L’alliance de Trump avec les néoconservateurs (sorte de « néo-trotskistes » qui, depuis une cinquantaine d’années, contrôlent les strates politiques, médiatiques, technologiques, et bureaucratiques du « Deep State », cerveau de l’Empire américain) aura donc payé. La dernière audition par la Chambre des représentants du procureur Mueller a allumé un pétard mouillé.

La puissante machine de démolition lancée contre lui dès 2016 par ces mêmes néoconservateurs a progressivement conduit Trump – semble-t-il contre son gré – à rentrer dans le rang en politique internationale. Bill Clinton avait dû « faire » la Serbie, George W. Bush l’Irak, Barack Obama la Libye. Donald Trump, encerclé de faucons, a laissé ces derniers planter un vaste champ de bombes à retardement au Venezuela, en Iran, dans la mer Baltique.

Les néoconservateurs le soutiennent donc, comme la corde soutient le pendu, feignant allégeance à ses slogans « Make America Great Again » et « America First ». Car pour eux, les autres puissances sont autant de tumeurs qu’il faut affamer avant qu’elles ne métastasent et renversent le nouvel ordre des siècles. D’où la guerre du XXIe siècle pour le contrôle mondial de l’énergie et celui des hautes (cyber)technologies.

Dans ce contexte, Russes, Indiens et Chinois s’organisent déjà pour construire un caisson étanche commun (financier, monétaire, juridique, énergétique, technologique) afin de se prémunir contre toute attaque « extraterritoriale » de la part de l’Empire. Cependant que l’Europe (dont le revenu est équivalent à celui des États-Unis) se soumet comme une république bananière, cédant ses joyaux industriels, payant des amendes outrancières au Trésor américain selon le bon plaisir de ses priorités géostratégiques. Bref, au lieu d’agir comme le moteur de l’Eurasie, elle lie son sort à celui de la future Atlantide.

La France menace les GAFA en imposant une taxe sur leurs revenus, au lieu de cibler leurs agissements orwelliens. Et Big Brother de riposter via Trump, qui suggère une taxation des vins français, inférieurs, dit-il, aux vins californiens. Et pour cause : les élections présidentielles et législatives ne sont pas loin, et le vote californien importe énormément, en particulier s’il faut protéger ceux des parlementaires républicains qui subsistent encore dans cet État emblème du mondialisme.

Reste que Trump a le vent en poupe : l’audition Mueller a rappelé aux Américains que Mueller, ce respectable républicain et « héros du Vietnam », avait loué son vénérable nom, sa crédibilité, à un commando de juristes, anciens clintoniens principalement, eux-mêmes assistés des anciens des services de renseignement américains et anglo-saxons. Et cela a renforcé la légitimité des nouvelles enquêtes lancées par le ministre de la Justice Barr sur les exactions de ceux qui voulaient renverser Trump, donc sur la cause de cette violente campagne de déstabilisation. Les démocrates se fractionnent peu à peu, entre la vieille garde néoconservatrice qui ne veut plus vraiment déposer le président et les jeunes révolutionnaires obsédés par la punition du « privilège blanc » comme de l’État d’Israël. Reste que la brutalité verbale de Trump a le mérite de la franchise. Les États-Unis n’ont pas d’amis mais des « alliés », c’est-à-dire des vassaux. Pendant la guerre froide, les Européens auraient pourtant pu croire qu’alliance et amitié étaient synonymes. Alors, l’Europe sera-t-elle capable de se construire son propre caisson étanche ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:51.

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28 juillet 2019 à 8:53

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