Une seule voie d’avenir pour la France : une Europe totalement refondée

Il s'agit, à présent, de se servir de la divine occasion du Brexit pour refonder totalement l'Europe, celle-ci ayant définitivement échoué pour s'être fourvoyée. Cette Europe nouvelle et vraie ne saurait exclure quiconque : ni l'Allemagne, ni le Royaume-Uni, ni (à terme) la Russie... Mais il ne pourra s'agir que d'une Europe des nations, y compris pour sa monnaie, sa défense, son économie, ses frontières, alors que l'Allemagne veut maintenir le système actuel qui lui est favorable et nous tue à petit feu. Depuis le discours de De Gaulle en 1949 ("Faire l’Europe avec pour base un accord entre Français et Allemands [puis] tout entière avec la Russie, dût-elle changer de régime"), certes visionnaire, les circonstances ont immensément changé : chute de l'URSS, réunification allemande, OTAN, mondialisation, euro, migrations de masse, islamisme, effondrement industriel, Chine. De Gaulle serait hostile à tout cela.

On oublie trop souvent que le Royaume-Uni s'est impliqué à l'origine des grands projets industriels communs (Ariane, Airbus), était prêt à construire avec nous avions et porte-avions, et qu'en revanche, désormais, pour son malheur, Airbus est aux mains d'un Allemand qui y a introduit un recyclé du... Pentagone. Que l'euro est allemand et que c'est notre erreur tragique de ne pas avoir entendu les Anglais qui avaient raison de proposer une monnaie commune. Que si le fusil de l'armée française est fabriqué - ce qui est un scandale national- en Allemagne, il n'arrivera jamais que l’Allemagne nous achète des Rafale: elle se fournira toujours aux États-Unis. Enfin, les dernières déclarations de politiciens allemands rejetant le quémandage par Macron d'un grand plan de relance étaient humiliantes : "pas de cadeau pour les Français". Ce voisin qui nous a fait trois terribles guerres d’agression en soixante-dix ans (deux millions de tués chez nous), jaloux de notre puissance politique bien supérieure (ayant fait échouer l’Union méditerranéenne), qui entendrait nous la faire payer économiquement, s’est placé sous la tutelle militaire américaine, a poussé – en couvant le très discutable régime ukrainien – à nous brouiller avec la Russie.

L'Allemagne n'est plus un ennemi mais un concurrent dominateur, voire méprisant. Elle ne nous apporte absolument rien (si ce n'est des millions d'immigrants) et, quand elle le peut, nous met des bâtons dans les roues, comme dans l'échec de l'Union de la Méditerranée. Le Royaume-Uni est soucieux de son intérêt (objectif qui nous échappe depuis Mazarin et Colbert, puis de Gaulle) mais nous avons beaucoup d'intérêts et de buts communs. Utilisons l'indispensable Angleterre pour mettre à bas la Commission européenne et reconstruire une Europe confédérale qui fonctionne de bas en haut et non plus de haut en bas. Ne soyons pas chimériques et défendons âprement l'intérêt national, pied à pied. Car ce n'est que comme cela que marche la politique étrangère.

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

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