« Le bac ne vaut plus rien », entend-on souvent dire. Plainte nostalgique, suscitée à la fois par le sentiment d’un déclin irréversible et le mythe d’un examen créé le 17 mars 1808. Il avait déjà la double particularité de sanctionner la fin des études secondaires et d'ouvrir l'accès à l'enseignement supérieur.

Certes, le baccalauréat s’est démocratisé, ses sections se sont multipliées, ses épreuves transformées. D’aucuns estiment, non sans raison, qu’il s’est dévalorisé du fait d’une massification mal maîtrisée, d’une idéologie égalitariste conquérante, d’un laxisme généralisé – sans oublier une dose de démagogie.

Les épreuves 2017 du baccalauréat viennent de se terminer, avec leur lot habituel de couacs : rumeurs de fuites, erreurs dans la distribution ou dans les énoncés des sujets, questions hors programme. Ce qui mériterait une enquête, impliquant toute la chaîne des responsabilités.

Ces dysfonctionnements – fussent-ils finalement peu nombreux au regard de l’énorme logistique du baccalauréat – nourrissent la demande récurrente d’une réforme du baccalauréat. Justement, dès son arrivée, Jean-Michel Blanquer, le nouveau ministre, a annoncé vouloir le moderniser et le remuscler : il comporterait quatre matières obligatoires – au lieu d’une dizaine actuellement –, les autres disciplines étant validées par le contrôle continu. Ce projet suscite déjà des critiques.

Les uns dénoncent la perspective d’une nouvelle chute de niveau, un contrôle continu qui transformerait cet examen national en examen d’établissement, de valeur inégale – oubliant que les élèves, dans le cadre de la procédure APB (admission post-bac), reçoivent des propositions d’affectation avant d’avoir passé le bac. D’autres estiment qu’une telle réforme serait trop timide, qu’il faudrait que le bac évaluât l’acquisition de compétences, autour d’un socle commun élargi au lycée : ils rêvent d’un lycée unique !

En fait, le problème vient de l’inadéquation du bac actuel avec ses deux objectifs initiaux : diplôme de certification des études secondaires et premier grade universitaire donnant accès à l’enseignement supérieur.

S’il n’était qu’un diplôme de fin d’études, quel inconvénient à développer différentes formes de contrôle continu ? Sans doute des disparités pourraient-elles se produire entre établissements, mais le ministère fixerait des normes. Du reste, quand on voit certains barèmes au bac, on peut se demander si une évaluation effectuée en cours d’année serait nécessairement plus indulgente.

Mais le bac est aussi le sésame qui donne accès au supérieur. Et la porte s’ouvre trop facilement. Résultat : si de nombreux étudiants choisissent une voie appropriée, beaucoup n’obtiennent qu’une filière par défaut ou inadaptée à leurs capacités et, pour une grande partie, échouent dès les premières années. Les universités, pour limiter les dégâts, sont contraintes de jouer les prolongations du lycée.

Si l’on veut y remédier, il n’y a que deux solutions. Se résigner au statu quo et créer dans les universités, sans trop le clamer, des filières sélectives plus ou moins déguisées. Ou faire du baccalauréat un examen terminal qui évalue, dans une dominante, l’acquisition des savoirs et des méthodes nécessaires pour faire des études supérieures avec une chance raisonnable de réussite. Dans cette optique, l’idée de limiter le nombre d’épreuves obligatoires ne serait pas incongrue, les autres disciplines faisant l’objet d’un contrôle continu.

Une telle solution permettrait, si le gouvernement en avait la volonté politique, d’accroître les exigences, de diversifier les filières, de mieux orienter les élèves, bref, de rompre avec l’idéologie égalitariste qui est la première cause du déclin de l’enseignement et de la sélection par l’échec. Mais cela, ce n’est pas demain la veille !

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25 juin 2017 à 13:21

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