Valérie Boyer : « Si on fait le compte des ministres qui ont dû partir parce qu’ils avaient des casseroles… »
Réaction de Valérie Boyer après la démission de Jean-Paul Delevoye de son poste de haut-commissaire aux Retraites.
Aujourd’hui, Jean-Paul Delevoye a présenté sa démission. Elle a été acceptée par le gouvernement. Cette démission était-elle inévitable ?
Je suis surprise qu’il ait duré autant de temps, voire qu’il ait pu entrer au gouvernement. Ces jours derniers, un rapport de 2014 a été découvert et accablait la gestion du CESE, lorsqu’il en était le président. Je rappelle que Jean-Paul Delevoye est sous le coup d’une condamnation pour ne pas avoir pris en compte les courriers lors de la Manif pour tous au moment de la loi Taubira. Personne ne le dit, mais c’est la réalité.
J’avoue que je ne comprends pas sa double infraction. La première est de ne pas avoir déclaré à la haute autorité. L’autre est d’avoir cumulé des rémunérations à une fonction de ministre, alors que c’est anticonstitutionnel. Il ne peut pas l’ignorer. Nul ne peut l’ignorer dans la vie publique.
Ça nous dit quelque chose de l’état d’esprit de la macronie. On nous dit que le cumul est la pire des choses et que personne ne peut cumuler. Je rappelle qu’un parlementaire ne peut même pas être adjoint au maire d’une petite ville. En revanche, monsieur Delevoye, haut commissaire, cumulait treize mandats, dont deux rémunérés, avec de supposés conflits d’intérêts. On verra ce que la justice dira. Anticor a été saisie et mon collègue, Alain Marleix s’en est ému également. Il est donc absolument incroyable d’en arriver à cette situation.
En fin, je ne comprends pas bien que l’on puisse nous dire que monsieur Delevoye est celui qui connaît le mieux les retraites. On nous avait dit que pendant 18 mois il avait magnifiquement concerté. À peine arrivée au gouvernement comme haut commissaire, le président de la République l’a poussé d’un revers de main en disant « c’est moi qui vais faire le grand le débat sur les retraites et enjamber la réforme des retraites comme j’ai pu le faire précédemment avec le grand débat pour les élections européennes ». Je suis très surprise du bazar mis dans cette réforme. Elle est mal préparée et mal ficelée. Elle met la France dans la rue. Elle est extrêmement anxiogène et surtout particulièrement injuste. Si c’est monsieur Delevoye qui s’y connaissait le mieux, c’est particulièrement inquiétant pour la suite.
Comment expliquer que le gouvernement ait maintenu aussi longtemps Jean-Paul Delevoye à son poste ?
Je suis dans l’incompréhension totale sur la façon dont le gouvernement gère les choses.
Depuis une semaine, les ministres ont défilé les uns derrière les autres pour dire combien monsieur Delevoye était formidable. Ils ont dit à tout bout de champ qu’il était étourdi, mais qu’il était de bonne foi. Ils ont rendu justice, alors même que la macronie a été fondée sur la moralisation de la vie publique. Dès qu’on touche un proche du président Macron, on s’aperçoit que Bayrou est charmant, madame Goulard est formidable, Delevoye est de bonne foi.
Je pense que le deux poids deux mesures d’Emmanuel Macron sur la moralisation et sur la probité est quelque chose d’absolument assommant. C’est une démonétisation de la parole publique, un abaissement de l’autorité de l’État et surtout cela aggrave la crise de confiance. Emmanuel Macron abîme beaucoup les institutions et les fonctions. Quand on fonde son ministère sur la vertu et la morale et qu’on n’est pas soi-même exempt de toutes ces difficultés, cela crée un malaise persistant. Au moment où on annonce des réformes difficiles, avec beaucoup d’injustice à la clé et un manque de courage politique, cela m’inquiète beaucoup pour la suite.
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