Il y a un an, quasiment jour pour jour, les dernières sœurs de l’Annonciade quittaient leur couvent de Villeneuve-sur-Lot, l’un des quatre couvents, en France, à vivre de la spiritualité de sainte Jeanne de France, fille de Louis XI.

La nouvelle de leur départ, au printemps précédent, avait constitué un choc : elles étaient là depuis des siècles, malgré les aléas des persécutions révolutionnaires. Et leur clocher faisait partie du paysage villeneuvois, pour ceux qui croient au Ciel comme pour les autres. La nouvelle s’était répandue au moment de l’incendie de Notre-Dame et une exposition du Mai de la photo leur avait rendu hommage dans la ville.

Très vite, à l’angoisse née de ce nouveau signe d’effacement de la présence catholique en France s’ajouta l’inquiétude très concrète sur l’avenir des bâtiments, de la chapelle. Ce vaste ensemble, agrémenté d’un beau terrain, en plein centre-ville, au bord du Lot, n’allait-il pas attirer des projets pas très… catholiques ? Ou alors, dans une petite sous-préfecture de la France périphérique aux multiples difficultés, n’était-il pas promis à un long abandon et un délabrement assuré ? Surtout si l’on se rappelle que Villeneuve-sur-Lot détient un triste record : la commune s’est, en quarante ans, séparée de trois de ses églises. Elle en a vendu une, heureusement sauvée par des particuliers qui lui ont gardé son âme, et en a tout de même détruit deux, la dernière il y a cinq ans seulement…

Mais qui traverse Villeneuve-sur-Lot, ces derniers mois, ne peut pas ne pas remarquer l’ébullition qui règne dans le monastère : un immense chantier de réhabilitation et de transformation ! Le vieux monastère va devenir une toute nouvelle école, baptisée... Sainte-Jeanne-de-France ! Nouvelle ? Pas tout à fait, car elle accueillera une école existante, Sainte-Jeanne-d’Arc. L’inauguration est prévue le 30 octobre et l’ouverture à la rentrée de Toussaint. Surtout, tout a été fait pour que l’âme du monastère soit préservée : maintien de la grande croix du calvaire au centre du cloître autour duquel s’organiseront les classes et, bien sûr, mise en valeur de la chapelle. Impossible d’habiter ces lieux, d’y enseigner, d’y travailler, d’y être élève sans être interpellé.

L’histoire de ce sauvetage et de cette renaissance est belle et aurait plu à Hugo comme à Dumas. Mais ici, nul monsieur Madeleine ou comte de Monte-Cristo, nul trésor caché. Il a fallu trouver les fonds, l’énergie, les partenaires. Il a fallu convaincre, agir, oser. Certes, l’Esprit a soufflé pour faire du nouveau avec de l’ancien. Et les sœurs, la direction et l’OGEC* de l’Institution Sainte Catherine et le diocèse l’ont suivi.

Le 30 octobre prochain, les sœurs de l’Annonciade assisteront, avec l’émotion que l’on imagine, à l’inauguration.

Dans ce département et cette ville parmi les plus déchristianisés de France, l’événement mérite d’être souligné. Cette transformation exemplaire est un vrai signe d’espérance et devrait inspirer partout la même vigilance et le même engagement. Par les temps qui courent, ils ne sont pas si nombreux.

* Organisme de gestion de l'enseignement catholique

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24 octobre 2020 à 9:45

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