Un amendement sur le « français correct » rejeté à l’Assemblée nationale
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« Quand le singe veut monter au cocotier, il faut qu’il ait les fesses propres », nous dit ce proverbe africain. La députée LR du Calvados vient d’en faire l’humiliante expérience. Proposant un amendement visant à inscrire dans la loi la nécessité d'un « français correct » pour pouvoir saisir le Conseil économique, social et environnemental (CESE), Nathalie Porte a eu le malheur de faire une erreur de conjugaison dans son énonciation, devenant malgré elle « l’arroseur arrosé ».
Une occasion qu’Éric Dupont-Moretti n’a pas manquée pour retoquer l’élue : « Je voudrais également vous dire que vous avez présenté votre amendement et que vous avez dit : “Il devra-t-être.” Il y avait un “t” de trop, et pourtant, votre amendement, nous l'examinons. Avis défavorable. »
Cette proposition avait peu de chance d’être adoptée puisqu’elle offusquait la majorité En Marche ! Erwan Balanant, le rapporteur LREM du projet de loi, l’avait qualifiée de « discriminatoire ». Quant au garde des Sceaux, jouant sur la corde sensible, il avait cité le cas de sa mère (femme de ménage d’origine italienne qui a fui la misère de son pays) : « Pardonnez-moi, Madame la députée, je suis très choqué par cet amendement. Je voudrais vous dire, mais je ne vais pas m'étendre là-dessus, que quelqu'un qui m'est très proche, et qui a la même nationalité que la nôtre, est allé un an à l'école et qu'elle n'écrit pas le français comme vous. »
Dans cette arène politique, la question demeure. Si la réaction de ce brillant orateur ne pouvait être autre, le sujet ne mérite-t-il pourtant pas d’être étudié paisiblement ? En France, on compte 7 % de la population, âgée de 18 à 65 ans, en situation d’illettrisme, soit 2.500.000 personnes en métropole, qui ont été scolarisées mais ne maîtrisent pas ou plus la lecture, l’écriture, le calcul ou le repérage dans le temps et dans l’espace. Par ailleurs, des études scientifiques ont établi une corrélation entre l’usage toujours accru des écrans et la baisse du niveau scolaire. Enfin, quid du décrochage des élèves lié au confinement et au niveau qu’il faut rattraper ?
Plutôt, donc, que de s’abaisser au caniveau des petites phrases personnelles dans un débat qui ne décolle pas, il eût mieux valu penser au bien commun et imaginer que oui, maîtriser « un français correct » devrait être inscrit comme une priorité. Point de discrimination à l'égard des personnes d'origine étrangères mais, à l’inverse, un nécessaire souci d’assimilation…
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Éric Dupond-Moretti
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