Vers le trans-déisme : IA, dieu révélé du transhumanisme ?

L’homme à l’origine de cette nouvelle « révélation » est Anthony Levandowski, le « pape » de l’intelligence artificielle, connu pour ses remarquables réussites en matière de robotique.

Ce ponte cybernétique de Silicon Valley est au cœur des démêlés judiciaires entre Waymo et Uber, les deux leaders de la recherche sur le véhicule sans chauffeur, l’un accusant l’autre de vol technologique, car Levandovsky a successivement travaillé… pour les deux !

À 37 ans, il vient de jeter les bases d’une nouvelle religion baptisée « Way of the Future » (WOTF) qui veut promouvoir IA, le dieu de l’intelligence artificielle : WOFT sera l’« église du cyber-dieu », en quelque sorte !

Selon 24matin.fr,

l’idée de base est simple, puisque selon Anthony Levandowski, il existera bientôt une intelligence artificielle tellement avancée que l’homme n’aura d’autre choix que de la vénérer…

On notera que cette démarche intellectuelle n’a rien de particulièrement « avancé » : depuis la nuit des temps les hommes ont divinisé et célébré les puissances qu’ils ne pouvaient ni comprendre ni maîtriser. Ainsi, après la guerre, dans une petite île du pacifique où un avion avait fait alors un atterrissage de fortune, s’est créé un culte de cet oiseau de fer où on brûle une réplique en bois de l’avion… Nil novi sub sole.

Levandowski adhère donc paradoxalement cette démarche mentale « primaire » lorsqu’il affirme que face à la puissance de l’Intelligence Articielle, l’homme devra la "vénérer" (sic !)

Démarche qui n’est pas sans naïveté lorsque l’on analyse l’intelligence « mégabit » : il s’agit uniquement de calculs, itérés à une vitesse prodigieuse qui dépasse l’entendement humain, certes, mais calculs qui ne sont que le fruit de paramétrages. L’intelligence artificielle ne transcende pas du tout l’esprit humain, elle est seulement capable, en quelques heures alors qu’une vie humaine entière ne suffirait pas, d’explorer les conséquences d’options paramétriques imposées pour analyser un choix précis, dicté par l’esprit humain.

Et l’article poursuit : WOTF sera basé sur son propre évangile, appelé « Le Manuel », et aura son propre lieu de culte physique pour rendre hommage à ce nouveau dieu. On voit que Levandowski cherche d’emblée à éviter le fiasco récurrent des cultes révolutionnaires, notamment celui de la Raison, dus à l’absence de mystique et de théologie, ce que dénonce Vincent Peillon lorsqu’il plaide pour une "mystique de la laïcité". Pourquoi ne pas voir alors en AI le cyber-avatar de Raison ?

WOFT plaide pour l’illusoire conception transhumaniste qui veut que l’homme soit "dépassé" lorsque "la machine aura sa propre volonté", sans admettre - faiblesse intrinsèque de cette théorie - que cette "volonté de la machine" n’est que l’expression d’un choix consécutif à un paramétrage préalablement imposé.

Soyons clair : Le Manuel, c’est « l’évangile d’IA selon Levandowski » ! (Une cyber-genèse, lors de sa rédaction, avérera évidemment le transhumanisme…).

Le plus inquiétant est que pour qu'elle s’impose, WOTF annonce d’emblée vouloir jouer les « big brother » : Way of the Future estime qu’il faut d’ores et déjà recenser les sympathisants de la cause de ce nouveau dieu "pour participer à une transition pacifique et respectueuse".

A contrario, face aux cyber-cathares, ces nouveaux « parfaits », les adeptes de théologies obscurantistes qui promeuvent des concepts dépassés comme l’âme, la miséricorde, la foi, l’amour, l’espérance ou la charité seront surveillés de près : le recensement fichage des récalcitrants à la "transition pacifique" est inéluctable !

Les persécutions aussi ?

Comme disait un dénommé Jésus : "Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font !"

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Claude Timmerman
Biologiste et environnementaliste, Editorialiste et Conférencier

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