[Vive la France] Ils (re)créent du lien intergénérationnel

Ils se destinaient à travailler dans la finance, mais ils ont eu à cœur de travailler dans un projet porteur de sens.
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Ils se destinaient à travailler dans la finance et les salles de marché, mais ils ont eu à cœur de travailler dans un projet porteur de sens. Quatre jeunes diplômés d'écoles de commerce ou d'ingénieur se sont ainsi associés pour lancer, en 2023, leur start-up ColombAge, une plate-forme hébergée par l'incubateur Station F, proposant des colocations intergénérationnelles. Paul Schneider, cofondateur, confie à BV : « On voulait s’investir dans un projet plus transcendant qui contribuait au bien commun, c’est une notion qui nous est très chère. »

Par leurs services à visée profondément sociale, les quatre fondateurs, inspirés d'une éthique chrétienne, permettent ainsi à des jeunes de « se loger de façon décente et abordable afin d’alléger les charges bien souvent encore supportées par leurs parents », indique Jean-Baptiste Serot, président et fondateur de ColombAge. « Aujourd’hui où nous revenons de plus en plus à une société qui a besoin de se recentrer sur des valeurs, ColombAge croit dans une société où les générations vivent ensemble. »

Entraide mutuelle

Un projet gagnant-gagnant, puisqu’en échange de menus services (sortir les poubelles, faire quelques courses, changer une ampoule ou simplement passer un peu de temps), l'étudiant ou le jeune actif peut accéder à un loyer modéré, et l’aîné, de son côté, bénéficier d’une présence rassurante. « Plus les tâches sont nombreuses et plus le loyer est dégradé », explique Paul Schneider.

Si, entre 2017 et 2022, le nombre de personnes âgées isolées a plus que doublé, s’élevant à plus de deux millions aujourd’hui, parallèlement, l’offre immobilière est si tendue qu’en septembre dernier, il manquait pas moins de 250.000 logements pour les près de trois millions d’étudiants. Une offre d’utilité publique que propose cette plate-forme labélisée économie sociale et solidaire, qui remédie à la fois, au problème du mal logement des uns et à l’isolement des autres. Les formules sont à la carte, au terme d’un entretien avec chacun, afin de « trouver le match parfait ente le senior et le jeune », ajoute Paul.

Cohabitation vertueuse

Une centaine de ces colocations enrichissantes s’est déjà établie à Paris, Lille et Nice. Et l’équipe, solidement entourée de consultants et directeurs de pôles, travaille à développer ce concept innovant à Bordeaux, Strasbourg et Lyon. En outre, de belles histoires sont à raconter autour de ces colocations. « On en a plein ! », s’enthousiasme Paul, qui évoque comme exemple parmi tant d'autres sa logeuse. Une personne qui a beaucoup souffert de solitude pendant la crise du Covid, n’osait plus sortir de chez elle et a réappris à vivre aux côtés d’une présence bienveillante ; en témoigne son médecin traitant qui a pu constater que son état de santé s’était nettement amélioré depuis cette cohabitation vertueuse.

Faire cohabiter des générations dont le rythme, les besoins ou le mode de vie s'opposent aurait pu relever du défi, et pourtant, quelle plus belle métaphore, in fine, que celle utilisée par Paul pour résumer leur initiative : « Le colombage, c’est un alliage de deux matériaux, le bois et le torchis, deux matériaux qui a priori n’ont pas vocation à s’allier. Mais malgré la distance qui les sépare en terme d’aspect, un bel alliage se fait et crée de belles maisons chaleureuses, accueillantes, belles à regarder. »

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Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Je n’aime pas l’idée, je l’adore !
    À partir de mes 16 ans, j’ai connu jusqu’à la fin de mes universités, ce qu’on appelait « la chambre en ville ».
    Il est vrai que « boomer du Nord », je poursuivait mes études dans des établissements catholiques en Belgique, où cette méthode était très prisée.
    Je n’en ai que de bons souvenirs et des belles rencontres.

  2. Il faut faire preuve d’imagination à défaut d’avoir les fonds nécessaires . Aujourd’hui le système des aides sociales ne correspond plus aux besoins de la société française. Il sert à attirer plus de migrants encore, entretenir le désoeuvrement et aggraver la dette . Ces initiatives sont les bienvenues mais devraient être aidées par les collectivités locales

  3. Excellente idée, je suis sûr que ça marchera bien, car cela correspond à un vrai besoin = Les 2 générations ont tout à y gagner, menus services de part et d’autre, loyer partagé, isolement évité pour les uns, apport de connaissances et d’expérience pour les autres, pas d’empiètement des uns sur les autres, que du positif.

  4. Qui plus est, le colombage résiste au temps. J’en veux pour preuve les innombrables maisons éponymes qui tiennent encore le haut du pavé dans beaucoup de villes et régions. Bravo à ces jeunes.

  5. La plus grande civilisation de l’humanité (sciences, philosophie, arts, techniques) la Grèce hellénistique savait bien que chaque ancien est dépositaire d’un trésor accumulé d’expérience, de sagesse, et de connaissances et qu’il était indispensable de le transmettre aux jeunes : on appelait ce lien :  »agogé ». Serions nous plus évolués intellectuellement qu’Athènes ? Mais oui : nous avons le foot, les télé-réalités, les smartphones et l’IA !

  6. Un quadrige bien trop blanc, philanthrope et pétri de valeurs, tout ce que certains détestent et considèrent comme des tares. Autant dire que ce n’est pas gagné d’avance. Bon courage à eux car il leur en faudra.

  7. L’idée est super et peut effectivement rendre service aux uns et aux autres mais y a t’il des visites ou un suivi pour s’assurer que ces personnes vulnérables qui ouvrent ainsi leurs portes sont bien traitées .

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