Macron aurait-il enfin compris la colère des gilets jaunes ?

gouvernement-macron-sur-le-depart-lors-du-prochain-remaniement-youtube-thumbnail-e1459093884733

Le Président prend quelques jours de repos au fort de Brégançon et répond aux médias à Bormes-les-Mimosas. Il semble en pleine forme.

Il tient, notamment, des propos sur les gilets jaunes qui, pour la première fois, révèlent de la compréhension, de l'empathie, la conscience lucide des limites de ce qui leur a été concédé, la conviction qu'il reste encore beaucoup à faire mais que cela prendra du temps, l'aveu qu'il y a des inégalités sociales et de l'injustice et que modestie et détermination sont nécessaires. Il va jusqu'à énoncer que « la colère qui a créé les gilets jaunes n'est pas derrière nous » et qu'elle ne s'apaisera pas de sitôt.

Banalités, pourra-t-on penser. Poudre aux yeux, manipulation pour d'autres. Propos estivaux sans conséquence.

En tout cas, à ma connaissance, c'est la première fois qu'il s'engage ainsi et donne rétrospectivement du lustre à une interminable lutte qu'il n'a jamais donné l'impression d'appréhender comme elle l'aurait mérité.

Et si, tout simplement, le Président avait du retard et ne parvenait à avoir le ton juste et mesuré, sans la moindre arrogance, que longtemps après, au moment où il ne subit plus la moindre pression, où il n'est menacé par personne, dans une conjoncture où les affaires Benalla et Rugy semblent derrière lui, où son candidat Benjamin Griveaux a été choisi comme candidat de LREM pour Paris, où en quelque sorte il a l'esprit libre pour enfin déclarer ce qu'il aurait dû dire depuis des semaines ?

On va sans doute me rétorquer que je me fais des illusions, qu'il n'y a rien de nouveau.

Si, en effet, il ne s'agissait que d'une tactique, elle ne serait guère lisible, une communication, guère cohérente, et s'il est sincère, il risque de n'avoir plus le moindre impact sur les principaux intéressés.

Il ne sera pas moins détesté par ses adversaires irréductibles mais, selon l'adage qui donne toujours matière à se réjouir, mieux vaut tard que jamais.

Bonnes vacances, puisque apparemment elles ont d'heureux effets.

Philippe Bilger
Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois