À l'évidence, la question migratoire devient centrale en Europe. Le bras de fer de l'Italie avec la Commission européenne en est une preuve. On pourrait alors s'attendre, à neuf mois des élections européennes, à une campagne animée dans ce contexte explosif.

Il n’en est rien. Pour l'instant. Wauquiez propose quelques réformettes sans se mouiller, Castaner refuse, pour l’heure, d’être tête de liste LREM. Dupont-Aignan n’a pas encore choisi à qui il va faire cadeau de ses 5 %. Seul Olivier Faure, récemment élu à la tête du PS et aspirant à se faire connaître, se dit prêt à y aller. Ainsi, bien sûr, que les deux preux chevaliers du Frexit : Florian Philippot, président des Patriotes, et François Asselineau, avec son UPR.

Et ce n’est pas l'annonce récente d’une liste « humaniste », pour ces européennes, dirigée par deux éléphants des LR, Juppé et Raffarin, qui va réveiller l’intérêt des Français !

Leur désintérêt pour la politique est plus général, du reste. À la réflexion argumentée, ils préfèrent le « storytelling » médiatique. Quand Frédéric Taddeï annonce qu’à la rentrée, il passera à RT, les Français ne se demandent pas si, par hasard, la pensée libre ne serait pas en berne dans notre pays. Ils préfèrent croire à un complot poutinien de contrôle du monde. Quand éclate un scandale tel que le Parlement enquête sur les actions peu claires de l’exécutif, les Français préfèrent parier : Jupiter régnera-t-il longtemps encore sans partage dans les nuées de l’Olympe, ou l’affaire Benalla l’en a-t-elle déjà fait déchoir ?

Mais leur inconscient, terrorisé par les attaques quasi quotidiennes d’un ennemi de l’intérieur qui ne se cache même plus, parlera dans le secret de l’isoloir. En bénéficiera le parti le plus déterminé à protéger leur pays et la civilisation occidentale : le Rassemblement national, seul constant sur ces points capitaux, raflera la mise avec ENL, le parti européen le plus « salvinien ».

Mélenchon, qui lance ce 25 août des assisses politiques de rentrée « pour tous » à Marseille, voudrait bien jouer ce rôle-là, mais il ne le pourra pas. Loin d’une gauche ouvriériste protégeant ses nationaux de jadis, il est notoirement pro-immigration et pro-islam. Le fait qu’il exclue expressément le RN de ces "AMFiS d'été" est, du reste, significatif. Ce faisant, il fait le jeu de son adversaire déclaré, Emmanuel Macron.

Car un RN isolé et privé de ses fonds publics, même avec un bon score aux européennes, ne pourra pas être le leader de l’opposition pour les présidentielles. Et ce sera, en 2022, le scénario espéré par Macron : la gauche au faux nez libéral pourra garder le pouvoir…

Le seul moyen de l’éviter serait que les droites dans les murs et hors les murs, dans les clous et hors des clous, s’unissent sur un projet civilisationnel et crient enfin à leur tour plus fort que les euro-béats jadis raillés par de Gaulle: l’Europe, l’Europe, l’Europe !

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25 août 2018 à 12:24

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