[Une prof en France] En ce temps de Noël, un peu de baume sur nos cœurs

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Trois mois d'efforts commencent à porter leurs fruits : mes élèves se mettent au travail. Alors que tant de leurs camarades ont regardé des films, jeudi et vendredi, ils ont participé avec un enthousiasme notable au défi grammatical que je leur ai proposé. E., un garçon décrocheur, qui passe d'ordinaire plus de temps à dormir en classe qu'à travailler, a refait trois fois le test, pour passer de 68 % de réussite à 90 %. N. et I., qui au début l'année ne rendaient qu'un devoir sur deux, ont eux aussi refait trois fois le test pour arriver, en conjuguant leurs efforts, à 100 % de bonnes réponses. Leur fierté faisait plaisir à voir. Les questions, pourtant, n'avaient pas été revues au rabais. Sauriez-vous, d'ailleurs, faire aussi bien qu'eux ?

1. Mettrez-vous er/é/e/és/ées/ez aux verbes entre parenthèses ? Vous allez vous (entraîner) sur les questions que j'ai (imaginer). Vous aurez ainsi (réviser) vos leçons de grammaire.

2. Faites l'accord du participe passé : Les fleurs que j'ai (cueillir) ce matin sont déjà fanées.

3. Combien de subordonnées contient la phrase suivante ? « Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes. »

4. Quel type de subordonnée y a-t-il dans cette phrase ? « Je ne veux pas, malgré ton accord, que tu partes sans moi. »

5. Nous ne pouvons pas (leur/leurs) donner de renseignements, nous n'avons aucune information.

6. Quelle est la fonction du mot « marquis » dans la phrase suivante ? « Pendant qu’on retirait le pauvre marquis de la rivière, le Chat s’approcha du carrosse et dit au roi que, dans le temps que son maître se baignait, il était venu des voleurs qui avaient emporté ses habits. »

Il aura fallu beaucoup de persévérance, et un subtil mélange de punitions et d'encouragements, pour obtenir ce résultat qui reste fragile. Notre mission est de redonner confiance à ces adolescents, confiance en eux, confiance en nous et en l'utilité du savoir. Le père de I. est en prison pour un an, le père de N. a disparu de la circulation depuis plusieurs années, le père de E. a été remplacé par un beau-père qui ne s'intéresse guère à lui. L'école a un rôle à jouer avec eux, parce qu'elle est un lieu où les affects ne prédominent pas. Enfin, en théorie… Comme un coach, l'enseignant est à la bonne distance : il s'intéresse à l'élève sans être impliqué émotionnellement. Les adolescents sont le plus souvent submergés par leurs émotions et perçoivent le réel à travers elles. L'enseignant est vis-à-vis d'eux dans une relation de Philia, cette attention intellectuelle bienveillante qui lie depuis l'Antiquité le maître à ses disciples. On ne parle plus malheureusement de disciples à l'école. C'est bien dommage. Le mot disciple nous rappelait que, loin des cours d'empathie et de vivre ensemble, l'école doit être un lieu où l'élève apprend que sa tête doit commander à son cœur et à son corps. Le philosophe Alain considérait ainsi qu'un des objectifs premiers de l'école était le développement de la volonté. Je suis heureuse que mes élèves se soient battus pour obtenir des résultats dont ils pouvaient être fiers.

Réponses aux questions !

1. entraîner - imaginées - révisé

2. cueillies

3. la phrase compte 4 subordonnées.

4. c'est une subordonnée conjonctive complétive.

5. leur (devant un verbe, leur ne prend jamais de S, car c'est alors un pronom, et c'est déjà le pluriel de lui).

6. « marquis » est COD (complément d'objet direct) de retirer. C'est l'objet sur lequel porte l'action du verbe. Le savoir permet de bien comprendre, voire de visualiser l'action énoncée.

Virginie Fontcalel
Virginie Fontcalel
Professeur de Lettres

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Rien à voir avec le sujet. Mais concernant le drame de Meaux il y a deux scandales. Le premier c’est qu’il est qualifié de féminicide par une partie de la presse, reléguant le quadruple infanticide au second plan. Le second c’est que le nom du père de famille n’est pas divulgué. Je viens d’en connaître la raison : il s’appelle Noé Bafania Efete, il est né à Colombes le 30 avril 1990 de parents haïtiens. La photo de Xavier Dupont de Ligonnès était plus vite sortie dans la presse alors qu’on se doit de les détester tous les deux de la même façon.

  2. ma foi, si la  » lumière de noël » à pu redonner l’envie à des esprits assoupis alors tout n’est peut être pas perdu !

  3. Merci pour ce conte de Noël qui nous montre que « la loose » n’est pas irrémédiable ,que le dépassement de soi produit la fierté et qu’il y a beaucoup de bonheur à donner .

  4. Merci pour ce cadeau partagé, Virginie FONTCALEL! Cet heureux témoignage de satisfaction tranche avec les constats d’échecs dont vous nous faites part habituellement. C’est Noël, quoi!

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