Zoltán Kovács : « Nous croyons que c’est une vengeance, une vengeance politique ! »
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Deux semaines après le vote du Parlement européen visant à sanctionner la Hongrie pour "violation grave de l'État de droit", Boulevard Voltaire a interviewé Zoltán Kovács, porte-parole du gouvernement hongrois.
Né en 1969, historien de formation, Zoltán Kovács a été ministre du gouvernement de l'Intégration sociale de 2010 à 2013 et ministre de la Communication gouvernementale et des Relations publiques de 2013 à 2014. Un entretien exclusif de Boulevard Voltaire.
https://www.youtube.com/watch?v=hgDOabZFhz0&=&feature=youtu.be
Le reste de l'entretien est à lire ici.
L’Union européenne a décidé d’appliquer l’article 7. Comment votre gouvernement, et surtout comment le peuple hongrois perçoit-il cette initiative ?
Tout d’abord, vous devez savoir qu’il s’agit plutôt du Parlement européen, poursuivant une chasse aux sorcières et un processus politique, qui a décidé de déclencher l’article 7, mais aucune enquête n’est encore enclenchée contre notre pays.
Nous croyons que c’est une vengeance, une vengeance politique venant d’une partie du Parlement européen et nous y allons très certainement [au déclenchement de l’article 7, NDLR].
Nous doutons encore que la décision du Parlement européen était légale et nous avons demandé à la Commission européenne de se pencher sur ce point. Mais, bien sûr, nous allons nous défendre sur le contenu du rapport [du Parlement européen, NDLR].
Nous savons tous que le contenu de ce rapport est, pardonnez mon langage, de la foutaise. La plupart des déclarations, la plupart de ce que vous lisez dans ce rapport est en partie obsolète et en partie un simulacre de procès qui provient plus de différends politiques plutôt que basé sur des faits concrets.
Le Parlement européen reproche à votre gouvernement de mettre en péril l'État de droit en Hongrie. Que répondez-vous à cette grave accusation ?
Malheureusement, nous voyons les gauchistes et les libéraux utiliser le droit des libertés, l’État de droit contre ceux qu’ils n’aiment pas. Cela dit, nous pensons, comme je vous l’ai mentionné, qu’il s’agit d’une vengeance politique. Le contenu des accusations est faux et il n’y a pas de problème avec l’État de droit en Hongrie.
Votre Premier ministre a évoqué les racines chrétiennes de l’Europe comme notre héritage commun. Un héritage que certains nient ou voudraient voir disparaître…
J’adhère bien évidement à cela. Si vous regardez l’histoire de l’Europe, tout que ce qui est si cher à nos yeux, tout ce que nous admirons – notre liberté, notre façon de vivre, l’État de droit que vous avez mentionné -, notre héritage historique et culturel, nous vient de notre héritage religieux et culturel judéo-chrétien. Nous voudrions garder cela. Toutes les tentatives pour les remplacer par autre chose, nous pensons que cela est mauvais pour l’Europe.
En Europe, il semblerait qu’un nouveau front est en train de se créer, Macron et Merkel d’un côté, Orbán et Salvini de l’autre. Cette grille de lecture est-elle exacte, selon vous ?
Tout d’abord, vouloir se débarrasser de nos traditions, et particulièrement des fondations des traditions européennes, n’a rien à voir avec le progrès (ou n’est absolument pas progressiste). Vous devez faire attention aux mots utilisés pour décrire les partis politiques ou comment les politiciens ou les idées politiques se définissent eux-mêmes.
Nous pensons que l’avenir de l’Europe devrait reposer sur les bases des pères fondateurs de l’Europe, dans les années 60-70, et nous ne croyons pas qu’un point de vue ou une approche qui voudrait enlever cela est un progrès. Alors oui, nous avons vu monsieur Macron proposer un programme qui se dit progressiste mais il s’agit plutôt, à nos yeux (d’après nous), d’une obsession mondialiste et d'une vision fédérale de l’Europe. Nous ne croyons pas que cela arrivera et nous ne croyons pas que c’est bénéfique pour l’Europe. Nous croyons qu’un euro plus fort ne peut être atteint qu’avec des États forts. Ceci dans la lignée, comme je l’ai mentionné, de l’idée originelle des pères fondateurs.
Beaucoup de citoyens français approuvent la politique de Viktor Orbán. Est-ce que vous pensez que l’avenir de l’Europe est, justement, au retour des États-nations avec des frontières sérieuses ?
Chaque nation, chaque pays doit décider pour lui-même. Nous n’ordonnons jamais, nous n’avons pas la prétention de savoir ce qui est mieux pour les Français, les Allemands ou pour qui que ce soit. Ce que nous savons, c’est qu’il y a un énorme fossé entre la volonté des peuples et ce que nous voyons de la part des soi-disant élites de gauche en Europe de l'Ouest. Ce fossé devrait se refermer et nous pensons sincèrement que la Hongrie montre l’exemple de ce que les gens pensent vraiment au sujet de la politique en Europe aujourd’hui et quels sont les vrais intérêts de l’Europe.
Votre gouvernement vilipende régulièrement l’action du milliardaire George Soros, pointant son influence négative dans les relations internationales. Que lui reprochez-vous exactement ?
Premièrement, M. Soros est venu sur le terrain de la politique clamant qu’il pouvait prendre des décisions politiques ou, tout du moins, influencer des décisions politiques sans avoir aucun mandat démocratique. M. Soros et son organisation n’ont absolument jamais participé à aucune élection démocratique. Ils n’ont jamais reçu aucun mandat du peuple et les deux douzaines ou centaines de personnes qui travaillent pour les ONG qu’il soutient et utilise pour ces projets n’ont aucune empreinte démocratique. Notre démocratie se fonde sur la volonté du peuple et au travers des élections démocratiques. Nous faisons face aux affirmations de M. Soros qui prétend qu’il a plus de droit de se prévaloir de la voix du peuple que ceux qui ont été démocratiquement élus. Mais, qui plus est, M. Soros s’est fait lui-même politicien, par ses discours et sa philosophie il veut détruire nos traditions et notre culture européenne. Il est mondialiste et est contre les Etats-nations.
Avec l’application de l’article 7, quel avenir pour la Hongrie au sein de l’Union européenne ?
C’est une question qui revient souvent, mais rappelez-vous que nous avons toujours fait partie de la famille des pays européens, nous sommes une partie de l’Europe et, bien entendu, de l’Union européenne. Mais lorsque nous sentons qu’il y a un problème, lorsque nous sentons que quelque chose devrait être changé, nous essayons toujours de pousser pour un changement de direction de l’intérieur. Non, nous n’allons pas quitter l’Union européenne car cela n’aurait pas de sens. Nous faisons partie intégrante de l’Europe. Nous défendrons toujours notre propre version et interprétation de la réalité.
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