[UNE PROF EN FRANCE] Le renouveau éducatif par les écoles indépendantes
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J’ai récemment eu l’occasion de participer à une rencontre singulière, réunissant une vingtaine de directeurs d’écoles indépendantes. J’y ai découvert un panel de personnalités aussi diverses que passionnées, chacune porteuse d’une vision singulière de l’éducation, mais toutes unies par un même idéal : la transmission, celle qui élève, libère et forge des esprits autonomes. Ces directeurs, pour la plupart enseignants, partagent la conviction profonde que chaque enfant mérite un parcours adapté à sa singularité.
Pendant ces rencontres, les pédagogies actives ont occupé le devant de la scène. Développées au tournant du XXe siècle par des figures telles que Maria Montessori, Célestin Freinet, Ovide Decroly ou encore Rudolf Steiner, ces approches prônent un apprentissage où l’enfant n’est pas un simple réceptacle mais l’acteur principal de son savoir. Elles valorisent l’autonomie, l’expérimentation, la liberté d’expression et la responsabilisation, en rupture avec les pratiques plus rigides de l’école traditionnelle. Si ces pédagogies innovantes suscitent parfois la controverse, il serait dommage d’ignorer la vivacité qu’elles apportent dans le débat scolaire.
Éducation standardisée
On pourrait espérer que, par un souci louable de remise en question, l’institution publique s’ouvre à ces pratiques alternatives, qu’elle s’en inspire pour enrichir les approches actuelles. Pourtant, ces pédagogies restent aux portes de l’école de la République, perçues souvent comme un écart par rapport à une norme éducative qui, au fil des décennies, s’est durcie, corsetée dans un moule d’uniformité. À force de standardiser l’éducation, on en vient à oublier que les enfants, comme les adultes, sont fondamentalement uniques et que chaque individualité requiert une attention spécifique. Cette uniformisation pousse l’enfant dans des cadres parfois trop étroits pour accueillir ses talents ou répondre à ses besoins propres.
Certains rétorqueront, avec un brin de nostalgie, que l’école « d’avant » était performante, qu’elle formait des esprits solides. On pourrait répondre en évoquant Le Petit Chose de Daudet, Les Faux-Monnayeurs de Gide ou L’Enfant de Vallès… mais surtout, en n’oubliant pas que cette école, pour laquelle on peut avoir de la tendresse, n’est plus, et qu’elle laissait aux enseignants une liberté pédagogique que l’on peine à imaginer aujourd’hui. Les professeurs avaient autrefois une marge d’autonomie précieuse qui leur permettait de choisir leurs méthodes, autant que leurs programmes dans une certaine mesure. La finalité était d’atteindre un objectif commun, mais le chemin était à leur discrétion. Aujourd’hui, cette souplesse semble révolue, remplacée par des programmes ultra-directifs, des manuels standardisés, des parcours d’apprentissage rigides qui laissent peu de place à l’initiative.
Face à cet état de fait, il serait peut-être opportun de repenser les options qui s’offrent aux parents. Permettre à chaque famille de choisir la pédagogie qui correspond le mieux à leur enfant, en fonction de ses besoins spécifiques, pourrait être une solution. C’est en ce sens que l’on pourrait enfin rouvrir le débat du chèque scolaire ou du chèque éducation, un dispositif qui, dans plusieurs pays, a montré son efficacité.
Les modèles d’enseignement évoluent, les attentes des familles aussi. Nous attendons toujours les premières décisions de notre nouveau ministre. Pour l’instant, c’est le calme plat…
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15 commentaires
Bonjour Virginie. Comme annoncé, me « revoilà « . « la transmission, celle qui élève, libère et forge des esprits autonomes » . Vous résumez là l’objectif de tout enseignant. Chaque mot a une profonde signification pour celui qui veut prendre la peine de s’y attarder. Mais votre texte nous oblige a ne pas suspendre notre vol tant il est riche d’idées. Pour vous résumer , impact de la pédagogie sur l’instruction de l’enfant. Une instruction qui peut générer une part d’éducation laquelle doit conduire progressivement aux comportements adaptés, tant en présence d’un texte que dans la vie courante. Facultés déficientes chez nos aux enfants contemporains. » …chaque enfant mérite un parcours adapté à sa singularité. » . Grande sagesse et humilité dans cette remarque mais combien exigeante pour l’enseignant. Il ne s’agit plus de faire descendre l’enseignement à grands coups de pioches mais de gratter le sol avec précautions. En rechercher les perles avec délicatesse. Ce qui oblige à deux pas vers pour un pas en recul. Et là, beaucoup d’enseignants affichent leur faiblesse , le cours magistral inadapté à l’enfance. Une enfance chez qui prennent naissance des embryons de personnalité qui ne demandent qu’à surgir. Il faut savoir les entendre, les écouter, les comprendre, les réorienter si nécessaire ou les encourager. L’art d’enseigner. Je ne découvre et n’invente rien. Face aux adultes le Chef est confronté aux mêmes exigences. Il présente son projet. Il est controversé, chacun doit s’efforcer de faire le , les pas nécessaires au consensus recherché. Avec l’enfant, la démarche est plus délicate si la conscience exige de ne pas formater outre mesure. Former mais ne pas formater. Laisser toute la souplesse nécessaire à l’esprit de l’enfant en curiosités. Le laisser s’interroger sur un canal donné. Produire de l’ouverture d’esprit. « chaque individualité requiert une attention spécifique. » . Vous enfoncez le clou. Mais quelle adresse nécessaire à l’application ! Quelle finesse dans l’approche ! Ce qui implique de communier avec l’enfant. Exigeant, très exigeant. Tous les enseignants en sont-ils en potentialités ? Oui, le passé était porteur de cette souplesse nécessaire à l’enseignement. Les idéologies de dominants ont progressivement détruit cette approche positive. Les « sachants » , toujours aux manettes, irréductibles, jusqu’à nier des évidences. Par exemple, ils n’ont jamais reconnu que l’apprentissage de la lecture par la méthode globale était un désastre qui conduit à supprimer les épreuves de français dans les concours d’entrée dans les grandes écoles. Quel déclin ! J’ai bouclé Virginie. Il me faut cesser. Bonne semaine et bon courage.
Chèque scolaire ? l’idée est tentante, mais… les parents capables d’en profiter pour choisir se débrouillent déjà, soit en mettant leurs enfants dans le privé, soit en prenant une part active dans leur éducation. Les autres, il est à craindre qu’il ne choisissent pas la meilleure école pour leur enfant, mais celle qui aura fait la pu la plus racoleuse. Et encore faudra-t-il que ces chèques ne puissent être encaissés que par l’établissement scolaire : sinon, ce sera comme les allocations, ça servira pour acheter un smartphone ou pour faire réparer la voiture.
Une de mes connaissances a envoyé ses cinq enfants dans une école Steiner.
Pour deux d’entre eux ce fut un échec, car dans ce type d’enseignement, l’enfant doit s’investir. Or là, la liberté proposée a été un pretexte pour ne rien rien faire.
Méthodes innovantes et liberté pédagogique oui, mais l’enfant a besoin d’être cadré et recadré, surtout avec les populations actuelles.
Quand je lis « ces approches prônent un apprentissage où l’enfant n’est pas un simple réceptacle, mais l’acteur principal de son savoir », je pense à la réforme Jospin de 1989, inspirée par l’idéologie pédagogiste, qui voulait que l’élève construise lui-même ses savoirs. On en voit aujourd’hui les conséquences avec l’effondrement du niveau des élèves.
Bonjour Virginie. Quelques mots entre deux portes et je reviendrai vers vous. Inquiétudes… Pas de Virginie ce lundi. Je vous voyais déjà embastillée. Pensez donc … Chagriner le mammouth. On est en droit de se poser des questions lorsque l’on observe l’attitude de certains enseignants en présence et suite à l’agression de l’une de leur collègue. Le ver est dans la pomme. Le ver est dans la pomme. A+ Virginie.
Les jeunes professeurs actuels, eux-même résultat de la baisse de niveau, ont-ils les capacités de choisir leur pédagogie ? Quand on constate le niveau de beaucoup de professeurs des écoles, rarement bons en maths et français, je suis guère optimiste.
» Aujourd’hui, cette souplesse semble révolue, remplacée par des programmes ultra-directifs, des manuels standardisés, des parcours d’apprentissage rigides qui laissent peu de place à l’initiative. » C’est peut-être le cas en primaire mais la liberté pédagogique existe bien en secondaire. Encore faut-il s’en saisir …
Il y a des silences assourdissants mais qui en disent long…
Oui calme très plat merci pour cet article.
Personnellement , je pense qu’enseigner c’est transmettre, ce que j’ai fait pendant plus de 30 ans à des étudiants en médecine, et je ne crois pas que ces jeunes étaient capables de se faire leur enseignement comme le voudraient les pédagogistes, l’enfant au centre qui se fait son savoir, foutaise, que peut on créer à partir de rien.
J’ai fait de la formation Continue auprès de médecins ( ces derniers étaient « moins pire » -comment on dit dans le Centre de la france profonde- que les IDE, Infirmières et aides Soignantes, je le reconnais, mais cela paraît normal) .
J’avoue avoir été déçue non seulement par le niveau de mes stagiaires , mais aussi par leur manque d’éthique (que j’enseignais à la demande des établissements qui s’en rendaient compte) au point de ne même pas en connaître la définition, mais aussi le manque d’humanité surtout dans les services de gériatrie et dans certains EHPAD.
j’ai pris ma retraite de formatrice pile à la date à laquelle je pouvais arrêter, tant j’ai été horrifiée par certains groupes (j’ai adoré le dernier groupe qui m’a permis de partir avec un excellent souvenir.)
Vous avez bien raison de pointer le manque d’humanité et d’éthique des « carabins »: Peut-être est- ce le découpage des cochons puis des cadavres qu’on leur impose dans le cursus ( je ne cite même pas les salles de garde ) qui leur grille durablement une partie du cerveau ? Et ça doit être pire pour les apprentis chirurgiens ! En tant que témoin patient(e), j’ai en effet constaté ce cynisme, absolument inverse à leur promesse, sous des grands sourires commerciaux. N’a-t-on pas récemment levé des lièvres concernant des hospitaliers violeurs de gosses ?
L éducation nationale ne veut pas de ces pédagogiques. Elle veut uniformiser vers le bas pour crétiniser le peuple et créer une sorte de fourmilière humaines : des ouvriers corvéable à souhait, jetables quand ils seront trop vieux ou trop malade pour des reines (nos élites) toujours assoiffées de pouvoir et d argent. Bref une sorte d organisation communiste pour le bas peuple ou sans dents et le libéralisme économique, social , sexuel etc pour les nantis.
Les enseignants de gauche pensent que tous partent avec les mêmes capacités et toutes les réformes récentes n’ont eu qu’un but, arrêter la sélection, casser les bons. Pourtant il serait possible de garder un système sélectif tout en accompagnant mieux ceux qui ont des difficultés. L’intelligence est principalement génétique et ce sont souvent les parents qui encouragent. Ils ont tout faux !
OBJECTIF atteint avec SUccès . « on » a commencé à dévaloriser l’apprentissage des métiers manuels » dès 1969 et baisser le niveau « pour que tout le monde ait son bac »
on voit le résultat aujourd’hui : les Pme/tep ne trouvent pas de personnel qualifié pour remplacer =ceux partis à la retraite .