Hortefeux : le nouveau Brice de Nice fait la leçon aux électeurs lepénistes !

Le grand homme a parlé. My name is Brice, Brice Hortefeux. L’oracle est rendu. Verdict à lire de près, car à côté, les Tables de la Loi, c’est le SAV d’Omar et Fred. Verbatim de la droite de droit divin, donc : "Notre ambition, c’est bien sûr de convaincre les électeurs du Front national qui sont souvent de bonne foi et qui ne sont pas des sous-citoyens de leur démontrer, leur rappeler, leur expliquer que voter Front national, c’est aller dans une impasse."

Tout d’abord, ce mépris de classe. Ou les électeurs lepénistes tenus pour nouvelle classe sociale dangereuse. Comprenez qu’ils pigent tout de traviole, mais qu’ils sont au moins - ce, au bénéfice du doute - de "bonne foi". Bref, des demeurés, des arriérés mentaux. Alors que lui, Brice, même pas de Nice, continue d’attendre la vague électorale à la baie des Anges. Comme Dick Rivers en slip jaune bouton d’or. Décidément, n’est pas Johnny Hallyday qui veut.

Mais, comme tout penseur mondain sachant un tant soit peu se tenir en société, Brice Hortefeux explique tout bien comme il faut, tentant même d’y mettre les formes : "Le Front national ne gagne jamais. Il n’a jamais eu de majorité législative, jamais gagné de région, de département, jamais gagné, et de très loin, la campagne présidentielle." Mépris de classe, toujours. Pour aller court, "il y a ceux qui ne sont rien", pour paraphraser l’actuel Président et les autres : lui, himself. What else, il est vrai.

Au fait, Hortefeux Brice est-il forcément l’homme le mieux placé pour donner des leçons de winne qui gagne ? Car si l’on résume, le RPR/UMP/LR, tous nains et pieds-bots confondus, combien d’Austerlitz et de pont d’Arcole ?

Parce que son grand homme, Nicolas Sarkozy, si l’on dressait son légitime droit d’inventaire… Écrasé dans les urnes, pourtant Président sortant, en 2012, par un François Hollande, pas exactement premier de la classe ou « meilleur d’entre nous », pour paraphraser la doxa chiraquienne.

Nicolas Sarkozy, dont les comptes de campagne présidentielle sont invalidés dans la foulée. Qui laisse son mouvement comme aire de jeux à Jean-François Copé et François Fillon, avec la ribouldingue et les vachettes qui s’ensuivent. Qui, se présentant à la primaire « républicaine » de 2017, n’atteint pas le second tour d’une élection interne à un mouvement dont l’appareil, lui, est pourtant en grande partie acquis.

Toujours à propos de second tour, ce François Fillon, pourtant porté par des réseaux puissants, en est réduit à voir s’affronter Emmanuel Macron et Marine Le Pen en finale. Pour appeler, toute honte bue et gueule de bois électorale pas tout à fait cuvée, à voter pour le premier contre la seconde ; alors que les résultats officiels n’ont encore pas été rendus publics par le ministre de l’Intérieur.

Est-ce bien sérieux ? Est-ce que ça sent si fort la « winne » qui « gagne » ? Dans le même temps, tous ceux qui ne souhaitent plus « gagner » pour de faux dans le camp de Brice préfèrent « gagner » pour de vrai dans celui d’Emmanuel. On ne saurait reprocher aux « gagnants » de se détourner de la machine à perdre.

Au fait, pour ramener Brice Hortefeux à un semblant de raison, ce petit sondage, enquête d’opinion dont le mari de Carla Bruni était naguère si friand : à en croire l’IFOP, les prochaines élections européennes de 2019 devraient voir la victoire de LREM avec 26 %, devançant le FN (17 %), alors que LR (12 %) serait distancé par LFI (14 %).

Certes, il ne s’agit que d’un sondage. Comme il ne s’agit que d’un Brice Hortefeux. Sûrement de « bonne foi », lui aussi. Une chance qu’à l’approche de Noël, tout puisse être pardonné. Fût-ce, et surtout, aux simples d’esprit.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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