faire des choses correctement… même si c’est quasiment la seule.
      Maintenant préparons-nous à la réaction de l’Algérie… ça promet.

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