"Une humiliation pour la République."

Quand un tel constat est fait, on espère toujours qu’il concernera autre chose que l’état des prisons. À chaque fois, c’est la même déception.

Comme si la seule et la plus scandaleuse humiliation, pour la République, ne pouvait surgir que des conditions de l’enfermement de ceux qui le subissent et du taux de suicide.

Au risque d’énoncer des banalités humanistes – mais, bizarrement, on les néglige quand la compassion médiatique se penche sur l’univers pénitentiaire -, la prison dépasse très largement ces préoccupations unilatérales et devrait surtout inciter à se soucier du sort des gardiens et des surveillants qui, dans certains établissements, sont soumis à la loi et à la violence des condamnés.

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À songer à la multitude des victimes et des familles meurtries que les transgressions délictuelles et criminelles ont créée et donc, en permanence, à ne pas se tromper d’émotions.

À exiger, pour remédier à une surpopulation qui, à tout prendre, est davantage une plaie pour la sauvegarde de la société que pour chacun des prévenus, la construction rapide de nouvelles places d’enfermement. Car le défi n’est pas de supprimer la prison mais d’accroître son espace et ses moyens pour qu’elle réponde mieux aux besoins impérieux de la lutte contre les délits graves et les crimes.

À relativiser l’argumentation doloriste sur les suicides en prison. Toute mort est tragique mais il y a mille paramètres à la fois individuels et sociaux qui peuvent expliquer cette volonté de s’effacer sans qu’on soit obligé, en plus, de pointer la responsabilité du monde carcéral. Alors que ce dernier protège plus qu’il ne détruit.

Il me semble que la moindre des choses serait, si on tient absolument à dénoncer "une humiliation pour la République", de considérer au moins qu’elle est multiple et qu’un honnête arbitrage la placerait plutôt du côté des malfaisances qui, au quotidien, offensent les citoyens que de l’apitoiement systématique sur ceux que la Justice a dû enfermer.

Mon mouvement d’humeur provient d’une lassitude face à la constante partialité qui choisit des causes identiques : celles qui ont porté atteinte à l’ordre, aux personnes et aux biens, à la tranquillité publique.
Quant aux autres, pour ne prendre l’exemple que de la police, on sait la manière dont elle est perçue à cause de médias orientés.

Cette vision un tantinet exaspérée me rend infiniment sensible à des avancées peut-être modestes mais offrant l’avantage, pour une aigreur contemporaine trop souvent justifiée, de féliciter en ne désespérant pas totalement.

Ainsi, depuis le 1er juin, une centaine de gardiens d’HLM assermentés peuvent dresser des procès-verbaux pour lutter contre les incivilités avec, judiciairement, des amendes de troisième classe.

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Ce dispositif inspiré d’autres pratiques qui ont fait leurs preuves avec une diminution drastique des troubles et malfaisances de voisinage emportera, à l’évidence, des effets bénéfiques.

Peu importe qu’il y ait un recul de l’autorité officielle au bénéfice d’agents sur le terrain. Ce qui compte est de rendre l’existence de chacun, seul ou en collectivité, la plus vivable possible.

Avec un peu moins d’humiliation pour la République.

Rien n’est donc fatal ni irréversible.

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11 août 2018 à 11:24

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